Partie 14 - Pile ou face

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A pas lents, la jeune femme se rendit dans la salle de bain pour se passer un peu d'eau fraîche sur le visage. Lorsqu'elle releva la tête, elle fit face a son reflet dans le miroir. Elle avisa les dégâts. Son maquillage avait coulé, laissant de longues trainées noires sur ses pommettes. Ses joues rosies contrastaient avec son teint anormalement pâle.
Pourquoi avait-elle pleuré déjà ? La pression sans doute... Ces dernières heures n'avaient pas été des plus calmes. Mais elle s'en voulait de s'être laissée aller de la sorte. Depuis quand était-elle si émotive, au point de laisser transparaître un tel éclat de faiblesse ? Il y a quelques années encore, elle s'était pourtant promis de ne plus laisser ce privilège aux gens... celui de laisser ses larmes alimenter leur ascendant sur elle. C'était une sorte de victoire pour eux.
Elle s'essuya rapidement les joues et rejoignit la chambre. Elle laissa ses fesses tomber lourdement sur le matelas en soupirant. Elle fit craquer son cou d'un côté, puis de l'autre. Comme si c'était suffisant pour la détendre ! Son regard se perdit dans le vague, fixé sur le mur aux teintes sombres qui se trouvait devant elle.
La chambre dans laquelle elle se trouvait était à l'image du propriétaire des lieux : classe et soulignée par des touches pimentées par endroits. La jeune femme s'empara d'une petite babiole artistique rouge pétant qui traînait sur la table de nuit en verre. Elle l'inspecta sans vraiment la voir, l'esprit ailleurs.
Pourquoi Daryl avait-il changé si brusquement d'avis ? Est-ce que c'était ça, le pouvoir des larmes chez une femme ?

Complément idiot... Tu dérailles ma pauvre ! Comme si Daryl pouvait s'apitoyer sur quelqu'un !

Ce macho l'avait traitée de profiteuse et elle n'était pas prête de l'oublier !

S'il croit que me prêter une chambre pour la nuit va effacer ça, il se fourre le doigt dans l'œil jusqu'à la rétine !

Trois coups à la porte interrompirent ses pensées. Elle se leva d'un bond.

Quand on parle du loup...

Elle s'éclaircit rapidement la gorge avant de répondre d'une voix la plus naturelle possible :

- Oui ?

La porte s'entrouvrit doucement, faisant apparaître Jon sur le seuil.

Ah bah non apparemment, pas le loup auquel je pensais...

Il la salua d'un signe de tête rapide, avant de lancer un regard circulaire dans la pièce. Il recentra finalement ses prunelles bleues sur elle et s'avança.

- Comment tu te sens ? Demanda-t-il tout de go.

Evy soupira.

- Ça va. Mieux que tout à l'heure en tous cas.

- Okay, c'est cool que t'aie reprit quelques forces !

Un pâle sourire illumina le visage d'Evy.

- Merci... murmura-t-elle.

- Pour ?

- Pour m'avoir emmener jusqu'à Daryl. Et pour m'avoir sorti de cette foutue ruelle aussi. Je ne crois pas avoir déjà prit la peine de te remercier directement et... certains événement récents m'ont fait prendre conscience que c'était une erreur.

- T'en fait pas pour ça, poupée. Sauver les demoiselles en détresse c'est ma routine du soir !

Pour souligner ses mots, il afficha un sourire qui se voulait sans doutes ravageur.

Ça y est, y en a qui se sentent pousser des ailes !

Evy retint de justesse une moue blasée. Enfin, pas assez bien visiblement. Jon éclata de rire devant son sourcil levé.

Is it love ? Daryl - Seule reste la plumeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant