7. Fête

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Le samedi suivant



Mercredi, puis jeudi, ensuite vendredi, et finalement samedi.

Le reste de la semaine s'est déroulée sans trop d'encombres. Je n'ai pas eu à effacer trop d'autres souvenirs dans l'esprit de mon entourage.

Je suis devenu l'ami des amis de ma bien aimée. J'ai réussi à rentrer dans le décor. Lorsque des « problèmes » se sont posés, j'ai utilisé mes pouvoirs. Tout ça, c'était facile. Elle me voit comme un ami pour le moment, mais aujourd'hui, je compte faire changer ça.

Comme prévu, dans une poignée de minutes, je donnerai le coup d'envoi de la soirée en l'honneur d'Alexia (ou de la fin de mon installation selon les versions). Et même si je ne connais mon âme sœur que depuis quelques jours, je compte, ce soir, faire avancer les choses. Je veux pouvoir l'aimer au grand jour. Les gens de nos jours ne se mettent-ils pas en couple à la vitesse de l'éclair ? Déjà dans les collèges, les relations ne sont-elles pas fulgurantes ? La seule différence c'est que celle-ci durera. Une éternité au moins.

Je ne suis pas entré dans le monde futile des adolescent (comment pourriez vous songez à une telle chose ?). Je suis toujours le Roi des Enfers, malheureusement, je ne suis pas devenu un parfait adolescent humain. Cependant, pour la séduire, il faut que je m'adapte à son monde. Donc je fais de mon mieux pour ne pas paraître trop décalé, en restant tout de même assez différent pour avoir une chance de lui plaire.

Je suis prêt. J'ajuste une dernière fois mes manches et descends dans le jardin. Mes plus proches Démons (ceux en qui j'ai suffisamment confiance (ou plutôt ceux qui sont assez intelligents pour comprendre qu'au moindre pas de travers ils souffriront comme personne n'a jamais souffert)) sont sortis des Enfers pour assister à la fête. Sous leur forme humaine évidemment.

En parlant des Enfers ! Mon peuple a essayé de profiter de mon absence pour créer des embrouilles - encore plus que d'habitude je veux dire - et Bélial a bien sûr dû contenir tout ce merdier. Mon régent a su s'y prendre (quelques assassinats, ça calme toujours)...

Enfin bref, il s'en sort. Il sera aussi présent ce soir. Il a hâte de la rencontrer. Mon ami n'arrête pas de me poser des questions sur Alexia... Après tout c'est sa Reine.

Tout est prêt. Mes premiers invités lycéens arrive. Puis, elle.

Elle est vêtue d'une robe asymétrique violette superbe. Une seule bretelle retient le tissu. Un décolleté (que j'aurai su apprécier à sa juste valeur s'il n'y avait pas eu temps de monde) met en valeur sa poitrine avec l'aide d'un bustier serré orné de broderies. Son jupon, peu bouffant, où se superpose plusieurs couches de voiles, semble flotter autour du bas de son corps. Son maquillage met en valeur son visage sans pour autant en faire de trop. Et elle s'est même bouclée quelques mèches qui sortent d'un chignon beaucoup trop sophistiqué pour moi (j'ai 5 centimètres de cheveux alors ne me demandez pas de comprendre l'œuvre d'art qui trône sur sa tête).

Elle est parfaite. (Ok, elle l'était déjà avant.)

- Bonsoir, me dit-elle.

J'espère qu'elle n'attend pas de réponse : je suis bien trop ébloui par... elle. Bon, puisque je veux paraître poli, je lui adresse tout de même un signe de tête et l'invite à entrer. Je lui montre où est le bar, etc. Mais ne la quitte pas du regard un seul instant.

- C'est grand chez toi !

- Assez, oui.

Nous traversons la maison pour rejoindre la plupart des invités sur la pelouse derrière ma demeure. Je cherche Bélial du regard. Mon ami me tuera si je ne lui présente pas ma belle dès son arrivée.

Je le retrouve en grande conversation avec une lycéenne particulièrement sexy.

- Bél !

- Sa... SAMAËL ! se rattrape-t-il. Ta fête est génialissime.

- Oui, oui, merci. Euh... donc Alexia je te présente mon meilleur ami. Bél, je te présente celle qui m'a accueilli et intégré dans mon nouveau lycée.

- C'EST ELLE ! Il m'a beaucoup parlé de toi, tu sais ? Enchanté de pouvoir enfin te rencontrer.

- De même.

Je sens que mon Démon favori grillera des dizaines de fois notre couverture avant la fin de la nuit alors je décide d'aller nous chercher de quoi boire. Je pourrai toujours prétexter qu'il était saoul et qu'il racontait n'importe quoi.

- Je passe au bar et je reviens. Je vous laisse faire connaissance.

- Pas de souci !

Mon ami n'a pas l'intention de laissé un silence gênant et enchaîne de suite. Je suis la conversation de loin afin d'être sûr de ne pas m'emmêler les pinceaux plus tard. Si on ment, il faut au moins que notre mensonge soit cohérent.

Sous sa forme humaine, Bélial est grand, les cheveux courts noirs, les yeux bruns, une forte carrure. Il a des habits chics et une envie de tout faire. Ce n'est pas que les humains le passionne, mais il adore s'amuser.

- Alors, que penses-tu de Sat- maël !... En 5 mots tu le décrirais comment ?

Je me frappe le front. Je sais qu'il ne m'a jamais appelé autrement que Satan - Hadès à la limite mais c'est un nom devenu désuet - mais il pourrait au moins faire un effort.

- Il est... attentionné, drôle, impulsif, sociable et... secret.

Le Démon se retient de rire. Tel était le portrait du Diable selon cette jeune femme. Jamais quelqu'un ne m'avait décrit ainsi. Personne n'avait jamais osé ne serait-ce qu'imaginer que j'étais « attentionné ». Ça me fait du bien de savoir qu'elle pense cela de moi. Apparemment j'ai réussi à lui donner l'image de moi que je voulais.

Je l'aime, et je veux lui montrer la meilleure facette de moi-même. D'habitude, quand Bélial pose cette question les gens répondent : agressif, cruel, terrifiant, dangereux, sadique, autoritaire, assassin, tortionnaire, sauvage, déchu, indigne, égocentrique, terrifiant, infréquentable, imprévisible, colérique et la liste est encore longue. Bref, rien à voir. Elle me voit comme quelqu'un de bien, ça change. Même les Anges me voient comme un monstre.

Je reviens vers eux avec 3 cocktails et me place près de mon invitée d'honneur.

- À ma nouvelle vie, j'annonce.

Un « tchin » retentit et nous buvons.

- Pourquoi as-tu déménagé ? Demande ma future compagne.

- Mes parents sont morts il y 3 ans dans un accident de voiture. Ça m'a anéanti. Alors j'ai tout lâché - y compris le lycée - et je me suis cloîtré dans le manoir familial. Comme j'avais 18 ans et que j'avais hérité de leurs immenses richesses, j'ai pu me permettre cette « absence ». Cette année, je me suis dit qu'il était temps pour moi de poursuivre ma vie. Qu'il était temps de tourner la page. Mais pour y parvenir, j'avais besoin d'un nouveau départ. Je me suis dit qu'un déménagement serait un bon moyen.

Le mensonge tout prêt, tout frais. Je mets assez d'émotion dans ma voix pour que ça soit réaliste. Je n'aime pas mentir à mon âme sœur mais, au vu de mon identité, je n'ai pas le choix. Et puis, oui, je l'avoue, si j'ai fait mon histoire si tragique, c'est pour la toucher. On est plus compatissant avec ceux qui ont une vie de merde, non ? Et la vie de merde, je l'aie. Bon, pas exactement la même vie de merde que ce que j'ai raconté : réellement, elle est plus pourrie encore.

- Toutes mes condoléances.

J'acquiesce, l'air affecté.

- Je suis désolée de m'être montrée aussi indiscrète, s'excuse-t-elle en baissant la tête.

- Ce n'est rien.

Je prends sa main.

- Je sais que tu ne pensais pas mal.

Bélial s'éclipse discrètement pour nous laisser seul (merci) et j'entraîne mon « amie » (même si je ne l'ai jamais vue comme ça) un peu plus loin. Je l'emmène près d'une rivière, dans mon coin préféré de ma propriété. Le décor est digne d'un conte ici, mais pour moi en cet instant, il n'y a qu'elle qui compte.

- Pourquoi m'emmènes-tu ici ?

- Pour qu'on soit seuls. Il faut que je te parle.

- D'accord, je t'écoute.

Je veux lui avouer que je l'aime. Je veux lui demander d'être ma « petite amie » (je préfèrerais ma femme mais, apparemment, il est préférable que j'attende pour ça). Je sais que les âmes sœurs sont faites pour être ensemble, mais j'ai encore peur qu'elle refuse. Une légère (notez l'ironie) appréhension me pèse sur le cœur. J'inspire un grand coup, je suis le Diable : j'ai vécu pire.

- Je...

Aucun autre mot n'a le temps de sortir de ma bouche : un lycéen inconnu se précipite vers nous et attrape MA Reine par la taille.

- Evan ?! Qu'est-ce que tu fais là ? dit Alexia.

Une âme pure pour le DiableOù les histoires vivent. Découvrez maintenant