Samuel - Partie 2

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          Cette lumière aveuglante perdure plusieurs minutes, comme s'il fallait le temps à la magie de réparer les erreurs que Louka avaient faites. Mais est-ce que la formule a fonctionné ? Peut-être que ça n'a pas marché et que l'effet inverse est en train de se produire. En tout cas, le corps qu'il y avait sous mon genou a belle et bien disparu.

Je ferme les yeux un instant, avant de les ouvrir et observer la pièce avec étonnement. Je perçois enfin les silhouettes de mes amis, la lumière s'étant affaiblie.

— Qu'est-ce que ça veut dire ? soufflé-je déconcerté.

Tout est redevenu comme avant. La fenêtre est fermée, Jasper et Nélia se trouvent près de Léon, celui-ci à une chemise boutonnée et sourit, la porte de l'infirmerie n'est même pas endommagée.

Je tourne une nouvelle fois mon regard vers la glace au fond de la pièce. Mes iris ne sont plus noirs, mais verts émeraudes. Signe que mon esprit contrôle mon don. Emma s'approche de moi, posant sa délicate main sur mon épaule, la pressant légèrement. Elle s'inquiète.

— Tu vas bien ?

— Moi ? Toujours ! annoncé-je en riant.

Elle souffle d'un air désespéré avant de m'aider à me lever. Tout le monde est présent, sauf les élèves et Louka. Chose que je trouve très étrange. Monsieur Morrow nous analyse de la tête aux pieds, avant de tourner un regard interrogateur vers sa collègue.

— Sortons, nous ordonne-t-il en passant la porte sans même nous attendre.

Léon est comme neuf. Il prend appuie sur ses genoux, sans même couiner de douleur, alors qu'il y a moins de dix minutes, il souffrait au point de hurler à la mort, de suer et de se recroqueviller sur lui-même. Nélia et Jasper restent près de lui lorsqu'il marche, tandis que qu'Aireen les suit quelques pas derrière avec sa mère. Je me lève en saisissant la main de la demoiselle aux cheveux auburn. Je ne veux pas rester ici une seconde plus. Emma a l'air épuisé, je sens ses doigts trembler et j'espère sincèrement qu'elle n'a pas trop usé de sa magie.

Je ne la lâche pas. C'est le seul moyen que j'ai trouvé pour la rassurer. Nous ne sommes pas ensemble, car je ne lui ai rien demandé d'officiel, mais je n'embrasse pas quelqu'un par hasard, je ne prends pas soin de cette personne pour le plaisir.

Une fois dehors, nous descendons les marches et je remarque qu'Aireen s'approche de Jasper. À l'affut de la moindre pensée, une me parvient et un sourire s'étend sur mon visage. "Est-ce que j'ai le droit de lui demander ?" Quand il a sauté par-dessus la fenêtre par erreur, j'ai ressenti la peur de celle-ci. Elle était effrayée à l'idée de le perdre. C'est une personne chère, mais chère à quel point ? Je ne me suis jamais soucié de la relation qu'ils partageaient, bien trop occupé avec mes propres soucis.

Blanche-Neige et Aireen s'éloigne de nous en compagnie de la jeune femme, avant de disparaître derrière la grande porte de l'école. Pourquoi ne parlent-ils pas devant nous ? Je n'aime pas les secrets, j'ai horreur de ça, et encore plus quand ça concerne des personnes de mon entourage.

Totalement absorbé par leur cachoterie, je ne remarque pas que monsieur Morrow me parle depuis tout à l'heure. C'est seulement quand sa main traverse mon champ de vision, que je fronce les sourcils et me tourne vers lui d'un air interrogateur.

— Vous disiez ? demandé-je pour reprendre le cours de la conversation.

— Je disais, marmonne-t-il avec amertume. Que j'étais rassuré.

— Rassuré de ?

Il passe ses doigts dans chevelure blonde, puis observe le ciel bleu. Je n'avais pas remarqué que le coucher du soleil avec disparu. Je ne comprends toujours par ce qu'il s'est passé. Nous avons remonté le temps pour revenir au point de départ. Je me souviens de ces centaines étudiants qui nous encerclaient en bas de l'escalier, le grimoire de Cléa entre les mains de Louka, et surtout cette sphère noire qu'il y avait au-dessus du lac.

Les Irréguliers - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant