Fiction OrelGringe - T.I.G.

Partie 3 : La rencontre.

Guillaume était en train de marcher le long de la lisière d'une forêt, le fleuve de l'Orne coulant à quelques mètres à peine de lui, les mains dans les poches de sa veste en jean. Ils étaient allés voir la mairesse en début d'après-midi après avoir déposé leurs affaires dans le champ mis à disposition par la famille Cotentin. C'était les parents qui leur avaient fait faire un tour de la propriété et qui leur avaient offert quelque chose à boire quand le grand-père était allé les prévenir de leur arrivée. Ceux-ci les avaient ensuite guidés jusqu'au champ où ils allaient sûrement passer le plus clair de leur temps libre durant ces trente longs jours. Un des garçons avait demandé où était Aurélien vu que Felipe leur avait dit qu'ils avaient un garçon du même âge qu'eux et la mère avait répondu, après l'instant de surprise, que leur fils était allé avec leur âne aider pour la journée leur voisin dont la ferme se trouvait à trois kilomètres d'ici en longeant le fleuve de l'Orne. Ils étaient ensuite partis pour rencontrer la mairesse qui devait leur expliquer ce qu'ils auraient à faire comme travaux ces prochains jours et Felipe leur avait dit qu'ils monteraient les tentes plus tard, quand il ferait moins chaud. Felipe leur avait ensuite permis de faire un tour dans le village et leur avait donné rendez-vous à 18h à la ferme pour commencer à monter les tentes. Les garçons s'étaient tous précipités vers le centre du village où la mairesse leur avait dit qu'ils pourraient trouver un tabac, un bar, ainsi qu'une cabine téléphonique et Guillaume, lui, avait préféré se diriger vers le fleuve pour être un peu seul. Il n'avait pas longtemps goûté à la solitude car son portable s'était mis à sonner et en répondant il s'était noyé sous une avalanche de questions de la part de sa copine. Est-ce qu'il fait beau ? Ça a l'air bien ? Qu'est-ce que tu vas devoir faire ? Les gens sont gentils là-bas ? À quoi ça ressemble la Normandie ? Il avait à peine pu en placer une avant que Clara, satisfaite de ses brèves réponses, ne lui dise qu'elle devait y aller et ne raccroche. Il shoota dans un caillou et poussa un long soupire exaspéré en pensant à sa relation avec la jeune fille. Cela faisait maintenant un an qu'ils étaient ensemble. Et pourtant, il n'avait pas l'impression que ses sentiments avaient grandi pour autant. Au contraire, même. Sa voix aiguë et son comportement avec lui commençait à lui porter sur les nerfs. Elle prenait toute la place et il avait l'impression qu'elle s'en foutait carrément de lui par moment. Il était en train de se demander s'il éprouvait encore des sentiments à son égard lorsqu'il entendit quelque chose sur sa gauche, à quelques mètres à peine de lui. En se tournant dans cette direction il aperçut avec surprise un garçon les jambes dans l'eau, tirant un âne par une laisse même s'il se doutait fort que ce n'était pas le mot approprié.

« Allez... S'il-te-plaît, avance. Si on rentre pas bientôt, ils vont s'inquiéter... Allez, Canasson... »

Guillaume haussa un sourcil en se demandant si ce garçon était le fils de ceux qui les avaient accueillis dans leur ferme, vu qu'ils leur avaient dit que leur fils était parti avec leur âne. L'âne semblait réticent à écouter le garçon qui semblait avoir peur de s'enfoncer plus loin dans l'eau pour aller le chercher et il s'approcha pour lui proposer son aide.

« De quoi tu as peur ? Allez, il y a de la bonne nourriture qui t'attend en rentrant. Tu n'en as pas envie ? » entendit-il le garçon dire à son âne et il exhala un petit rire silencieux en l'entendant parler ainsi à un animal.

L'âne l'aperçut alors et donna un coup de tête au garçon, le forçant ainsi à le lâcher. Guillaume s'élança vers lui en le voyant perdre l'équilibre et tomber en arrière et, comme il se trouvait à présent qu'à quelques pas à peine de lui, il réussit à le rattraper à temps avant qu'il ne tombe dans l'eau. Le garçon poussa un cri de surprise en se sentant repousser par son âne et, quand Guillaume le rattrapa, en posant les mains sur ses épaules, il le vit lui lancer un regard effrayé.