Partie 13 - Timed out

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Evy conduisait en trombe à travers les rues New-yorkaises. Les grattes ciel se succédaient sans qu'elle ne leur adresse un moindre regard. Elle ne savait pas où elle allait. Tout ce qu'elle voulait c'était rouler, rouler et encore rouler. Il lui semblait voir des flammes danser dans les fenêtres des immeubles qu'elle dépassait. Elle accéléra et fit rugir son moteur. Elle prit à droite, à gauche, puis encore à gauche. Finalement, elle donna un coup de volant brutal pour se ranger entre deux voitures stationnées. Un klaxon retentit tandis que la voiture qui la suivait la dépassait. Son conducteur, en colère, lui fit un magnifique doigt d'honneur. La jeune femme lui répondit sur le même ton, mais le chauffeur était déjà loin.

- C'est ça, tire-toi ! Grinça-t-elle entre ses dents.

Comme si elle n'avait que ça à faire que de penser à mettre un foutu cligno de merde !

Allez calme-toi... inspire, expire... 

Elle ouvrit doucement la portière et balaya la rue d'un regard prudent avant de s'extirper du véhicule. Elle rejoignit l'entrée d'un immeuble en trottinant et pressa le bouton de la sonnette. Elle attendit. Les secondes lui semblaient durer des heures. A moins que ce ne soit dû à son empressement ? Elle ré-appuya. Toujours aucune réponse.

Tristàn, s'il te plait répond-moi... Raaah ! Et moi qui n'est toujours pas de téléphone !

Elle finit par reculer et leva la tête pour apercevoir la fenêtre de son ami. Les volets étaient fermés. Tristàn n'était apparemment pas chez lui. Un éclair de frayeur lui zébra soudain l'esprit.

C'est pas vrai ... Dîtes-moi qu'il ne lui ai rien arrivé !

Vu comment son appartement avait été ravagé, ces salopards pouvaient très bien s'en prendre à son ami. Il l'avait trouvé elle, alors pourquoi pas lui ?

Du coin de l'œil, elle aperçut une cabine téléphonique au bout de la rue. Elle s'y précipita, faisant claquer la porte transparente dans son empressement. Elle attrapa le combiné et composa le numéro de son ami d'une main fébrile. Les tonalités retentirent, lentes et interminables. Enfin, on décrocha :

- Allô ? Lança une voix grave.

- Tristàn c'est moi ! Putain je suis morte d'inquiétude ! Balança-t-elle d'une traite. T'es où bon sang ? Je suis devant chez toi et...

- Allô ? Allô ? Ah mais non, c'est vrai que je suis pas là, haha ! Désolé, faudra me rappeler. Mais soyez pas triste, vous pouvez toujours me laisser un message. Allez ciao ! -Biip-

La jeune femme laissa le monologue railleur de son ami se terminer, incapable de raccrocher. Dans un état second, elle entendit le "Biip" du répondeur retentir. Elle décolla lentement le téléphone de son oreille. Les battements de son cœur tambourinaient frénétiquement à ses oreilles. Elle n'avait jamais autant haït l'humour de Tristàn, jamais autant qu'à cet instant. Des sentiments contraires s'agitaient dans son esprit. Elle avait envie de balancer un coup de poing dans la mâchoire de son ami. Ça, c'était une certitude. Presqu'autant qu'elle ressentait le besoin de le serrer dans ses bras pour s'assurer qu'il allait bien.

Elle finit par ressortir de la cabine, complétement ravagée par l'ascenseur émotionnel qu'elle venait de subir.

Pitié, faites qu'il ne lui soit rien arrivé...

Soudain, des éclats de voix retentirent dans la rue. Des gens arrivaient. La blonde releva brusquement la tête, comme si elle émergeait d'un cauchemar. Sauf que non... elle le vivait toujours son cauchemar !

Elle rejoignit précipitamment son véhicule, juste avant que le groupe de jeunes qui arrivait ne la remarque. Dans le calme de l'habitacle, elle bascula la tête en arrière, dépitée. Qu'allait-elle faire maintenant ? Un sentiment d'étouffement l'envahit. Elle se sentait prisonnière, avec cette putain d'impression de perdre le contrôle. Impossible pour elle de rejoindre son appartement. Impossible d'aller se réfugier chez Tristàn. Impossible de savoir si son ami était toujours en un seul morceau... A cette pensée, sa tête se mit à tourner dangereusement. Elle se força à recentrer son attention sur son appartement pour ne pas flancher. Le simple fait de songer à la disparition de son ami lui retournait le cœur.

Is it love ? Daryl - Seule reste la plumeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant