Chapitre 11

11 2 0
                                    

Il n'avait pas de nom. Mais je m'y étais attaché. Le perdre c'est comme un retour à la case départ après mon agression. Tout ce combat pour rien. J'ai la sensation d'avoir régressé. Comment on peut surmonter ça ? Comment mon corps peut s'en remettre ? Je me sens sans vie. Je n'ai plus de force. J'ai envie de dormir, mais et après ? Une fois que je vais me réveiller, ça sera toujours ma réalité. Est-ce que je peux vraiment m'en sortir ? Sauline veut m'aider, mais peut-elle réellement me comprendre ? C'est tellement horrible de subir la douleur de l'accouchement pour expulser un bébé sans vie. Il y a la douleur physique et la douleur psychologique. Il n'y a eu aucune récompense à cette douleur. Normalement, on revient à la maison avec un bébé. Moi je reviens à la maison avec mon désespoir et mon incompréhension.
Je touche mon ventre, je n'arrive pas à croire que bébé n'est plus. Il y a quelques jours je le sentais bouger.

Pourquoi ? Je ne comprends pas. J'ai pleins de questions et elles sont sans réponses. Ne pas savoir, être dans l'incompréhension la plus totale, me rend folle.

Je veux dormir mais j'ai peur. Les cauchemars de l'agressions commençaient à s'atténuer. Et si maintenant je faisais des cauchemars de mon accouchement ? Et si je rêvais du bébé ? J'ai peur. Mais mon extrême fatigue l'emporte et je m'endors.

Je me réveille et je regarde l'heure. J'ai dormi presque toute la matinée. Je reste allongé dans mon lit. Je n'ai pas la force ou l'envie de me lever. J'entends parfois la porte s'ouvrir, Sauline vient vérifier si je dors toujours. Elle veille sur moi, ça me fait plaisir mais je ne peux pas parler. Je reste là en silence à pleurer, seule. Je m'imagine ce que cette journée aurait pu être si j'étais revenu avec le bébé.
Tout me revient en tête, je revis chaque moment. Les douleurs, les vomissements, les journées passées à la clinique, l'accouchement. Je ne comprends toujours pas. Je me repasse les évènements en boucle dans ma tête, comme pour chercher une explication. J'essaie de trouver un indice. Mais rien. Rien ne laisser présager ce qui est arrivé.

A un moment-là, la porte s'ouvre, et j'entends des pas dans la chambre. Sauline s'avance doucement vers moi et s'assois sur le lit. Sa voix est douce.

-Angélique, est-ce que tu as faim ?

Je secoue la tête pour dire non.

-Angélique, il faut que tu manges, même un tout petit peu. Ton corps a besoin de force pour se remettre de ce qu'il s'est passé. Mange un peu s'il-te-plaît.

Elle a raison, mais je n'arrive pas à bouger.

-Tu veux que je t'aide à te relever ?

Je dis oui de la tête.

Elle me tourne vers elle et me soulève. Elle met des coussins dans mon dos pour que je sois à l'aise.

-Je t'ai fait du riz, c'est consistant. J'ai cuit quelques légumes avec de la viande. J'ai tout mélangé et j'ai mis ça dans une assiette creuse pour que ce soit plus facile à manger au lit. Je ne te demande pas de manger toute l'assiette, juste 4 fourchettes. Si tu arrives à en manger plus tant mieux, sinon on s'arrêtes à 4. D'accord ?

Encore une fois je réponds en remuant la tête. D'accord.

-Bois un peu d'eau avant, ça va t'aider à avaler.

Je bois quelques gorgés et Sauline me nourrit. Elle me donne 2 fourchettes puis me fais boire à nouveau. Je mange les 4 fourchettes comme promis, pas une de plus.

Elle est contente de me voir manger. Elle n'insiste pas pour que je mange plus. Elle remet l'assiette sur le plateau ainsi que le verre d'eau et elle repart en direction de la cuisine.

J'ai un peu plus de force dans les bras, manger m'a fait du bien même si c'était peu. Je me remets en position couché.

Sauline revient dans la chambre, elle comprend que je ne suis toujours pas prête à parler. Elle ferme la porte.

AngéliqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant