- Ce n'est pas parce que je ne peux pas aller en cours que je ne peux pas m'amuser, lui chuchote-t-il au creux de l'oreille.
Des « amis » m'ont dit qu'Evan ferait un bon invité. C'est un lycéen absent depuis quelques temps déjà pour une fracture de la cheville. Il doit retourner au lycée dans une ou deux semaines. Je n'ai pas eu l'occasion de le rencontrer mais on m'avait dit qu'Alexia l'appréciait donc je l'ai invité (puisque la liste des personnes présentent est basée sur ses affinités à elle).
Par contre on ne m'avait pas prévenu qu'il la... drague ! Je fulmine. Rien qu'à voir leur position, je suis hors de moi. Elle, quasiment suspendue à lui, tant il la tient. Leurs visages si proches.
Ce n'est pas du tout le moment pour ces conneries ! Où est mon Exécuteur ? Il a une nouvelle cible. Enfin, je ne peux pas réellement faire ça : ma douce m'en voudrait trop. N'empêche que ça me démange de faire assassiner cette ordure.
Je m'éloigne vivement. Il me faut un verre... une bouteille plutôt. De toute façon, ce n'est pas comme si je pouvais être saoul. Je ne peux pas regarder ce spectacle plus longtemps ou une nouvelle crise risquerait de se déclencher. Mes mains chauffent déjà, par pitié qu'elles ne s'enflamment pas !
Je sens son regard surpris dans mon dos mais je n'ai pas le courage de me retourner. Une des amies d'Alexia me stoppe.
Je n'ai pas la patience de lui parler. Je m'efforce pourtant de faire bonne figure.
- T'as bien fait d'inviter Evan. Ça fait longtemps qu'Alexia ne l'avait pas vu et ils étaient quasiment en couple avant sa blessure. Peut-être qu'ils se mettront enfin ensemble ce soir !
PARDON ?! Je m'éloigne sans une explication.
Pourquoi, pourquoi, pourquoi, tout était obligé de partir en cacahuètes ?
Je ne saurai vous décrire mon état... Je tremble littéralement de rage.
Je retourne vers la forêt avec une bouteille de whisky et fracasse quelques arbres sur mon chemin. Ils étaient quasiment en couple ?! J'hallucine ! C'est MON âme sœur ! MA FEMME ! MA REINE !
Je retourne plus près de la fête : manquerait plus qu'ils couchent ensemble dans ma propre baraque. Hors de question que je lui laisse cette occasion. Je surveille mes invités. D'un coup, je les vois ressortir de la clairière, Evan a l'air furieux. Elle le laisse partir avec une mine peinée. Mais qu'est-ce qu'il s'est passé bon sang ?! Quel imbécile je suis j'aurai dû suivre leur conversation !
Alexia se dirige vers sa meilleure amie. Je me concentre sur elles pour épier leur conversation grâce à mes pouvoirs.
- Alors ?
- Je lui ai dit la vérité.
- Comment a-t-il réagi ?
- Mal.
- Tu n'as pas à t'en vouloir : vous n'étiez PAS ensemble. Tu ne lui devais rien. Si tu n'es plus intéressée, ce n'est pas grave.
- Je lui ai fait mal.
- Écoute : tu ne peux pas te forcer à être avec quelqu'un pour lui faire plaisir, c'est malsain.
Ma réaction est immédiate. Je me redresse très brusquement, l'espoir renaissant.
Tiens, tiens, mon Ange lui aurait mis un râteau ? Voilà qui soigne les blessures de mon cœur. Je la vois hocher la tête puis s'écarter. Elle se met à marcher... dans ma direction ?! Arrivée à ma hauteur elle s'assied à côté de moi.
- Pourquoi es-tu parti si vite avant ? C'est à cause d'Evan ? On n'a pas parlé longtemps, tu sais : tu n'avais pas besoin de t'en aller. Enfin bref, c'est réglé, je t'écoute : qu'est-ce que tu voulais me dire ?
Je plonge mes yeux dans les siens. Et ce regard veut tout dire. Je prends son visage en coupe dans mes mains et l'embrasse.
Je n'ai plus envie de broder, je n'ai plus envie d'y aller dans la peur, je n'ai plus envie de réciter de long discours. Tout se joue maintenant, ça passe ou ça casse. Je guette chacun de ses mouvements, à l'affut d'un moindre signe de rejet. Mais elle ne me repousse pas, au contraire : elle me rend mon baiser.
