Les Irréguliers - Tome 1

Samuel : Partie 1

Dire que ma question était ironique. Un directeur d'école de magie sans magie, c'est plutôt étrange. Selon les rumeurs, Cléa et monsieur Morrow avaient tous les deux, une forme de pouvoir assez rare, mais je ne sais pas laquelle, car Emma n'a pas la même que sa défunte mère. S'il le proviseur n'a plus son don, c'est qu'il a transgressé l'un des règles qui nous unit à la magie. Je suis curieux de savoir laquelle, car il y en a tellement. Celle transgressée doit être plutôt grave. Généralement, on est puni par les cieux temporairement, mais jamais sur le long terme.

Près de la porte d'entrée, je ne peux m'empêcher d'observer Emma, Aireen et monsieur Morrow. J'ai peur pour eux, surtout pour la demoiselle à la chevelure auburn. Je ne sais pas si nous sommes officiellement en couple. On va dire que nous n'avons pas eu le temps d'en discuter depuis notre petit ébat du soir. Mais je la considère comme mienne et j'espère que c'est réciproque. Je ne couche pas avec n'importe qui, je tiens à elle malgré tout.

Tout à l'heure, elle avait l'air étrange. Dans le hall, elle s'est arrêtée pour observer sa main. Je n'ai pas compris quand la fumée blanche est sortie de sa paume, mais quand elle m'a dit que c'était bon, ça m'a rassurée.

Aireen s'est positionnée à la droite du proviseur, regardant devant elle, les poings fermés et enflammés, elle a l'air sur les nerfs et prête à les affronter. Pareil pour Emma, sa main est ouverte, paume dirigée vers les étudiants. Son regard bascule entre Louka et le Directeur. J'ai entièrement confiance en eux et ce n'est pas en restant ici, les bras croisés que je leur serais d'une grande aide.

Étrangement, en refermant la porte, l'extérieur s'agite. Mes oreilles perçoivent des bruits, des fracas, des gloussements, des cris, comme si dehors, une guerre avait lieu. Mon cœur bat à cent à l'heure. Pourquoi est-ce que je ne bouge pas ? Quelque chose au fond de moi me terrifie. Et s'il lui arrivait malheur ? Vont-ils s'en sortir ? En moins de dix secondes, je me suis fait une centaine de scènes. Cent fins, aussi tragiques les unes que les autres.

Au moment où je pose mon pied droit devant moi, la grande porte en bois s'ouvre et j'observe le trio rebrousser chemin et s'enfermer dans le hall. Ils se retournent vers moi, essoufflés.

- Vite ! Partons ! hurle monsieur Morrow.

Sans même réfléchir, ils me suivent jusqu'à l'infirmerie. Je fais attention à bien fermer le battant derrière moi, jusqu'à la bloquer avec une chaise, même si je sais que cela sera complètement inutile vu les pouvoirs que possèdent mes camarades de classe.

Katarina se dirige vers les fenêtres et commence à fermer les rideaux. Évangéline la stoppe dans sa lancée en posant sa main sur son avant-bras.

- Ce ne sont pas des rideaux qui vont les arrêtés...

Elle pivote vers nous, mais plus particulièrement vers le directeur. Son visage est fermé, même si un air pensif traverse son regard.

- Le sortilège d'Amendiane. Ils ont créé cette fameuse boule noire que Cléa redoutait tant.

- Pourquoi ? les interrompt Emma.

Ses yeux s'ancrent dans ceux du proviseur. Attendant une réponse concrète. Il se racle la gorge en observant autour de lui. Il ne fuit pas, mais analyse la situation avant de parler :

- Cette sphère renferme une multitude de dons noirs. Une fois invoquée, elle obéit à son maître et peut distribuée une puissance magique inouïe à celui qui le demande à son maître. Si un élève veut être capable de tuer et si Louka est d'accord, la boule exécutera son souhait.

- Mais ! surenchéri rapidement madame Klein. Louka n'a pas une magie assez construire pour invoquer un tel sortilège.

Je baisse la tête un instant, laissant même échapper un murmure audible :