Bonne lecture !
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Le couloir vers l'arrière-cuisine était long, et Oikawa courait aussi vite que possible, Iwaizumi sur les talons. Sans fenêtre et plongée dans l'obscurité, cette allée pleine de portes était, aux heures de repas, complètement rempli de monde. À présent, ils n'entendaient que leurs cœurs battants, leurs souffles courts, et le bruit insupportable de leurs lourdes bottes contre le carrelage.
La porte était là, au bout, la dernière.
On y est presque.
Une seconde passa ; ce fut sur cette pensée qu'Oikawa perdit connaissance, l'espace d'un court instant. Une porte s'ouvrit brusquement, à la volée et juste devant lui, il ne put ralentir suffisamment tôt, et le bois lui donna l'impression d'exploser sur son front : il tomba au sol, sonné. Un sifflement résonna dans son oreille tandis qu'il gisait sur le carrelage sale.
Derrière lui, Hajime s'arrêta immédiatement, le teint blême. Un poids tomba dans son estomac au moment où il aperçut des cheveux blonds, et où le canon d'une arme pointa son meilleur ami.
— Colonel, comme on se retrouve.
Iwaizumi vit Oikawa cligner plusieurs fois des yeux, et se redresser lentement : Atsumu Miya posa son pied sur son torse et le poussa à nouveau contre le sol. Il l'écrasa de tout son poids, le regardant de haut. Son sourire ravi fit bouillir le sang d'Hajime, qui bougea sa main vers sa ceinture.
— Fais pas de bêtises, Iwaizumi, l'interrompit Astumu. Ça me ferait chier que ça se termine comme ça. J'ai quelques trucs à dire, figurez-vous.
Oikawa sembla revenir à lui, les yeux troubles. Il secoua la tête, se mordit la lèvre, puis avisa le pied qui l'écrasait. Son regard remonta lentement le long de sa jambe, puis son expression se fit pleine de fureur. Il siffla avec colère :
— Toi...
— Eh oui, moi. Vous auriez dû être plus rapide, j'ai mis un moment à comprendre pourquoi tu ne venais pas, tu sais ? On attendait dans les jardins, près de la place, parce que c'est là qu'on est censé se réunir en cas d'urgence. Puis ça a fait tilt. Moi aussi je connais cette sortie, figure-toi, et ça fait un moment que je t'attends. (Son regard se fixa sur le front ensanglanté d'Oikawa. Il sourit:) J'ai pas pu résister, pour la porte.
Il appuya encore davantage avec son pied, et Oikawa grimaça de douleur. Son front et son nez saignaient abondamment, et Atsumu souriait comme un fou. Ses phalanges étaient blanches autour de la crosse de son arme.
— J'ai toujours rêvé de faire ça. J'en crevais d'envie. J'imagine que tu sais que je te déteste, hein ? Toi et ton petit air suffisant, tes soi-disant bons principes qui se sont réveillés du jour au lendemain. Je suis sûr que c'est de ta faute que Shoyo m'en veut à ce point. N'est-ce pas ? Hein ? Je ne sais pas ce que tu lui as dit, mais...
Un air peiné s'étala sur ses traits alors qu'il pointait son crâne du doigt. Tout le côté était plein de sang qui coulait encore, et une ligne tombait le long de sa joue jusqu'à son cou. Son oreille était écrasée. Vu d'aussi près, Oikawa remarqua les vaisseaux éclatés dans l'œil à côté de sa blessure.
— Il m'a défoncé la tête avec une pierre, juste avant de s'enfuir. Je voulais juste le mettre à l'abri. Il m'a traité de cinglé. Triste, hein ?
— J'espère que t'es pas en train de nous sortir le discours du grand vilain, là, cracha Oikawa. Parce qu'autant te le dire tout de suite : je m'en fous complètement.
Atsumu haussa les épaules, et releva son arme. Il visa pile entre les deux yeux. Une sueur coula dans le dos de Tooru. Sa tête tournait.
