Chapitre 4

34 2 0
                                    

La pièce était grande. Immense. Elle devait mesurer dix mètres de largeur, et encore plus de longueur. Une grande baie vitrée arrondie donnait sur la ville et ses buildings, étrangement propre et blanche.

   Le plancher était vernis et lisse, le bois semblait faux. Au centre de l'espace, un petit cercle de quatre fauteuils blancs était ridiculement isolé du reste de la pièce. Un buffet ornait un mur entier, garni des mets les plus étranges et divers que Quincy ait jamais vu.

   En regardant dehors, elle eut un léger malaise, et des étoiles dansèrent devant ses yeux.

   - Ma chérie, veux-tu bien t'assoir en face de moi pour qu'on nous apporte la collation?

  Les mots sonnaient étrangement, comme avec un accent étranger. Celle qui venait de parler avait les yeux tellement agrandis qu'on aurait dit qu'ils allaient éclater d'une seconde à l'autre. Son visage paraissait cependant bienveillant. Elle était assise dans un petit fauteuil et semblait d'ailleurs bien à l'étroit. Mais peu importe, cette femme venait de lui parler dans sa langue. La langue qu'elle avait parlé plus d'un an durant. La langue d'Anouk. Quincy s'installa en face d'elle, en veillant à ne pas perdre de vue l'homme en costume qui était à présent dans son dos.

   - Tu dois avoir un paquet de questions, Quincy. Mais avant tout, je veux t'assurer que tout est fini. Nous nous occupons de toi, ne t'inquiète pas.

   Elle avait du mal à ne pas s'inquiéter devant la situation présente. Même si elle avait acquis un certain zèle depuis le début, elle n'en restait pas moins une adolescente de quinze ans. Et un mal de tête commençait à s'insinuer en elle. Tout était fini? Sûrement pas. Cette femme au physique étrange paraissait pourtant sincèrement peinée du cas qu'elle avait devant elle : Quincy.

   - Je peux t'assurer que nous sommes fiers de toi. Moi et toute l'équipe.

   De qui parlait-elle? Quincy ne broncha pas. La femme marqua une pause avant de reprendre.

   - Tu es une star dans ce monde. Toi et Partison êtes... les survivants! 

Tout ce qu'elle disait avait un air théâtral. Ses grands yeux avaient l'air réellement enjoués, mais tout ce qu'ils arrivaient à faire ressentir à Quincy était du dégoût.

   Elle avait tout à coup l'impression que le sol se mettait à tanguer dangereusement. Le monde devenait bruyant, trop bruyant. Elle avait du mal à discerner le haut du bas, le clair du sombre. Tout se liquéfiait dans son esprit.

   Une main empoigna son épaule et la secoua fortement. Quincy reprit soudain ses esprits.

   - J'espérais que tu ne serais pas trop mal en point, mais peut-être qu'il faudrait faire venir le docteur maintenant...

   Elle ajouta quelques mots dans la langue inconnue à l'adresse d'une servante, mais Quincy ne suivit pas la suite. On lui rafraîchit le visage avec de l'eau froide, mais c'était déjà trop tard. Elle sombrait.


EvaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant