𝟼 | 𝙾𝙸𝙺𝙰𝚆𝙰 (𝟺)

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Bonne lecture !

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De grands pas et une nausée au bord des lèvres : Oikawa Tooru courait presque dans les couloirs de la villa, en direction de sa chambre. À l'intérieur de sa tête, des milliers de pensées tournaient en boucle et fourmillaient, le brûlant presque. Son arme à sa ceinture rebondissait sur sa cuisse, et tout à coup ses vêtements lui parurent bien trop serrés.

Tooru renifla comme un enfant, et frotta sa joue jusqu'à ce que la sensation parte.

Il s'en voulait : dans ce Nouveau Monde, il y avait pire que d'être le favori d'un personnage influant. Aindreas ne pensait certainement pas à mal, et à présent quand on voulait quelque chose, il fallait le prendre. Mais cela ne changeait rien : Tooru se sentait mal, mal de ne pas avoir réagit, mal d'être un aussi grand froussard.

Dans une inspiration douloureuse, Oikawa tourna au coin d'un couloir, et sentit presque aussitôt deux mains se poser sur ses épaules ; quelqu'un l'entraîna dans une pièce vide, et il eut juste le temps de saisir son arme afin de lui mettre le canon sous le nez. Dans la lumière diffuse du petit bureau vidé de ses livres, ses yeux croisèrent ceux d'Iwaizumi.

— Iwa...

— Baisse ça, tu veux ? Un coup est vite parti.

Il le fit immédiatement, en sentant ses lèvres trembler. Une nouvelle inspiration le poussa à se calmer et à ravaler son sanglot. Étrangement, il aurait voulu être seul, mais le reflet dans les yeux de son meilleur ami le convainc de lui offrir sa pleine attention.

Il se redressa.

— Ça va pas ? entendit-il.

Tooru voulut parler : quelques mots auraient suffi. Mais il n'en avait pas envie. Sa culpabilité, la petite voix qui lui disait que ce n'était rien. Il secoua la tête.

— Si. Si, ça va. Pourquoi est-ce que tu...

Sa voix s'éteignit tandis que ses yeux tombèrent sur le sac qu'Hajime tenait dans sa main.

— Pourquoi est-ce que t'as mon sac ?

Il avait lui-même cousu le badge alien sur la doublure, quand il était au lycée.

— On doit aller vite, lui répondit-il.

Sur le visage de son meilleur ami, il aperçut un air sérieux qu'il ne lui voyait que rarement. Pas aussi grave, en tout cas.

— Hajime ?

— Tu voulais partir, non ? Alors faut qu'on se grouille. J'ai préparé tes affaires, et comme je te trouvais pas...

Il secoua la tête.

— Hinata est avec nous. Et Kenma est avec lui. (Il regarda sa montre) Il nous reste quinze minutes pour filer d'ici avant que l'armurerie ne saute. J'ai été prendre des recharges, alors...

La bouche entre ouverte, Oikawa fixa Hajime. Son air sévère et ses sourcils froncés, ses joues parsemées d'une barbe récente, ses yeux sombres. Il attendit trois secondes avant de se jeter sur ses lèvres : un baiser vif et intense, aussi rapide qu'une pluie d'été.

Un nuage passa, puis le soleil réapparut. Tooru se recula.

— Je serais jamais parti sans toi, murmura-t-il en le serrant contre lui quelques secondes de plus.

— Je sais bien. Moi non plus. Allez, faut se bouger. Si Miya nous tombe dessus, on est morts.

Il hocha vivement la tête, et Hajime prit sa main quelques secondes. Une chaleur agréable, dont il profita jusqu'au dernier instant.

Quand la porte s'ouvrit, Oikawa avait ses doigts autour de son arme, et affichait un air décidé. Plus question de revenir en arrière.

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La mort à genoux || HaikyuuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant