Agathe
J'ai négocié pour conserver les tournesols qui sèchent fièrement à l'arrière depuis plusieurs jours. Voilà une semaine que nous avons fui le camp. Margot semble rassurée en voyant qu'il ne s'est rien passé d'alarmant. Preuve en est qu'elle commence à me questionner sur le physique de mon compagnon de voyage. Enthousiaste, elle insiste, espérant que je vive cette escapade à fond. Gênée par la proximité de Zachary, j'ai repoussé l'idée en bloc.
À présent, il conduit précautionneusement sur les routes françaises, nous amenant vers la frontière italienne, où nous allons poursuivre notre séjour.
Cet homme s'avère... insaisissable. Une fois, il va se montrer très prévenant. L'autre, il témoignera d'une froideur sans pareille. Comme s'il vivait un dilemme intérieur insupportable. Je ne le questionne pas, respectant les règles que nous avons instaurées.
À la dérobée, j'observe son profil. Des sourcils froncés formant une ride sur son front. Des cheveux noirs commençant à boucler sur sa nuque. De longs cils entourant ses prunelles bleues. Une bouche charnue. Des épaules toujours tendues. Des bras fins mais pourtant rassurants. Une aura attrayante.
Il pivote dans ma direction, intrigué.
— Un problème ? s'enquiert-il, visiblement mal à l'aise.
— Non, je... Rien, murmuré-je, prise la main dans le sac.
Il n'insiste pas. Cet homme me chamboule, sans que j'en comprenne les raisons.
Alors que nous faisions les courses, il y a plusieurs jours de cela, je me suis amusée de lui en le voyant acheter des biscuits pour enfant. À cette occasion, j'ai appris qu'il avait vingt-sept ans. Il paraît tellement plus âgé, comme s'il portait le poids du monde sur ses épaules solides... Il s'était renfermé, bougonnant dans sa barbe. Émue, je m'étais calmée et avais ajouté deux paquets de gâteaux dans notre panier, sans un mot.
— Je peux choisir la musique ? proposé-je, en ayant assez d'entendre la même playlist depuis une semaine.
Il me tend alors son téléphone, me laissant accès à son application sans la moindre trace d'hésitation.
— Ne fouille pas, tu risquerais d'y trouver des éléments compromettants, me prévient-il, l'air sérieux.
Ne sachant s'il rigole ou non, je réplique :
— Ah oui ? Du genre : un message de la mafia t'indiquant l'endroit où tu dois me torturer ?
Un rictus soulève le coin de sa lèvre tandis qu'il s'esclaffe. Les moments où il se laisse aller sont si rares... Toujours sur le qui-vive.
— Pour obtenir quel genre d'informations ? renchéris-je.
Brièvement, il tourne la tête vers moi, m'observant attentivement. Mon short en jean remonte jusqu'à mon nombril. Mon haut en macramé laisse apparaître une partie de mon ventre bronzé. J'ai volontairement laissé mes bras à découvert, sachant qu'il ne m'interrogera pas à ce propos.
— Comment t'es-tu brûlée ainsi ?
Zut alors, les pieds dans le plat. Le côté gauche de mon corps a souffert des flammes, il y a de cela de nombreuses années. Mon épiderme a conservé d'innombrables cicatrices, laissant ma peau rosie de ma cuisse à mon épaule. Inconsciemment, je replie mes bras sur moi, cherchant à me cacher.
Les souvenirs affluent dans ma mémoire tandis que ma respiration se coupe brusquement. Par automatisme, je me détourne vers la fenêtre, fuyant son regard insaisissable. La douleur réapparaît, une grimace me tord le visage.
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Fille de pluie
Roman d'amourAgathe profite de ses vraies premières vacances. A vingt-cinq ans, elle décide de vivre enfin pour elle, le temps de quelques semaines. Lui, la rencontre par hasard. Ou peut-être pas ... Il va tout faire pour la mettre en confiance et obtenir ces in...