Bonne lecture !
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Avec un soupir satisfait, Mika plongea sa main pleine de callosités dans le seau d'eau froide qui se trouvait entre ses jambes.
Assise sur une chaise de cuisine, dans un appartement abandonné, elle observa l'eau se teinter légèrement avant de lever la tête vers Yachi. Cette dernière faisait encore couler l'eau dans l'évier plein de poussière qui n'avait pas servi depuis un bon moment.
Au début, le robinet avait été complètement bouché par le calcaire. Puis, après quelques coups de couteau bien placés de la part de Mika, l'eau s'était mise à couler à flots, remplissant largement les deux immenses bassines qu'elles avaient dénichées dans un placard.
— Elle est un peu froide, mais franchement ça va.
— C'est le premier immeuble de la rue avec les canalisations encore en bon état, répondit Yachi en haussant les épaules. Ça sera toujours mieux que rien du tout.
Yachi se retourna pour lui lancer un regard complice, puis éteignit l'eau.
— Tu veux y aller la première ? Je peux laver nos vêtements en attendant.
Au départ, Mika avait été bien trop gênée de lui laisser ses vêtements et sous-vêtements sales : dans ce Nouveau Monde, la propreté était quelque chose de vraiment rare et subjectif, ainsi elle finissait toujours par froncer le nez en rougissant face à l'odeur des tissus qu'elle portait.
Heureusement, elles s'échangeaient la tache de temps à autre. Cela lui permettait au moins de relativiser.
— Je... d'accord. J'en ai pas pour longtemps.
— Tu peux prendre ton temps. Il pleut des cordes dehors : on va pas pouvoir repartir avant un moment. Et de toute façon, nos fringues sont déjà trempées.
Yachi lui sourit gentiment, puis haussa les épaules. Elle avait raison : son t-shirt blanc, celui qu'elle mettait sous ses pulls et son manteau, était devenu légèrement transparent. Mika détourna pudiquement le regard, puis hocha la tête.
— Merci, souffla-t-elle. Je... tu pourras venir me laver les cheveux, après ?
Une fois, Mika était tombée malade. Folle de colère après avoir entendu l'une des personnes du camp du nord lui dire que son frère était sûrement déjà mort, elle avait erré dans les rues pendant trois jours avant de revenir auprès de Yachi. Fièvre et nez bouché : la jeune femme était restée à ses côtés pendant un moment, pour finalement lui laver les cheveux une fois sa température tombée.
La sensation avait été tellement douce et agréable que de temps en temps elle se permettait de le lui demander à nouveau.
Yachi hocha la tête, amusée.
— Gros bébé, rit-elle et Mika fit la moue.
Quand elle referma la porte de la salle de bain de l'appartement, seul le son de son cœur et de la pluie qui frappait la fenêtre se fit entendre. Elle inspira un grand coup, posa brusquement la bassine remplie d'eau sur le sol, puis plaqua ses paumes sur ses joues brûlantes.
Il faisait froid dans la pièce, et en enlevant ses vêtements avec précaution, Mika fut parcourue d'un grand frisson. Tout en soutenant sa poitrine de son bras sans trop savoir pourquoi, elle rouvrit légèrement la porte et plaça ses habits sales juste à côté, à l'extérieur.
Une fois à nouveau enfermée, elle se sentit étrangement vulnérable et tourna son regard vers l'extérieur. De là, on pouvait voir l'immeuble d'en face et d'ordinaire, Mika ne doutait pas que le bruit infernal de la route juste en dessous devait leur parvenir parfaitement.
En attendant, tout ce qu'elle voyait était la pluie : un rideau épais et bruyant qui l'empêcherait de ne serait-ce qu'apercevoir le ciel.
Elle s'assit sur le rebord de la baignoire, puis commença à frotter sa peau avec le gant qu'elle venait de trouver dans le meuble sous le lavabo. L'odeur du savon un peu sec lui fit du bien, et l'eau froide lui arracha plusieurs grimaces.
Au final, quand elle s'enroula dans une serviette un peu poussiéreuse, les cheveux déjà humides, Mika se dirigea vers la porte et pénétra dans le salon. Dans la cheminée, Yachi avait allumé un feu : la température de la pièce lui arracha un soupir de satisfaction.
— T'as déjà terminé ? entendit-elle. Je t'ai dit que tu pouvais prendre ton temps.
— J'arrive pas à me faire à l'eau froide.
D'un pas lent, elle vint s'asseoir dans l'épais fauteuil moelleux que Yachi avait déplacé devant la cheminée. Il y en avait deux, et elle lui tendit un paquet de vêtements depuis le deuxième.
— Tiens. Les anciens habitants devaient avoir une ado à la maison ; j'ai trouvé sa chambre et j'ai pu prendre quelques sous-vêtements. Je t'ai rajouté un t-shirt, le temps que ton pantalon sèche.
Dès le début, Mika avait été affreusement bornée. Le pantalon en toile épaisse qu'elle portait depuis la fin du monde était à son frère, et même s'il était largement trop grand, elle le resserrait à la taille à l'aide d'une ceinture. Quand celle-ci était morte, elle passait dans un magasin de vêtements pour en reprendre une.
— Merci, Yachi.
Sans attendre, cette dernière détourna le regard dans l'autre sens, tandis que Mika retirait la serviette pour s'habiller. Cela ne dura que quelques secondes, et à la fin Mika en profita pour lui lancer un petit coup d'œil : le blond de Yachi ne faisait que changer au fil du temps et en fonction des saisons. À présent, il était un peu moins foncé que trois semaines plus tôt, mais tout de même pas aussi clair que durant l'été.
Deux ans plus tôt, elle avait coupé ses cheveux courts, et Mika s'était toujours demandé si elle trouverait un jour le courage de faire la même chose. Ses longs cheveux, c'était un souvenir, une preuve qu'avant avait bien existé.
Quand, au bout de longues secondes, les yeux de Yachi ne revinrent pas vers elle, Mika fronça les sourcils et se pencha sur son fauteuil. Elle observa sa poitrine se soulever lentement avant de redescendre, puis ne put s'empêcher de sourire en remarquant ses yeux fermés et son visage détendu.
Apparemment, la première garde était pour elle.
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La mort à genoux || Haikyuu
Fanfic| IwaOi | MikaYachi | KuroShou | Fiction terminée | L'Ancien Monde est mort à présent, et les survivants ne sont pas si nombreux. Oikawa, Kuroo, et Mika. Ils ne se connaissent pas, et ne se connaitront certainement jamais. Mais à leur manière, il...