Après un court temps de sommeil, Quincy retrouva ses esprits. On l'avait allongée sur un divan, les jambes en l'air, posées sur un coussin, pour que le sang afflue à son cerveau. Décidant de ne pas montrer qu'elle était réveillée, elle garda les yeux fermés. Ils allaient le découvrir tôt ou tard, mais elle souhaitait se réserver un bref répit pour traiter le peu qu'elle venait d'entendre.
《 Avant de commencer, je veux t'assurer que tout est fini. Nous nous occupons de toi. 》
Quoi que ce soit que cette femme, si charmante et souriante soit-elle, avait voulu dire en lui parlant de fin, elle mentait. Rien n'était fini, Quincy en avait la certitude. Mais peut-être était-elle en train d'obtenir une sécurité quasi-stable en attendant d'en savoir plus. Il fallait d'abord connaître ces gens, leurs intentions, leurs manières de penser, leurs habitudes... Et pour cela, deux solutions: le temps, ou l'argent. Il se trouvait malheureusement qu'elle n'avait ni l'un ni l'autre. Il allait donc falloir ruser.
Une voix la sortit cependant de ses pensées.
- Quincy, tu m'entends? Oui, je sais que tu m'entends. N'aie pas peur, ouvre les yeux.
Avoir peur? Non, jamais. La frayeur était depuis longtemps passée. Ne restait plus que l'instinct de survie et l'espoir d'une vie meilleure, sans gentils ni méchants. Elle ouvrit cependant les yeux.
Un visage fatigué mais bienveillant était penché sur elle. Le vieil homme lui fit un sourire, tandis qu'il s'écartait pour la laisser s'assoir. Un rapide coup d'œil permit à Quincy d'évaluer la situation.
Elle se trouvait toujours dans la même pièce vide, mais il lui semblait que le divan n'y était pas lorsqu'elle y était entrée. L'homme en costume était toujours présent au même emplacement, mais il parlait désormais à une jeune femme, petite, sans être minuscule, brune, les traits simples, l'air sérieux. Sa charmant interlocutrice aux grands yeux semblait néanmoins les avoir quitté. Bon débarras. Elle ne l'aiderait sûrement pas à découvrir ce qui s'était réellement passé.
- Un malaise dû au changement d'atmosphère, sûrement, reprit le médecin. À moins que ce soit l'émotion. Cela me semble fort improbable, au vu de la situation. Tu en as vu des belles, hein?
Il s'agissait encore de cet air mélancolique et compatissant qui apparaissait sur son visage. À la différence que chez lui, le sentiment paraissait sincère. Quincy garda le silence.
- Je peux t'expliquer la situation en quelques mots. Tout ça n'a été que du cinéma. Une caméra cachée. Tu es l'actrice de la plus grande série télévisée de tous les temps. Des milliards de personnes te connaissent. Tu es leur modèle.
Elle contempla son visage plissé, cherchant la moindre note qui trahirait une quelconque émotion, un mensonge bien ficelé. Mais rien. Le vieil homme était sincère, apparemment.
La jeune fille ne put s'empêcher de sourire. Tout ça ressemblait fortement au commencement d'une autre épopée héroïque. À une très, très mauvaise blague.
- Est-ce que vous aussi allez me dire que tout est fini, alors?
Une expression meurtrie apparut alors sur son visage. De la pitié. Bien sur que non; rien n'était fini. Sinon, elle serait avec Partison. Où était-il d'ailleurs? Si l'on s'occupait d'elle, lui, recevait-il les mêmes attentions?
- Non, Quincy. Et j'ai bien peur que tu doive de nouveau t'adapter à une autre société. Elle est bien différente que ce que tu connais, crois-moi.
Ne sachant quoi répondre, Quincy se mua dans le silence. Cet homme, au moins, paraissait sincère. En sa présence, elle se sentait en sécurité, comme bercée par la lueur dans ses yeux. Il avait du être beau jadis, des yeux bleus pétillants, des pommettes bien dessinées... Ses cheveux grisonnants formaient une petite calvitie sur son crâne. Contrairement aux gens d'ici, les signes de la vieillesse semblaient l'atteindre alors qu'il ne devait même pas atteindre la cinquantaine.
Cependant, c'était autre chose qui la mettait en confiance; comme un air de famille. Ce serait un allié. Elle l'avait décidé.
VOUS LISEZ
Eva
Science FictionIls étaient réunis dans le sous-sol du QG de la Révolte; un petit salon miteux dont les tapisseries qui ornaient les murs étaient rongées par les mites. Trois sofas disposés en un cercle composaient le mobilier de la pièce. L'adulte contemplait ses...