6- Je te hais

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Point de vue Nathan:

Je me sens vide, perdu. Il y a rien autour de moi, il n'y a jamais rien eu. Pourquoi je me comporte comme ça? Ce n'est pas que ca me plait c'est juste une protection. En blessant ceux qui m'entourent ils ne peuvent pas me blesser. J'aime à penser être à l'abris dans mon vide qui me guide depuis si longtemps. Je n'ai plus ressenti le moindre amour depuis le décès de ma mère. Je me demande si c'est à cause de moi qu'elle est morte. Je mérite vraiment tout ce qui m'arrive. Je ne supporte plus les tortures de mon géniteur. Chaque jour je me dis que c'est trop et que je dois abandonner. Pour autant chaque jour se répète et je n'abandonne jamais. J'aimerais tout comme lui me fondre dans l'alcool, ce liquide sombre qui l'aide à ne pas penser à sa douleur. Un père doit bien éduquer son fils, c'est ce qu'il fait. Il m'apprend à ne jamais montrer la moindre émotion et à satisfaire les attentes de tout les autres.
La mer de nuages qui m'englobe me fait me questionner quant au but de ma vie. La brise légère et douce vint me bercer. Je sens une chaleur agréable s'accrocher à moi avec amour.

De l'amour?

C'est vraiment ça l'amour c'est cette sensation chaude qui m'entoure. Je ferme les yeux pour mieux savourer cette émotion. Si elle reste trop longtemps je risque de m'y habituer et il ne faut pas. Mais pourquoi je n'arrive pas à bouger. Mon corps refuse de m'obéir.

L'amour est vraiment toxique.

L'amour m'empêche de bouger et de penser correctement. Personne n'est pourtant autour de moi dans cette mer de nuages. Alors pourquoi cette chose invisible me retient. Je ne veux pas goûter à l'amour. Je ne veux pas en devenir dépendant. Etre dépendant revient à être faible et si je suis faible alors je serai frappé. Si je suis faible je n'aurais plus la force de continuer.

Les gens disent que lorsque l'amour nous prend alors chaque pensée chaque idée chaque parcelle de notre vie est tourné vers ce sentiment.

Ils disent que quand quelqu'un prend notre cœur ça fait mal et l'on a des papillons dans le ventre. Je n'en veux pas de ces papillons.

Même si je les ai déjà ressentis.

On parle souvent d'une personne quand on pense à l'amour mais moi je pense à plus. Je pense aux entraînements, aux vies que je sauve, aux soirs de garde, aux longues heures de route mais aussi à la mort. C'est les efforts que je fournis quotidiennement qui me maintiennent qui me font respirer. J'aime la contraction de mes poumons et l'air que je sens durement circuler. Plus que ça c'est tous les états physiques et mentaux qui me font me sentir vivant. L'utilité que j'apporte et les sourires des personnes. Je voudrais voir se dessiner des lumières dans le noir, des troupes à mes arrières et des mains tendues. Je suis amoureux de cette vie, amoureux de l'armée. C'est un endroit où l'on sait que peut importe si on tombe quelqu'un sera toujours là pour nous relever. Moi je veux être cette personne. Je veux relever les personnes et les pousser à donner le meilleur d'elles-mêmes.

Si j'aime autant l'armée alors pourquoi quelque chose d'autre me retient. Pourquoi je ne peux pas me lever pour me préparer à faire des heures supplémentaires.

Je n'aime pas l'amour il me force à faire des choses inconsciemment. Comme j'aime l'armée je fais des heures supplémentaires. Mais aussi j'accepte le châtiment de mon père. Il dit souvent que c'est car il m'aime. Car il veut créer le meilleur de moi même. Mais je ne sais pas si c'est vrai. Je me sens perdu dans ce monde où tout le monde dit t'aimer. Je n'ai jamais compris.

J'ouvre les yeux pour me retrouver finalement juste dans ma chambre. Je me sens lourd comme si un poids était attaché à moi. C'est un matin comme les autres, la même routine, les même habitudes. Je soupire et tente de me lever quand quelque chose me rapporte sur lui. Je tourne la tête et aperçois Gabriel. J'avais oublié qu'il était là lui. Je m'en débarrasse comment maintenant? Je le détail du regard. Ces grands yeux bleus sont fermés et lui donne cet air paisible avec lequel on ne le voit jamais. Cet homme d'habitude beaucoup énergique est dans son sommeil plutôt calme. Ses cheveux violets rosés sont en bataille et n'ont pas vraiment de sens démontrant la possibilité d'être bordélique même en dormant. Sa bouche est ouverte et de la bave en dégouline. Ce gars est vraiment un enfant. Et tout comme un enfant il dégage une certaine aura qui me donne cette envie de le protéger; chose dont je suis incapable si je ne suis pas capable de l'assumer. Ses bras m'enveloppent et me serrent doucement. A t-il peur que je parte? Je me tourne plus pour me retrouver complètement face à lui. Le fait que je bouge ne l'a pas perturbé il dort toujours à poings fermés. Je passe doucement mes doigts dans ces cheveux jouant avec. Il a des cheveux doux. Je rapproche doucement ma tête et soulève les meches qui tombent sur son front pour y déposer un baiser délicat. Hors de question que j'embrasse sa bouche bavante ! Et puis ce n'est pas respectueux de voler des baiser. Depuis quand je suis respectueux moi?
Je le regarde paisible, je suppose que je peux bien louper quelques heures supplémentaire et dormir plus pour ne pas le réveiller.

Destins entremêlésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant