Partie 20 - Aveux

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Une détonation brutale l'interrompit d'un coup. Le violence du son se propagea dans la ruelle et sa résonance resta en suspend quelques secondes. Ce son, Daryl le connaissait.

Un coup de feu. Provenant d'un 9mm sans doutes.

Contre toute attente, une rafale de coups de feu vint s'ajouter au premier.

Par réflexe, ils se plaquèrent contre le mur le plus proche. Même si les détonations semblaient provenir de plus d'un kilomètres, mieux valait jouer la carte de la prudence. Quand les coups de feu cessèrent enfin, un silence glauque s'installa autour d'eux.

Les trois compagnons échangèrent un regard. Le visage de Tristàn, qui s'obstinait à maintenir une expression détendue depuis le début de leur visite, s'était maintenant assombri. Sa mâchoire tendue trahissait sa nervosité.

- On se barre, murmura-t-il entre ses dents.

D'un accord commun, ils se décolèrent du mur pour rebrousser chemin à la vitesse de la lumière. Quand ils ralentirent enfin le rythme, la tension régnait toujours. L'air semblait s'être considérablement alourdi.

- Eh ben... Au moins on sait pourquoi les gens restent calfeutrés chez eux, lança Daryl pour briser le silence.

Quelques secondes s'écoulèrent avant que l'un des deux amis ne se décide à prendre la parole. Ce fut Valériane qui se lança enfin :

- Dis-moi Tristàn, tu te souviens de quand datait le magazine que tu as lu hier soir à l'hôtel ? Tu sais, celui qui disait que Medellín avait réussit à réduire les inégalités et développer le tourisme. Parce qu'apparemment, il était un peu périmé... ou alors le journaliste n'a jamais mit les pieds ici !

Son ami mit quelques secondes à réagir.

Sans prévenir, Tristàn bifurqua d'un coup et son point s'écrasa contre le mur le plus proche. C'était la première fois que Daryl le voyait ainsi. Une expression grave planait sur son visage. Elle semblait bien loin de l'attitude joviale que le jeune colombien affichait en quasi permanence.

- Joder de mierda... J'aurais jamais dû vous emmener ici, s'exclama Tristàn, la tête baissée.

- Oui, tu n'aurais pas dû, répondit Valériane sur un ton neutre. Mais tu ne pouvais pas savoir. Ce qui est fait est fait.

- Por dios si j'avais su ! La situation a complètement changé par rapport à celle qui était présente quand je me suis barré d'ici ! Tous les efforts qui avaient été faits pour sécuriser le quartier ont complétement disparus...

- Tu sais d'où venaient les coups de feu qu'on a entendu ?

- De la comuna 13, fit-il, accablé. C'était l'un des quartiers les plus chauds à l'époque d'Escobar. Sa réputation était largement remontée ces dernières années et on pouvait même s'y promener sans craindre une quelconque agression. C'est le quartier où j'ai grandi et j'y suis particulièrement attaché. Le magazine que j'ai lu disait même que la comuna 13 commençait à s'ouvrir au tourisme ces dernières années. Ça m'a rendu si fier ! Je comptais y passer pour revoir les lieux de quand j'étais gamin. Mais la réalité n'a rien à voir avec ce qu'il se raconte. Ça me flingue de voir que la situation a fait un bon en arrière comme ça... J'ai l'impression de me retrouver dans les récits que me racontait ma mère, du temps où la guerre des gangs avait lieue. Je vous ai mis en danger en vous emmenant ici.

- Tu ne pouvais pas savoir Tristàn, répéta Valériane.

- La situation aurait pu complètement dégénérer. J'aurais dû...

- Bon, les interrompit soudain Daryl. Je voudrais surtout pas interrompre votre quart d'heure lamentations mais je vous rappelle qu'on est pas encore sortis d'affaire. Donc si ça vous dérange pas trop, ce serait bien qu'on se dirige gentiment vers le téléphérique avant de devoir passer la nuit à la belle étoile, avec une balle dans la tête en prime.

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⏰ Dernière mise à jour : Nov 21, 2020 ⏰

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