𝟸 | 𝙺𝚄𝚁𝙾𝙾 (𝟹)

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Bonne lecture !

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Des mains brutalement posées sur son torse réveillèrent Kuroo en sursaut.

Tiré de son rêve, il mit quelques secondes à retrouver une vision stable, et à comprendre les sons qui parvenaient jusqu'à ses oreilles. Des cris, des coups de feu, et la voix de Daishou Suguru qui ne cessait de lui hurler :

— Debout Kuroo, putain ! Allez, lève-toi !

Il sentit un souffle au-dessus de son visage, puis plus rien. Sa chambre lui apparut alors : aussi mal rangée qu'il l'avait laissé la veille en s'endormant, et aussi sombre que la nuit qui apparaissait derrière les rideaux le laissait supposer.

Au-dehors, un incendie. Des flammes. De la lumière rouge.

Et des cris, beaucoup de cris.

Kuroo se redressa dans un sursaut. Dans la pièce, Daishou récupérait quelques objets en jurant à voix haute : il prit une batte de base-ball qui traînait dans un coin, puis un sac à dos à moitié rempli.

— Debout ! ordonna-t-il en voyant que Kuroo s'était assis. Allez vite, grouille !

Le ton de sa voix ne laissa que peu de place au doute : il fut sur ses jambes en un rien de temps. Le souffle court, le ventre serré, il enfila ses chaussures et son manteau, puis attrapa un petit couteau dans sa table de nuit.

— Qu'est-ce qui se passe ? demanda-t-il en se glissant derrière sa porte.

Lentement, il colla son oreille contre le bois, et entendit des pas et des voix. Ses yeux s'écarquillèrent, et Kuroo sentit une sueur froide couler le long de sa nuque.

— On se fait attaquer. J'ai rien compris, j'ai juste entendu les cris, et.. et y'a ce type qui a buté Yui. Ils sont entrés sur l'île, mais je sais pas comment et...

Daishou secoua la tête, et posa sa main sur celle de Kuroo au moment où ce dernier allait abaisser la clenche.

— N'ouvre pas cette porte, faut qu'on se barre par la fenêtre.

Le bungalow dans lequel vivait Kuroo comportait trois chambres, une cuisine, et un salon.

— Le feu est arrivé jusqu'à ta porte. Je suis rentré juste à temps mais... merde, faut qu'on fasse vite.

La chaleur de ce contact bref s'effaça rapidement. Leurs yeux se croisèrent, juste avant que Daishou ne se rue sur la fenêtre pour l'ouvrir. Les sons brutaux envahirent la pièce, retournant l'estomac des deux garçons.

Il regarda rapidement à droite et gauche, déglutit bruyamment, attrapa sa batte, puis fit signe à Kuroo : il enjamba le chambranle, et s'assura d'être suivi avant de courir de toutes ses forces en direction de la forêt.

Kuroo le suivait de près, les yeux écarquillés d'horreur face à la vision de son camp en feu. Les gens criaient en courant (ou en tout cas les quelques personnes qui étaient encore en vie), et Tetsurou vit le couple qui allait avoir un enfant s'effondrer sous les balles du groupe d'hommes qui les suivait.

Les larmes aux yeux et la peur au ventre, il entra dans la forêt en se perdant entre les grands arbres.

Suivre Suguru ne fut pas aussi simple que prévu : il était bien plus fin, et étrangement plus rapide. De temps en temps, Kuroo le perdait de vue derrière une branche un peu basse ou un buisson épais, et son souffle se faisait plus rapide.

Mais il réapparaissait toujours, droit devant lui. Kuroo ne pouvait s'empêcher d'en sentir une légère satisfaction.

Au bout d'un moment, quand leurs poumons menacèrent d'exploser et que leurs jambes se mirent à trembler, Kuroo vit Daishou ralentir et commencer à s'arrêter sur le côté. Dans leurs dos, la bataille faisait rage, mais au moins avaient-ils instauré une distance de sécurité.

En arrivant près de Daishou, de la sueur coulant sous son épais manteau, Kuroo toussa pendant quelques secondes.

Leurs yeux se rencontrèrent à nouveau.

— Merde, souffla Suguru en essuyant quelques larmes traîtresses. Putain de merde.

Kuroo n'aurait pu dire mieux. Il l'observa en essuyant son front.

— Qu'est-ce qui... s'est passé au juste ?

Plus il y pensait, moins il comprenait. Il s'était endormi dans le calme de la nuit, et s'était réveillé au milieu d'un champ de bataille.

— C'était qui, ces types ? Ceux qui tiraient ?

— Qu'est-ce que tu veux que j'en sache ? Quand je me suis réveillé, ils étaient déjà là, à buter tout le monde.

— Comment ils ont pu entrer ? On a au moins dix postes de garde pour vérifier que justement, personne entre sur notre île. Comment est-ce qu'ils ont pu passer inaperçus ?

Avec rage, Daishou haussa les épaules. Quand il se redressa finalement, les yeux brillants, son doigt pointa une direction à leur droite.

— Faut qu'on aille là-bas. On aura une vue d'ensemble sur l'île. Ils sont forcément entrés quelque part, faut qu'on regarde.

— Et s'ils sont déjà là-bas, comme tu dis ? On sait même pas combien ils sont.

Daishou serra la mâchoire.

— On a pas le choix. Si on fait rien, ils finiront par nous trouver. Faut qu'on se barre d'ici, t'entends ?

Kuroo hocha lentement la tête.

— Ouais. Ouais, t'as raison.

Daishou repositionna son sac sur son épaule, et regarda sa batte avec un air déçu. Il aurait très certainement préféré une arme à feu.

Dans un dernier soupir, Kuroo leva la tête vers le ciel. Il ne devait pas être plus de quatre heures. Ils n'avaient plus que quelques heures avant le lever du soleil.

— D'accord, dépêchons-nous.

Ils se mirent en route, les mines graves et fatiguées.

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La mort à genoux || HaikyuuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant