Eva

Chapitre 9

Il est parti. Je dés-enfouis ma tête d'entre les jambes et serre les lèvres pour ne pas pleurer. Malgré tout, mes yeux libèrent plus d'eau que je pourrait imaginer qu'ils contiennent, et je me retrouve vite le visage baigné de larmes. Mes cheveux collent à ma peau. Je suis dans un état lamentable.

J'ai pensé que tout irait bien. Que j'arriverais à surmonter la vague de fans, les projets de l'agence, tout ça. Rien ne me dit que je n'y parviendrais pas. Après tout, rien n'est encore joué. Mais je pensais également que tout baignerait avec Partison. Et visiblement, je me suis trompée.

Mais tout est de ma faute. Je lui ai crié dessus alors qu'il s'attendait à des excuses. J'ai été égoïste en franchissant le mur toute seule. Je le suis. Égoïste. Il a peut-être raison. Je ne suis qu'un tas de merde. Et malheureusement, on arrive à un stade où paraître la plus saine possible m'aurait aidé.

Je ne sais pas ce qu'on va faire de moi à présent. Je suis quasiment sure qu'ils ne vont pas me jeter dehors sans m'avoir pris quelque chose en plus. Mais quoi?

En fait, je ne suis même plus sure de rien. Si ça se trouve, ils vont arriver d'une minute à l'autre pour me faire sortir d'ici. Pourquoi je mériterais ce luxe alors que je suis une moins que rien, livrée ici étant toute petite? La mémoire ne m'est toujours pas revenue. Elle ne reviendra peut-être jamais, qui sait. Je préfèrerais. Quelle qu'ait été ma vie auparavant, elle ne pouvait être qu'un tissu d'absurdité comparée à maintenant.

Je suis assise par terre depuis au moins trois ou quatre heures. J'ai dormi à peine quelques temps avant de me réveiller et de ne plus pouvoir sombrer. Mais je ne ressens aucune fatigue.

Ça ne peut pas durer.

Aucune fatigue? Quelle fatigue? Est ce que je sais seulement ce que c'est? Malgré moi, des sanglots s'échappent un à un de ma gorge. Je ne peux pas pleurer. Pas avec Partison à coté qui risque de m'entendre.

Il faut... il faut que je parte. Cette plaisanterie n'a que trop duré. Je vais commencer par aller chercher des vêtements propres, puis je mangerai un coup, et je m'en irai.

Oui, c'est ce que je vais faire.