— J'ai jamais compris ce que le Président pouvait bien te trouver. À part une belle gueule, tu vaux rien du tout. Remarque, peut-être que c'était ça qui l'intéressait.
Soudain, ses yeux se relevèrent, et il offrit un rictus à Iwaizumi. Rouge de colère, ce dernier essaya d'inspirer lentement. Le monde s'était réduit jusqu'à ne plus former que ce simple couloir : eux, une odeur de sang, et le cœur battant dans sa poitrine.
— Jette ton arme par terre, et tu peux partir. Je m'en fiche pas mal de toi, c'est lui que je veux.
Il rajouta avec un sourire :
— Promis.
Hajime sentait sa tête se remplir de fureur : la seule chose qu'il voyait était son pied sale sur le blouson d'Oikawa, et son arme qu'il remuait insolemment devant son nez. La sienne semblait lui brûler la jambe. Cela aurait été si simple de l'attraper. Mais la tête d'Oikawa aurait explosé avant même qu'il n'y pose les doigts, ça il le savait bien.
— Je le tue sous tes yeux, ou alors tu te barres et tout le monde est content.
— Iwa...
Le murmure de Tooru attira son attention bien plus que n'importe quoi d'autre : plus que les battements de son cœur, que le sifflement de ses oreilles, que le dégoût et la peur de ses entrailles. Il croisa son regard, et ce qu'il lut à l'intérieur ne lui plu pas du tout.
— Fais ce qu'il dit. Pars d'ici.
— Oikawa...
— Pars d'ici, Hajime. Dégage.
Sa voix lui prouvait ce que son corps avait compris depuis le début : ils n'avaient aucune chance. Et ces sanglots contenus, à l'intérieur de sa gorge : le regard de Tooru brillait, et Hajime déglutit.
Son visage se froissa douloureusement.
— Non..
— Je veux pas que tu vois ça. Jette ton arme, et pars d'ici.
Hajime hésita. Ses doigts touchaient déjà le métal froid, et son corps était gêlé à présent, incapable de réfléchir.
Il voulait écouter sa voix, l'écouter pour toujours.
— Fais ce qu'il te dit, Iwa. Plus vite ça sera fait, plus vite tout sera fini, n'est-ce pas ?
Fini. Ce mot le fit sursauter, et Hajime trembla.
Il jeta son arme.
— Oika..., commença-t-il.
— Osamu, maintenant.
Le coup de feu fut fulgurant, et Oikawa écarquilla les yeux. À l'envers, la tête renversée, il vit la poitrine d'Hajime, de son meilleur ami, exploser en une gerbe de sang. Son expression se figea, un cri silencieux passa ses lèvres.
Son corps tomba lourdement au sol, et Tooru entendit le ricanement d'Atsumu tandis qu'Osamu Miya baissait son arme, au bout du couloir. Derrière eux. Il venait de lui tirer dans le dos.
Depuis combien de temps se tenait-il là, à attendre qu'Atsumu soit satisfait ? Cette pensée ne traversa même pas l'esprit de Tooru. Il n'y avait rien.
— Tu pensais vraiment que j'allais laisser passer une occasion pareille ? T'es pas aussi intelligent que tu le crois, Oikawa.
Et il vit à peine l'arme qui se leva à nouveau devant son nez, à travers ses larmes salées et sa respiration lourde.
Oikawa ferma les yeux.
Le monde en morceau..., pensa-t-il une dernière fois, juste avant qu'un nouveau coup de feu ne retentisse.
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Oikawa FIN
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La mort à genoux || Haikyuu
Fanfiction| IwaOi | MikaYachi | KuroShou | Fiction terminée | L'Ancien Monde est mort à présent, et les survivants ne sont pas si nombreux. Oikawa, Kuroo, et Mika. Ils ne se connaissent pas, et ne se connaitront certainement jamais. Mais à leur manière, il...