Je laisse danser nos lèvres avec une douceur incomparable. Je ne me souviens pas d'avoir été si heureux. Nos lèvres les unes collées aux autres, nos souffles se mélangeant, nos visages si proches... Je l'aime. Je donnerai tout pour elle, j'en suis certain.
Je rétablis l'espace entre nous pour lui permettre de me répondre de vive voix. Je vois Bélial m'adressant des clins d'œil. D'autres Démons nous regarde avec un sourire en coin.
- Je voulais te demander si tu accepterais de devenir ma petite amie, je lui murmure à l'oreille.
- Hmm... Je crois que je veux te répondre oui.
Gagné. À moi le bonheur !
Savoir qu'elle veut de moi, qu'elle m'accepte (ok, elle ne sait pas vraiment qui je suis mais vous n'allez pas chipoter), c'est tout ce qu'il pouvait m'arriver de meilleur. Par-dessus tout : aucun Ange des Cieux ne pourra remettre en cause notre amour. Nous sommes des âmes sœurs, faites pour se trouver et jamais se quitter.
Maintenant notre belle relation officialisée, aucun Evan de la Terre ne pourra se dresser en travers de ma route ! Je fonds à nouveau sur sa bouche et l'embrasse encore. Je vis pour cette sensation.
Le lundi suivant
J'ai pratiquement passé toute la journée du dimanche à ranger mon jardin suite à la fête, téléphoner à Alexia et revoir quelques dossiers des Enfers.
Aujourd'hui, je retourne en cours. À peine arrivé, je retrouve l'âme éclatante de mon amour. Je m'approche silencieusement par derrière et l'enserre de mes bras.
- Samaël ! s'écrit-elle en me reconnaissant.
- Qui d'autre ? Si la réponse est une personne et que tu tiens à sa survie : ne réponds pas.
Elle rit. Douce mélodie qui me berce.
Elle se retourne et je l'embrasse. Je remarque que ses cheveux sont rassemblés en une natte (ça lui va d'ailleurs très bien. Tout compte fait : tout lui va bien).
- On change de coiffure ?
- Question pratique : il y a sport cet après-midi. Le prof était absent la semaine dernière, ça va être ton premier cours avec lui !
- Shet ! Mes affaires de sport ! Je reviens ! Je vais les chercher.
- Tu n'arriveras jamais à faire l'aller-retour chez toi avant le début des cours !
Euh... j'avais en tête de me téléporter mais ça grillerait ma couverture. Que dire ?
- Je les ai juste oublier dans ma voiture. L'aller-retour au parking ne devrait pas me prendre trop de temps.
- D'accord. Mais fait vite.
Je repars à ma voiture. Dans l'habitacle, je me téléporte chez moi, fais vite un sac de sport, retourne dans ma voiture par mes pouvoirs de déplacement fantastiques et cours jusqu'auprès de ma belle. Catastrophe évitée. J'ai bien failli me téléporter devant elle. Et là, ça aurait été la misère.
- Pas que tu me déranges, mon cœur, mais tu n'es pas censée avoir libre le lundi en première heure ? je demande.
- Je viens donner des cours de soutien à des secondes. C'est une prof de français qui m'a proposé de faire ça, vendredi dernier.
Qu'est-ce que je vous disais ? Une Ange cette fille. Elle devrait être ajoutée à la liste des gens à canoniser.
- Tu es la gentillesse incarnée, je dis en l'embrassant sur le front.
- Et toi ? Pas que tu me déranges, mon cœur, mais tu n'es pas censé avoir libre le lundi en première heure ?
Elle a repris mes mots et je ne peux m'empêcher de sourire de plus belle.
- J'ai rendez-vous avec le directeur.
- Ah.
Je ne lui laisse pas le temps d'en dire davantage : je l'embrasse une nouvelle fois. Je suis devenu complètement accro à ses lèvres.
Ses amies nous regarde, heureuse pour ma femme.
Le dénommé Evan apparait soudain dans mon champ de vision quand je glisse ma langue entre les dents adverses.
Attendez... Evan ?! Mais qu'est-ce qu'il vient foutre ici ? Il n'était pas censé revenir avant... longtemps.
- Alors tu m'as vraiment abandonné pour ce connard ?! T'es qu'une salope ! Tu ne sais pas ce que tu as perdu ! J'aurai pu tout te donner ! On était si bien, pourquoi as-tu refusé de tout officialiser pour un gars louche sorti de nulle part ? Nous deux, ça aurait marché... Tu devrais avoir honte ! Pendue comme ça à son cou : je suis sûr qu'il te jettera dans quelques jours. Et à ce moment-là, tu te rendras compte de ton erreur. Tu pourras toujours pleuré de tes deux yeux émeraude, tu ne me récupèreras plus. Quand il aura eu de toi ce qu'il voulait, quand il t'aura correctement baiser puis jeter, tu seras rampante devant moi ! Mais rêve toujours pour que je te reprenne apr...
Il est parterre, le nez en sang.
Oups, ça c'était moi.
Ça fait tellement de bien !
Alexia est contre moi, effrayée par le coup quasiment invisible qu'a pris mon rival et profondément blessée par les paroles de cet imbécile. Si vous étiez des Démons, j'utiliserai tout un tas d'insultes provenant des Enfers, pour qualifier cet individu. Ça n'a pas grand intérêt de vous les énumérer puisque vous ne parlez pas cette langue, mais sachez qu'une liste de mots pas très polis se dresse dans ma tête en langue infernale.
Je décroche délicatement Alexia de mon torse et la confie à ses amies. Pardonne-moi mon Ange pour ce qui va suivre mais je ne peux pas laisser cet homme impuni...
Il essaie de se relever mais il est handicapé par sa cheville, je lui donne un bon coup de pied qui l'envoie rouler plus loin. Je m'approche à nouveau de lui et m'acharne sur sa misérable carcasse matérielle. Ma rage m'aveugle et m'empêche de retenir mes coups. J'entends ses côtes craquer. Je stabilise ma force afin de ne pas dépasser les normes humaines mais qu'est-ce que c'est compliqué ! C'est si faible un humain ! Je pourrai lui faire tellement, tellement plus mal.
Je le prends finalement par la gorge et le soulève à plusieurs dizaines de centimètres du sol.
- Evan...
Je claque ma langue contre mon palais. Il est effrayé par cette lueur de folie dans mon regard. Et il a raison d'avoir peur. Il crache un peu de sang.
- Dois-je vraiment t'énumérer sur combien de points tu avais tort ? Je suppose qu'il est important de souligner que je ne quitterai jamais Alexia : ce sera à elle de me jeter et, franchement, plutôt mourir. Mais passons, tu ne peux de toute manière pas comprendre ce qu'est l'amour. Tu as le droit de m'insulter autant que tu veux, je le mérite sûrement, mais jamais, jamais, tu ne dois prononcer d'insultes à l'encontre d'Alexia. Sous peine de puissantes représailles. Jamais, jamais, quiconque n'aura le droit de s'en prendre à ma femme ! Compris ?
Je ne suis pas calme. Ma voix est à peine maitrisée et tous mes efforts consistent à empêcher mes flammes de brûler celui que je tiens.
Il est terrifié. Il n'arrive pas à se défaire de ma poigne et commence à suffoquer. Je le regarde s'agiter en souriant. Misérable insecte, tu t'en es pris à la mauvaise âme. Je me retourne vers ma bien-aimée.
- Tu n'as qu'un mot à dire et je le tue. Je lui brise la nuque sur le champ.
- Samaël... je t'en prie... lâche-le, supplie mon Ange.
J'obéis. Il n'y a qu'elle pour me faire obéir.
Je le lâche et il s'effondre parterre en toussant. (Je dois avouer que sa petite chute était hilarante mais je me retiens de rire.) Ma folie se lit encore clairement dans mes iris. La crise n'est pas loin. Encore quelques secondes et elle m'emportera.
C'est là que la réalité me frappe de plein fouet : elle a peur de moi.
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Une âme pure pour le Diable
ParanormalLe Diable ne comprend décidément rien aux humains. Chaque jour, arrive dans son royaume des âmes damnés provenant du monde entier. Pourtant, ils ont tous été prévenus : les méchants vont aux enfers. Pourquoi se condamner à une éternité de souffrance...