Le cauchemar de Cabos

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- Entre donc ! clame l’Amiral Cabos, souriant. C’est un plaisir pour moi de rencontrer un super-chiot. Viens donc t’asseoir.
Flatté, Falcon prend place sur une chaise et se sent plus détendu.
Juste devant lui, le chef de la Révoltruffe en personne l’observe un long moment, l’air fier, puis déclare :
- J’ai devant moi un jeune golden retriever doté de superpouvoirs, agile, rapide et plein d’initiatives. Très courageux, en plus ! Au point de risquer sa vie pour protéger la Révoltruffe. C’est tout ce qu’on attend d’un super-chien. (De plus en plus heureux, Falcon commence à comprendre ce que veut dire l’Amiral.) J’ai le plaisir de t’annoncer que, dès demain, tu pourras suivre le programme d’entrainement pour devenir un super-chien !
À l’intérieur de lui, le golden-retriever explose de bonheur. À l’extérieur, une larme de joie coule sur sa joue. Falcon n’oubliera jamais ce jour : le chef de la Révoltruffe vient de lui offrir la chance de devenir un super-chien !
- M… merci beauc… beaucoup ! balbutie le chiot, très ému.
- Tu le mérites amplement, assure Cabos. Au fait, par rapport à ce qu’il s’est passé hier soir, je te demande pardon. Mentalos m’a tout raconté, peu après. Tu as eu une journée très épuisante, physiquement et émotionnellement. (Le regard de l’Amiral se fait plus triste.) Je sais ce que c’est, de tout perdre du jour au lendemain... (Il secoue la tête et reprend :) L’important, c’est que tu sois avec nous, en sécurité. Si tu étais encore entre les pattes de l’ennemi, les scientifélins t’auraient transformé en arme vivante. Dans notre quartier général, tu peux contribuer au développement de notre cause, pour sauver plus de chiots innocents.
Même s’il est extrêmement heureux et fier, Falcon est trop épuisé et ne peut retenir un petit bâillement.
- Je vois que tu es fatigué, remarque Cabos. C’est normal, après tant d’aventures en si peu de temps. L’entrainement qui t’attend demain n’a rien à voir avec celui que tu as suivi ce matin, donc tu ferais mieux d’aller te coucher maintenant, avant tous les autres.
Le golden retriever remercie l’Amiral et sort tranquillement. Lorsqu’il s’apprête à refermer la porte, le berger allemand l’interpelle :
- Rappelle-moi ton nom.
- Je m’appelle « Falcon », répond l’intéressé.
- Dis-toi que, quand tu seras un super-chien, on t’appellera : « Falcon-Dog » !
La remarque fait sourire le chiot, qui ne prend pas ça au sérieux, tandis qu’il se dirige vers les dortoirs.
Dans son sommeil, le golden retriever rêve qu’il porte une cape, devant une foule de Canins qui l’acclament en chœur : « Merci, Falcon-Dog ! ».

Pendant ce temps, Suprêmiaou se prépare à aller dormir dans son lit suprême. Dans ces moment-là, le félin suprême est particulièrement énervé. Ce qui est souvent le cas. Malheureusement, quelqu’un tape à sa porte de chambre.
- Entrez ! lance Suprêmiaou, agacé.
Un tigre en uniforme militaire entre et s’incline poliment. Il s’agit du Colonel Firat, le chef des armées félines. Les tigres sont très rares dans les contrées d’Ethélys. Ces grands félins sont réputés pour leur force et leur courage. Le Colonel Firat est le guerrier le plus puissant de tous les félins, et le Suprêmiaou le respecte énormément.
- Navré de vous déranger, s’excuse le tigre.
- Faites vite, Firat !
- J’ai deux informations importantes à vous transmettre. C’est au sujet du félicoptère que vous avez envoyé en repérage, afin de vérifier les coordonnées du QG ennemi. (Le Colonel marque une pause.) L’appareil a été détruit.
Suprêmiaou retient sa colère suprême en inspirant profondément. Puis il se force à sourire et demande :
- Vous aviez une autre information à me transmettre, n’est-ce pas ?
- En effet, confirme le Colonel Firat, avec un petit sourire de côté. Avant que le félicoptère ne soit détruit, le pilote a eu le temps de nous envoyer une dernière communication radio. (En entendant ça le chef suprême parait un peu plus intéressé.) Dans son dernier message, le pilote du félicoptère nous a confirmé que les coordonnées étaient exactes.
En prenant place dans son lit suprême, Suprêmiaou pousse un grand soupir de soulagement. Le félin s’enroule dans sa couverture et déclare :
- On va enfin pouvoir les écraser une bonne fois pour toutes ! (Après un baillement, il continue :) Vous vous en occuperez demain, Colonel. Préparez une armée. Même deux, ou trois s’il le faut ! Tout ce que je veux, c’est que cette minable Révoltruffe arrête de nous embêter. Compris ?
- Compris, grand chef suprême ! obéit Firat, avec le sourire. Je vais tout faire pour venir à bout de la Révoltruffe…

Le lendemain matin, l’Amiral Cabos est le premier réveillé de tous les membres de la Révoltruffe. Il vient de se réveiller en sursaut, totalement paniqué, à cause d’un terrible cauchemar.
Dans son mauvais rêve, Cabos se trouvait dans une immense forêt, tout seul. Par réflexe, il a grimpé dans un arbre pour regarder aux alentours. L’Amiral pouvait apercevoir le QG de la Révoltruffe, depuis son arbre. Soudain, des centaines de félicoptères ont débarqué et se sont mis à bombarder le QG, sous le regard horrifié du berger allemand. Ce dernier observait la scène en totale impuissance, tandis qu’une silhouette se rapprochait de lui dans son dos. Dès qu’il s’est retourné, Cabos se trouvait en face de Suprêmiaou. Celui-ci riait de manière exagérée, si bien que sa bouche est devenue énorme et a englouti l’Amiral.
En se levant de son lit, le chef de la Révoltruffe soupire et murmure pour lui-même :
- Encore un cauchemar… Mais celui-là est bien plus terrifiant que les autres.
Le berger allemand marche lentement vers son bureau et se laisse tomber dans son fauteuil. En repensant à l’attaque de la veille, Cabos réfléchit à haute voix :
- Mmh… Peut-être que ce cauchemar est lié aux événements d’hier, après tout. D’ailleurs, je me demande toujours comment ce félicoptère a pu trouver les coordonnées de notre QG. Au départ, j’ai tout de suite pensé que cet appareil ennemi se trouvait là par hasard et qu’il avait ensuite repéré nos bâtiments. (Tout-à-coup, l’Amiral pense à quelque chose de grave, ce qui le fait sursauter.) Oh, non ! On peut supposer que … le félicoptère connaissait nos coordonnées !
Désespéré, l’Amiral Cabos se prend la tête entre ses pattes et déduit :
- Si Suprêmiaou sait où nous sommes, il ne va pas tarder à envoyer ses troupes pour tout détruire. (Après un très long soupir, le chef de la Révoltruffe conclut :) Il y a deux solutions qui se présentent. D’abord, on pourrait essayer de se défendre. Malheureusement, nos tourelles de tir et nos soldats ne font pas le poids face à la grande armée de Suprêmiaou. La dernière solution est dure à accepter, mais il est hors de question de mettre la vie de nos soldats en danger. Nous allons devoir… déserter le QG.

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