Partie 5 : Le repas.

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Guillaume se regarda une dernière fois dans le miroir présent dans la salle de bain des Cotentin avant d'en sortir. Il garda la petite serviette sur les épaules afin de continuer à se sécher les cheveux et, alors qu'il tournait à l'angle du couloir, il se retrouva nez-à-nez avec le plus jeune. Ce dernier sursauta, ne s'attendant pas à tomber sur lui, et il le vit porter une main à son cœur.

« Guillaume ! Tu m'as fait peur... dit Aurélien et il lâcha la serviette qu'il tenait d'une main pour se sécher les cheveux afin de poser celle-ci sur l'avant-bras du plus jeune.

— Merde, je suis désolé. Ça va ?

— O-Oui... Je venais justement te chercher. Tous les autres se sont lavés mis à part votre accompagnateur et maman lui a proposé de venir manger avec nous ce soir. Vu que vous n'avez pas eu le temps d'acheter de quoi manger... »

Guillaume esquissa un petit sourire en entendant le plus jeune appeler sa mère maman comme s'il était encore un enfant et le vit lui lancer un regard interrogateur, attendant sa réponse. Il retira sa main, qu'il avait complètement oubliée, de son avant-bras et hocha la tête.

« C'est super sympa de votre part de nous inviter à manger. C'est vrai qu'on a un réchaud mais qu'on a pas eu le temps d'acheter de quoi manger encore... On était censé aller faire les courses après avoir monté les tentes mais il y a eu comme un petit contretemps.

— Oui, je vois de quoi tu parles, lui sourit Aurélien doucement et il le vit baisser les yeux jusqu'au sac en tissu qu'il tenait dans les mains. Ce sont tes affaires sales ?

— Ouais. Il a bien fallu trouver quelque chose pour un mois. J'ai le temps d'aller les déposer à la grange ou les autres sont déjà là ? demanda-t-il.

– Tout le monde est presque prêt à se mettre à table. Mais tu peux les poser dans un coin dans le salon en attendant. Felipe ira se laver après manger pour pas que ça refroidisse. Maman a fait de la soupe pour vous réchauffer. »

Guillaume sourit doucement, se disant à quel point Aurélien était quelqu'un de simple et de généreux. Et il semblait avoir prit ça de ses parents. Le plus jeune était aussi d'une douceur sans nom, pour lui qui ne connaissait que la réalité de la cité, et cette pensée lui fit apparaître une faible chaleur dans le cœur.

« D'accord. C'est une super bonne idée, je te suis. » dit-il en souriant au plus jeune et celui-ci hocha la tête avant de tourner les talons.

Il lui emboîta le pas et posa son regard sur ses omoplates par-dessus lesquelles ses cheveux mi-longs se balançaient doucement, un petit sourire aux lèvres. Aurélien venait en cinq minutes lui enlever l'envie de partir. Parce qu'il avait l'impression qu'il avait beaucoup à apprendre à ses côtés.

***

« Waa, je suis ko...! » s'exclama Thomas lorsqu'ils revinrent dans la grande près de deux heures plus tard après le repas.

Les garçons se dirigèrent vers leurs sacs et commencèrent à en sortir leur tapis de sol et leur duvet afin de se mettre au lit. Il les regarda faire, les observant discrètement se mettre les uns à côté des autres avant qu'un des jeunes, Noah, ne se tourne vers lui.

« Tu prépares pas ton lit, Guillaume ? On va aller boire des bières dans le champ maintenant que la pluie s'est calmée un peu. Tu viens avec nous ?

— Des bières ? Où c'est que vous les avez trouvées ?

— On les a volées cet après-midi à la supérette au centre du village, rigola Julien. On s'est dit que ça nous permettrait de passer une bonne soirée au moins.

— Vous les avez volées ? répéta Guillaume en les regardant d'un air effaré. Putain ben vous commencez bien, vous.

— Oh ça va, fais pas ta mijaurée, ricana Loïc. Tu vas pas me dire que t'as jamais volé de ta vie, Guillaume.

— Je crois pas, non. S'il y a bien un truc que je ne suis pas, c'est un voleur.

— Peut-être, mais t'es bien pire, se moqua Julien en se tapant la cuisse. T'es un dealeur !

— Je te ferai dire que toi aussi, Julien. On bossait ensemble, hein.

— Bah oui, je sais. Mais moi j'ai jamais prétendu être quelqu'un de bien. Vous croyez qu'elle réagirait comment la tapette si elle savait ce pour quoi on était là tous ? demanda Julien en se tournant vers les autres et Guillaume écarquilla les yeux en l'entendant dire cela.

— Attend, tu parles de qui là ? Qui c'est que tu traites de tapette ?

— Ben Aurélien, voyons, ricana Thomas. Qui d'autre ? Avec ses cheveux longs là.

— Putain mais vous êtes vraiment des attardés, dit Guillaume d'un air choqué. Vous le traitez de tapette juste parce qu'il a les cheveux longs ? Mais vous avez quel âge en fait ? En plus c'est chez lui qu'on est logé. Vous avez vraiment aucune valeur.

— Putain mais détend ton string un peu Guillaume, rigola Loïc. On dit pas qu'il l'est forcément. Juste qu'il y a de fortes chances qu'il le soit.

— Et du coup vous vous permettez de l'insulter de tapette ? Putain vous me dégoûtez. Je vais me coucher, je veux plus voir vos gueules de connards. »

Guillaume attrapa son sac et tourna les talons pour se trouver un endroit où dormir, loin des autres jeunes, alors que ceux-ci ricanaient entre eux. Il était énervé à présent, maintenant que ceux-ci s'en étaient pris devant lui au plus jeune. Il ne savait pas bien pourquoi mais il n'avait pas envie qu'on s'en prenne à lui. Alors qu'au quartier il faisait tout pour rester loin des conflits et des histoires, cette fois-ci il se rendit compte avec surprise que ça le rendait fou qu'on puisse parler mal d'Aurélien. Il ne pouvait pas les laisser parler mal de lui sans intervenir, c'était impossible. Aurélien lui semblait l'exemple même de la pureté alors qu'il venait à peine de le rencontrer quelques heures plus tôt et il se jura de ne pas laisser les autres garçons s'en prendre à lui. Il faudrait lui passer sur le corps avant, parce qu'il ressentait le besoin dorénavant de le protéger d'eux.

Fiction OrelGringe - T.I.G.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant