Chapitre 1

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Le visage meurtri, une fille regardait vers l'horizon. Elle avait les yeux rivés sur cette ligne qui paraissait infinie, un peu courbe, séparant le ciel fatigué de la terre des hommes, terne et sans beauté.

Elle se tenait debout sur un grand mur d'environ un mètre de largeur, les bras ballants, les cheveux volant au vent. Comme n'importe quelle fille de son âge, elle se posait les habituelles questions existentielles. Pourquoi sommes-nous là? Dans quel but? Que recherchons-nous?

Par ce fait, elle demeurait semblable à n'importe quel enfant du monde. Comme des milliards et des milliards de gamins avant elle. Tous pareils.

Mais Quincy était différente de ceux-là. Elle, se posait une autre question, beaucoup plus importante. C'est cela qui marquait la différence. La barrière avec les autres adolescents du monde. Qui était-elle?

La nuit commençait à s'éclaircir. Les nuages commençaient à se distinguer les uns des autres, le vent à souffler doucement.

C'était l'heure.

Quincy plissa les yeux jusqu'à ce qu'il n'en résulte que des fentes minuscules. Elle allait devoir sauter, et se réceptionner grâce aux petits arbres bien taillés qui formaient une ligne infinie le long du mur.

C'est ce qu'elle fit. Personne n'était présent alentour pour observer la fille tomber du haut de ce mur qui représentait pour elle la barrière qui la séparait de l'autre monde. Le vrai monde.

Elle se retourna. Le mur, vu d'ici, ne semblait pas très imposant. Il était même minuscule par rapport aux constructions qui s'élevaient là, en cet endroit. Le soleil commençait à se lever. La ville à bourdonner. C'était l'heure.

Quincy avança à petits pas vers la grande ville. Elle était émerveillée par tant de grandeur et de charme. Des tas de sentiments contraires se percutaient en elle, mais elle continuait d'avancer. De poser le pied devant l'autre, tout en observant le paysage qui défilait devant elle. Cette visite lui rappelait un peu la première fois qu'elle avait marché dans Anouk. Bien sûr, à l'époque, c'était dans la précipitation et l'incompréhension ; elle alternait entre course et marche rapide, menée par un garçon qu'elle ne connaissait pas. Cette ville n'était pas bruyante, pas sale, ni encombrée. A vrai dire, à l'aube, il n'y avait personne dans les rues. Les seuls passants qu'elle apercevait de temps en temps étaient de grands individus au teint mate, vêtus de vêtements simples, souvent à pied ou en bicyclette.  Elle continua jusqu'à ce qu'elle aperçoive un homme, différent de ceux qu'elle avait croisé auparavant, lui faisant signe.

Il était habillé très élégamment d'un costume vert sombre et d'un beau pantalon de soie de même couleur. Sa peau était légèrement hâlée et ses cheveux, faisant contraste, semblaient désordonnés, comme relevés par le vent. Le tout ne s'oubliait pas.

Quincy n'oublierait pas cet homme. Elle marcha droit vers lui. Il lui montra un véhicule qui devait être un taxi. Elle le contempla sans exprimer de crainte. L'homme lui sourit.

La fille venait de terminer son périple. Elle monta dedans, et son sauveur fit de même.


EvaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant