𝟻 | 𝙺𝚄𝚁𝙾𝙾 (𝟸)

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Bonne lecture !

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— Putain, Kuroo ! Je t'ai déjà dit qu'on pouvait pas traîner !

Même en chuchotant, la voix sèche de Daishou poussa Kuroo à serrer la mâchoire. Depuis le début, son cœur battait la chamade et à présent il n'avait pas pu s'en empêcher : ils venaient de passer devant la réserve d'eau potable de l'île, une sorte de petit lac qui se remplissait dès qu'il pleuvait. La gorge irritée de Kuroo n'avait pas pu attendre une minute de plus.

— Je vais mourir déshydraté avant qu'on arrive là-bas, grogna-t-il en plongeant sa main dans l'eau claire.

Derrière lui, Daishou arriva en quelques pas.

— Laisse-moi boire deux secondes, et on repart.

— Ils vous nous rattraper. J'ai entendu des chiens aboyer : ils vous nous mettre la main dessus et...

Daishou !

Des gouttes le long du menton, Kuroo se redressa rapidement et lui attrapa les épaules. Son visage près du sien, il le força à le regarder dans les yeux.

— Je sais que t'es sous pression, et qu'on est que deux contre eux, qu'on doit se grouiller et qu'on peut se faire choper à tout instant, mais faut vraiment que tu te calmes.

Il eut envie de l'embrasser. Pendant une seconde, ses yeux regardèrent ses lèvres, mais Kuroo inspira en se disant que c'était déplacé et idiot.

À la place, il se força à faire apparaître un rictus sur le bord de ses lèvres :

— Tu manies cette batte bien mieux que moi. On est deux, d'accord ? Tout seul, je m'en sortirais pas.

Le regard de Suguru fit quelque chose d'étrange ; un peu brillant, un peu triste, et un peu en colère. Puis, au fond, le même sentiment que Kuroo avait vu dans ses yeux quand ils sortaient ensemble, et qu'il l'embrassait le matin, même s'il disait après que le goût était dégoûtant.

La bouche de Daishou s'ouvrit :

— Ouais, désolé. C'est sûr que tout seul tu t'en sortiras pas.

Il recula d'un pas, puis haussa les épaules. Kuroo plissa les yeux, soudain très conscient qu'il ne savait plus trop quoi faire de ses bras ballants.

— Aha, super drôle. Tu sais quoi, c'est la dernière fois que j'essaye de te...

Le silence de la forêt s'arrêta soudain, et Kuroo ne put terminer sa phrase. Son estomac se retourna, un grognement horrible résonna entre eux, et la peur s'infiltra à nouveau dans les yeux de Daishou alors que derrière son épaule, un infecté s'avançait vers eux entre les arbres.

Merde.

Sans attendre une seconde, Kuroo tira le bras de Daishou pour l'éloigner du mort et recula d'un pas : celui qui s'approchait portait des vêtements déchirés et avait un morceau de la mâchoire arrachée. Pourtant, cela ne l'empêcha pas de grogner une nouvelle fois, et de foncer vers eux en boitant.

— Dégage-toi !

Cette fois, ce fut Daishou qui le poussa derrière lui. Rapidement, il leva sa batte et l'écrasa sur la tête de l'homme une fois qu'il fut assez près. Un bruit mouillé résonna entre eux, il s'écroula dans l'herbe humide, et Kuroo respira à nouveau en voyant des morceaux de cervelle tapisser la terre.

Il ne se releva pas, et Suguru lui lança un regard irrité.

— Y'a jamais eu d'infectés sur l'île. Plus depuis qu'on l'a nettoyé, en tout cas. Merde, tu crois que...

— Que ces types se sont pas contentés de décimer notre camp, mais qu'en plus ils ont ramené des infectés avec eux pour s'assurer de tuer les fugueurs ? Ouais, j'ai l'impression.

D'un geste sec, Daishou ramena la batte sur son épaule en ignorant le sang qui en coulait.

— Faut qu'on se grouille. Une fois qu'on aura atteint le port, on dégage et on les laisse faire leur vie.

Les joues rouges, Kuroo le regarda le dépasser : ses pas rapides et décidés, et son air irrité. Daishou Suguru revenait petit à petit, le même qui avait écrasé son pied sur les parties intimes d'un mec juste parce qu'il avait très mal parlé à l'une des filles qui camp. Et qui partait toujours pour sa garde avec une hache dans les mains.

— Kuroo, tu viens ou quoi ? T'attends que d'autres infectés nous tombent dessus ?

Ses pieds prirent le même chemin que Daishou, avec un sourire déplacé : ils étaient dans la merde jusqu'au cou, et tous leurs amis étaient sûrement morts. Pourtant, Kuroo ne put s'empêcher de regarder Daishou, de se souvenir des excuses qu'il avait voulu lui présenter, de regarder son dos avec une admiration contenue, et de le suivre car au fond, il ne pouvait s'empêcher de penser au fait que quand Daishou Suguru avait entendu les coups de feu et vu des intrus chez eux, c'était dans sa chambre qu'il était venu.

C'était lui qu'il était allé sauvé en premier, lui qu'il avait réveillé en sursaut, lui qui avait traversé ses pensés alors que le feu dévorait tout sur son passage.

— J'arrive, dit-il. Si on en croise un autre, hésite pas à lui détruire le crâne de la même manière. Mon héros.

— La ferme.

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La mort à genoux || HaikyuuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant