Partie 13 : La blessure.

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« Guillaume ? »

Guillaume ouvrit les yeux en entendant une voix l'appeler et tomba sur le visage inquiet d'Aurélien. Celui-ci était en pyjama et portait un pull trois fois trop grand par-dessus ce dernier, les bras croisés par-dessus son ventre comme s'il avait froid. Le plus jeune lui lançait un regard hésitant, comme s'il avait peur de l'approcher. Guillaume se rappela de ce qu'il s'était passé avec les autres garçons et poussa un petit grognement de douleur en se redressant contre l'arbre auprès duquel il était adossé. Il s'était assoupi auprès de ce dernier après avoir passé près d'un quart d'heure à frapper contre le bois de l'arbre pour évacuer toute sa rage et maintenant il avait mal au dos, sûrement à cause de la position dans laquelle il s'était endormi, près d'une demie-heure plus tard.

« Orel...? marmonna-t-il en posant une de ses mains sur son épaule gauche qui le lançait. Qu'est-ce que tu fais là ? Il est quelle heure ?

— C'est Felipe, commença à expliquer le plus jeune en se rapprochant doucement de lui avant de s'agenouiller en face de lui. Il a dit que tu avais disparu. Il est venu demander à mes parents s'ils savaient où tu étais...

— Ah, dit Guillaume en exhalant un léger rire. Finalement il s'est rendu compte de mon absence ? Je croyais qu'ils voulaient lui faire croire que je dormais déjà.

— Guillaume, qu'est-ce qu'il s'est passé ? lui demanda Aurélien en lui lançant un regard inquiet. Felipe a dit que tu t'étais disputé avec les autres... Est-ce que c'est vrai ?

— Disputé ? répéta Guillaume en riant doucement. Je me suis un peu plus que disputer avec eux, hein.

— Guillaume... murmura Aurélien avant qu'il ne le voit poser les yeux sur sa main droite, avec laquelle il avait frappé dans l'arbre et que du sang séché recouvrait. Qu'est-ce que c'est, ça ? Est-ce que c'est eux qui t'ont fait ça ? demanda le plus jeune d'un air encore plus inquiet en avançant sa main vers la sienne et Guillaume l'éloigna aussitôt pour pas qu'Aurélien ne le touche.

— Orel. Non, dit-il simplement et il vit le plus jeune reculer sa main avant de lui lancer un regard larmoyant.

— Mais tu saignes...

— Je saignais, c'est fini maintenant. Et non, ce n'est pas eux qui m'ont fait ça. C'est moi.

— Co-Comment ça ? Qu'est-ce que tu veux dire par là ? lui demanda Aurélien d'un air hésitant.

— On s'est engueulés avec les gars, c'est vrai. Je suis allé voir Julien et je l'ai menacé de ne plus jamais recommencer ce qu'il venait de te faire mais les autres sont apparus et m'ont empêché de l'approcher en se mettant entre nous deux. Ils m'ont dit que tout ça n'était qu'une blague visée à t'humilier et à jouer avec toi et que j'étais bien trop con pour ne pas m'en être rendu compte. Et après... Je te passe les détails mais je me suis énervé contre eux et ils m'ont fait comprendre qu'ils voulaient pas de moi dans la grange ce soir et m'ont viré. Alors je me suis énervé contre cet arbre et me suis ouvert la main à force de taper dedans avant de m'endormir contre lui. Voilà, en gros. »

Guillaume vit des larmes s'amonceler au coin des yeux du plus jeune et il se sentit un peu bête de lui avoir raconté toute l'histoire de manière aussi abrupte. Mais au moins, il ne lui avait pas parlé de la véritable raison de sa colère et du fait qu'il se soit fait virer de la grange. Son soit-disant amour pour lui.

« Je suis désolé, Guillaume... Tout ça... C'est de ma faute... Si tu m'avais pas protégé de Julien un peu plus tôt...

— Eh, eh, dis pas ça Orel, s'exclama-t-il en venant attraper sa main de la sienne, celle qui était blessée, et il réprima avec peine une grimace de douleur. C'est pas de ta faute. Absolument rien n'est de ta faute, d'accord ? Ils sont juste complètement cons, c'est tout.

— Ce n'est pas une raison, Guillaume, murmura Aurélien en enlevant sa main de la sienne pour frôler avec douceur les articulations ensanglantées de cette dernière, ce qui le fit frissonner. Tu t'es fait mal à cause d'eux. À cause de ce qu'ils ont fait... Ou dit... »

Guillaume resta silencieux, observant sans rien dire de plus le plus jeune qui caressait avec douceur sa main blessée sans jamais vraiment oser la toucher de peur, sûrement, de lui faire mal. Aurélien continua un instant avant de relever le visage et de poser le regard sur le sien. Guillaume vit une lueur de tristesse apparaître dans ses yeux lorsque ceux-ci se posèrent sur sa joue gauche, où il se rappelait maintenant que Thomas l'avait frappé.

« Qu'est-ce qu'il t'ont fait, Guillaume ? Est-ce qu'ils t'ont frappé...? demanda Aurélien d'un air inquiet en lâchant sa main blessée pour venir toucher sa joue et Guillaume attrapa cette dernière avant que le plus jeune ne puisse le toucher.

— Orel. Tout va bien. Je te promets.

— Mais ils t'ont fait mal. Ça se voit, Guillaume, que t'es blessé. Ton nez—

— Orel, je t'en supplie, soupira Guillaume en resserrant délicatement sa main sur celle du plus jeune et en fermant les yeux. C'est pas grave, d'accord ? C'est rien ça par rapport à ce que je me suis déjà pris au quartier.

— Mais c'est pas une raison, Guillaume, lui dit Aurélien en lui lançant un regard larmoyant et désespéré. Il ne faut pas que tu banalises ça. Ce n'est pas normal de se faire casser la gueule, tu comprends pas ça ?! Ce n'est pas rien ! »

Guillaume se tut en entendant le plus jeune lever la voix et se retint de rétorquer que c'était lui qui avait en premier lieu voulu casser la gueule à Julien en voyant qu'il pleurait silencieusement. Aurélien avait raison dans les faits, mais de là où il venait, c'était à croire que c'était le seul moyen d'expression que certains connaissaient.

« Orel... murmura-t-il en enlevant sa main de sous la sienne à présent posée sur la cuisse droite du plus jeune.

— Je suis désolé, s'excusa Aurélien sans lui laisser le temps de continuer sa phrase. Je sais pas ce qui m'a prit de m'énerver comme ça.

— Eh, tout va bien... chuchota Guillaume en venant glisser une main dans les cheveux du plus jeune pour les lui dégager du front. C'est pas grave.

— Si, dit Aurélien en reniflant avant de se relever doucement. Si, c'est grave. Viens avec moi, Guillaume. Je vais essayer de te soigner un minimum, d'accord ?

— D-D'accord. » dit-il en se levant à la suite du plus jeune en s'appuyant contre l'arbre derrière lui.

Aurélien lui lança un petit sourire triste et tourna les talons en direction de la ferme. Guillaume caressa un instant du regard sa silhouette avant de le suivre, le cœur battant à cent à l'heure et se demandant ce qui n'allait pas chez lui pour la énième fois depuis qu'il l'avait rencontré.

Fiction OrelGringe - T.I.G.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant