15. Histoire

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Les mondes attendront. Que tout se mette sur pause ! Car aujourd'hui, sous vos yeux, je vais, pour la première fois, raconter mon histoire. Vous serez les premiers à connaître la vérité, à savoir ce qu'il s'est vraiment passé...

J'ai emmené Alexia dans un jardin intérieur du palais. Nous sommes assis sur un banc et elle attend patiemment que je déballe tout. 

Évidemment, certains Anges, présents au moment des faits, ont connaissance de ce qu'il va suivre mais jamais ils n'ont eu mon point de vue. J'ai tout retenu si longtemps, cela relève du miracle ! Je démonte ces barrières qui ont si longtemps fait leur office dans mon esprit et tout mes souvenirs se déversent dans mes pensées.

Je fronce les sourcils : c'est douloureux. Je me souviens... À vrai dire je n'ai jamais oublié - c'est impossible d'oublier - j'ai seulement refoulé.

J'inspire un bon coup, ok, c'est parti pour le drame de ma vie angélique :

- Au début des temps, douze Ange sont nés. 

Voilà, j'ai commencé, je ne peux plus m'arrêter maintenant.

- Je faisais partie de cette première génération caractérisée par ses pouvoirs exceptionnels. Nous étions tous plus puissants que les Anges qui suivirent, mais, surtout, nous avions tous une « spécialité ». Gabriel, par exemple, est maître dans l'art de la protection. 

Je pourrais parler encore des heures de mes autres frères et soeurs, mais on est là pour moi alors...  

- Mon truc à moi, c'était la destruction. À l'époque, je matérialisais des flammes blanches plutôt que noirs, mais le résultat était le même : l'annihilation de leur cible. 

Mon pouvoir de destruction... C'est à cause de lui que j'en suis là.

- Ce pouvoir était bien plus dangereux que celui des autres et il a bien vite eu raison de moi... J'ai eu une enfance heureuse aux Cieux, je ne peux le nier, mais je me suis toujours senti différent des autres, un peu décalé. 

Oui : en décalage.

- Mon pouvoir n'est pas mauvais à proprement parler. C'est moi, et uniquement moi, qui ordonne aux flammes. Elle ne font pas le Mal d'elles-mêmes. Sauf que quand on « détruit », on fait rarement le Bien... Les flammes de la destruction étaient toujours si proches, comment ne pas céder ? J'avais comme tous les Anges, besoin d'utiliser mon pouvoir. Mais je n'en avais pas le droit. Il ne fallait pas : c'était trop dangereux.

Psychologiquement c'est très dur de brider son pouvoir.

- Peu à peu, le Mal a pris place en moi. Mon pouvoir était bien trop sombre pour mon statut d'Ange et mon âme en a payé le prix fort. Au fil du temps, j'ai changé. Je n'ai pas eu la force nécessaire pour repousser le Mal, je l'ai laissé m'envahir. Mon pouvoir me rendait particulièrement réceptif à l'obscurité et ce qui devait arriver arriva.

J'étais juste un Ange. Mais le penchant pour la destruction qu'éveillait mon pouvoir en moi m'avait déjà tant fragilisé que lorsque le Mal est apparu, lorsqu'il a commencé à se répandre sur mon âme, je n'ai pu l'arrêter.

- Un jour, j'ai fini par attaquer mes propres frères et sœurs. C'est là qu'ils m'ont banni. J'étais en pleine crise, ne supportant plus de tout garder en moi. Je détruisais la cité céleste lorsqu'ils se sont rassemblés dans le Temple. Là, ils ont effectué le rituel destiné à les protéger définitivement de moi. 

Je ne peux leur en vouloir : c'était pour leur sécurité, pour la sécurité de tout les Cieux mêmes.

- Ils sont ressorti tremblants du Temple : j'étais toujours leur petit frère. Ils ne faisaient pas cela par gaieté de cœur, je ne leur avais pas laissé le choix. Ils ont récité les dernières paroles du rituel face à moi. 

Une âme pure pour le DiableOù les histoires vivent. Découvrez maintenant