Partie 4 : La pluie.

263 37 15
                                    

« Mais c'est pas vrai ! Qui est le crétin qui a sorti le sac des tentes pour mettre son propre sac et qui ne l'a pas remis ?! »

Les garçons restèrent silencieux alors qu'ils se faisaient engueuler par Felipe et Guillaume regarda les autres jeunes l'un après l'autre, se demandant qui pouvait bien être celui qui était assez idiot pour avoir fait une connerie pareille. Il savait déjà que ce n'était pas lui et ça le confortait dans le sentiment qu'il était bel et bien entouré de débiles. Et il allait devoir rester un mois avec eux ? C'était impossible, il allait falloir qu'il se casse au plus vite. D'ailleurs où c'est qu'ils allaient dormir maintenant qu'ils n'avaient plus de tentes ? À même le sol ? Guillaume soupira et releva la tête lorsqu'il sentit les premières gouttes de pluie lui tomber dessus. Il ne manquait plus que ça... Felipe essuya une goutte qui était tombée sur ses lunettes et leva la tête vers le ciel à son tour, alors que la pluie commençait à tomber de plus belle.

« Putain. Il ne reste plus qu'à demander aux Cotentin s'ils ont une solution de secours. Prenez vos affaires et venez avec moi. Dépêchez-vous. »

Guillaume prit son sac à ses pieds et le mit sur son épaule avant de suivre Felipe qui avait déjà tourné les talons. Celui-ci se dirigea vers la ferme et il entendit les autres garçons leur emboîter le pas en se chamaillant. Ils marchèrent bien cinq minutes sous une pluie qui devenait de seconde en seconde de plus en plus violente et il fut même obligé de mettre sa capuche afin d'essayer de se protéger de la pluie un minimum. Une fois arrivés devant la ferme, Felipe leur fit signe d'attendre et alla toquer contre la porte d'entrée. Ils attendirent en silence pendant ce qui leur sembla une éternité avant que la porte ne s'ouvre enfin. Guillaume reconnut à travers la pluie la silhouette du plus jeune qu'il avait rencontré en fin d'après-midi et, sans qu'il ne comprenne pourquoi, son cœur sembla accélérer légèrement ses battements dans sa poitrine à sa simple vue. Il vit Felipe dire quelque chose au jeune garçon avant que celui-ci ne se penche pour les regarder, eux, d'un air paniqué. Il le vit alors rentrer à nouveau dans la maison et, alors qu'il se demandait ce qu'il pouvait bien faire, celui-ci réapparut vêtu d'un k-way bleu-foncé et en compagnie de ses parents. Il le vit hocher la tête à ce que son père lui disait et, une seconde plus tard, il sortait sous la pluie pour les rejoindre, sa capuche sur le visage.

« Venez avec moi. Vous pouvez dormir dans la grange ce soir. On verra pour les autres jours si on arrive à trouver une autre solution. »

Il lui emboîta le pas, aussitôt suivi par Felipe et les autres jeunes. Aurélien les amena jusqu'à la grange et une fois à l'intérieur, les guida jusqu'à un endroit un peu plus reculé où des bottes de foin étaient regroupées.

« Vous pouvez dormir ici... Je sais que c'est pas super mais on a seulement une autre chambre de libre à la maison... expliqua le plus jeune en enlevant sa capuche. Il y a pas assez de place pour vous tous...

— La grange nous ira très bien, dit Felipe en ouvrant sa veste afin de l'enlever. Merci beaucoup, Aurélien.

— Je vais essayer de voir si vous pouvez venir vous laver à la maison... balbutia le plus jeune. Papa devrait bientôt arriver pour vous donner des couvertures chaudes pour la nuit... »

Felipe hocha la tête et, avant qu'il ne remette sa capuche pour sortir braver la pluie, Aurélien se tourna vers lui. Leurs regards se croisèrent et il sentit son cœur rater un battement encore une fois, sans qu'il ne comprenne pourquoi. Aurélien maintint son regard quelques secondes avant de lui offrir un petit sourire désolé et de tourner les talons.

« Non mais dites-moi que c'est une blague ? s'exclama Julien une fois que le plus jeune soit parti. On va vraiment dormir ici ? Ça pue et c'est sale !

— Tout ça c'est de votre faute, je vous ferai dire ! dit Felipe en haussant le ton. Si l'un de vous n'avait pas été assez con pour oublier les tentes !! Ils sont assez gentils pour nous dépanner aussi rapidement alors je veux pas vous entendre râler.

— Mais ils auraient pu nous proposer de dormir à l'intérieur quand même ! Pas dans cette porcherie ! s'exclama Noah en balançant son sac par terre et s'asseyant dessus. Comment voulez-vous que j'arrive à dormir ici ?

— Aurélien a dit qu'il n'y avait pas assez de lit, dit Guillaume en levant les yeux au ciel. T'es sourd ou c'est comment ?

— Oh toi, ferme-là. Toujours à faire celui qui est au-dessus des autres, lui cracha Loïc et il leva les yeux au ciel à nouveau, tournant les talons pour s'éloigner d'eux.

— Et c'est quoi cette coupe de cheveux, là ? se moqua Thomas. Aurélien ? Aurélie plutôt, non ? »

Guillaume se retourna pour les fusiller du regard et il vit Julien mettre ses mains devant lui en ricanant comme pour lui dire C'est pas moi qui l'ai dit, c'est l'autre.

« Bande de cons. » maugréa-t-il dans sa barbe alors qu'il s'adossait à une botte de foin à quelques mètres à peine des autres jeunes.

Il entendit Felipe leur remonter les bretelles par rapport à leur remarque sur le plus jeune et c'est à ce moment-là qu'il vit le père d'Aurélien entrer dans la grange, plusieurs couvertures dans les bras. Au moins, ils n'auraient pas froid comme ça.

Fiction OrelGringe - T.I.G.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant