Partie 15 : L'enveloppe.

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« Guillaume, va voir Julien chez le vieux Gilles. Il m'a dit qu'il avait un problème et comme ça, vous essaierez de faire la paix tous les deux. » lui dit Felipe près de deux semaines plus tard.

Guillaume n'avait quasiment pas vu ce dernier depuis la dernière fois car il prétextait toujours une excuse pour ne pas se retrouver avec les autres garçons durant son temps libre et à part les repas le soir dans la grange avec tout le monde, il ne se retrouvait jamais avec l'autre garçon. Quand aux soirs, après cette première nuit à dormir avec Aurélien, il avait pris l'habitude de dormir tous les soirs en cachette avec lui. Il faisait mine d'aller se coucher puis quand tout le monde semblait endormi, il sortait de la grange pour le rejoindre. La première nuit, Aurélien avait sursauté en le sentant le secouer alors qu'il était sur le point de s'endormir et Guillaume s'en était voulu de lui avoir fait aussi peur. En même temps... Qui laissait ouverte sa maison la nuit ? D'accord, on était à la campagne mais quand même ! Aurélien avait crié et Guillaume avait plaqué sa main sur sa bouche avant d'allumer la lumière pour que le plus jeune voit que ce n'était que lui. Aurélien s'était rapidement calmé lorsqu'il avait aperçu son visage et il avait enlevé sa main de par-dessus sa bouche. Est-ce que je peux dormir avec toi, Orel ? Je ne veux pas dormir là-bas avec les autres. Le plus jeune avait hoché la tête de manière hésitante après avoir laissé passer un long silence durant lequel il avait cru qu'il allait lui demander de partir. Aurélien ne lui avait pas posé de questions et s'était rendormi quelques secondes à peine plus tard, alors qu'il se changeait avant de se glisser sous les draps. Il avait murmuré un petit bonne nuit, Orel dans la pénombre après avoir éteint la lumière et s'était endormi à son tour, emporté par le sommeil. Et à partir de ce soir-là, il dormait tous les nuits avec le plus jeune qui faisait attention à laisser la porte d'entrée ouverte, et qu'il fermait à son arrivée, et il partait un quart d'heure avant le réveil programmé des autres garçons dans la grange pour revenir à temps dans celle-ci et qu'ils ne se rendent pas compte qu'il n'avait pas passé la nuit au même endroit qu'eux. Certains matins, Aurélien dormait toujours quand il partait et certains d'entre eux il était déjà réveillé. Ces matins-là, ils restaient quelques minutes à s'observer en silence avant que son alarme ne sonne pour la deuxième fois, lui indiquant que c'était l'heure de partir pour de bon. Tu m'apaises, Orel. C'est pour ça je crois que je dors si bien avec toi. Et Aurélien ne posait pas plus de questions quand à son besoin de dormir dans son lit tous les soirs.

« Mais Felipe ! Tu sais bien qu'on s'entend pas tous les deux ! s'exclama-t-il, n'ayant aucune envie de voir Julien. Pourquoi tu demandes pas à Thomas d'y aller à ma place ?

— Justement parce que vous vous entendez pas, Guillaume. Propose-lui ton aide et réglez vos différents ! Il faut communiquer pour régler les problèmes, pas les fuir comme tu le fais depuis deux semaines. »

Guillaume râla dans sa barbe pré-naissante et s'empêcha de rétorquer à Felipe que c'était Julien qui avait commencé en s'en prenant au plus jeune et que du coup il n'avait absolument aucune envie de faire ami-ami avec ce dernier. Alors il tourna les talons et se dirigea vers là où il savait habitait le vieux Gilles.

***

« C'est horrible, Guillaume. J'étais avec lui, à l'observer alors qu'il conduisait le tracteur quand il est mort, comme ça. D'un coup. Il est rentré dans cet arbre-ci, dit Julien en lui montrant du doigt un arbre sous lequel il pouvait apercevoir un tracteur en piteux état. Quand je l'ai vu rentrer dans l'arbre j'ai compris que quelque chose n'allait pas et je me suis précipité vers lui. J'ai essayé de lui faire un massage cardiaque mais ça n'a pas marché. J'ai appelé Felipe et la mairesse pour leur demander de l'aide. Elle devrait pas tarder d'ailleurs... Ah et attends, regarde ce que j'ai trouvé chez lui la dernière fois, lui dit Julien en lui tendant une enveloppe. Regarde ce qu'il y a dedans pendant que je vais chercher ses affaires sur le tracteur. On pourrait la garder, personne n'est en courant, c'est même lui qui me l'a dit. »

Fiction OrelGringe - T.I.G.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant