Fille de pluie

7 * Ce cœur qui perd la tête

Zachary

La nuit est tombée, plongeant l'habitacle dans le noir. À mes côtés, Agathe s'est assoupie. Son souffle régulier soulève inlassablement une mèche rebelle. Dans un geste qui se veut tendre, je la saisis pour la décaler. Elle plisse le nez, lui donnant une moue adorable. Et hop, un salto.

Le cœur a ses raisons que la raison ignore.

Je ne parviens pas à trouver le sommeil, malgré la route que nous avons parcouru aujourd'hui. Par chance, il restait une place dans ce camping. La brune commence à connaître les rudiments du van, m'aidant à le mettre en place. Dans la soirée, nous avons longuement discuté sur notre terrasse improvisée, chassant les moustiques.

Puis la pluie s'est abattue sur nous. Depuis, elle ne cesse de produire un bruit fracassant sur le toit. Étonnamment, Agathe a semblé bercée par ce son tonitruant.

Il doit être une heure du matin, quand elle se lève d'un bond, me faisant sursauter. Son cri fend mon âme en deux, à défaut de mon cœur déjà brisé.

Désorientée, elle tâte son environnement dans le noir. Devinant qu'elle sort d'un cauchemar, j'allume la lumière d'appoint. Instantanément, ses yeux fous se posent sur mon visage. La chevelure emmêlée, la respiration saccadée, la nuque en sueur. Même si la panique monte en moi, je n'en montre rien et lui offre une épaule solide sur laquelle s'appuyer.

— Eh, tout va bien, murmuré-je, tendant ma paume vers elle.

Ni une ni deux, elle se jette dans mes bras et éclate en sanglots. Interdit, je mets quelques instants avant de la serrer contre moi. Ses jambes se placent en travers des miennes tandis que je la berce doucement. Inconsolable, ses doigts crochètent mon Tee-shirt, à la recherche d'une accroche à la réalité.

As-tu rêvé de cet incident ?

Au bout de très longues minutes, elle parvient à se calmer, essuyant ses joues du revers de la main. Je m'attendais à ce qu'elle s'éloigne. Au contraire, elle reste fermement accrochée à mes épaules, nichant son visage dans mon cou. Son souffle s'abat sur ma peau et sa chaleur m'enivre. Chamboulé, je ne bouge pas d'un iota, comme si j'avais peur de me réveiller d'un rêve étrange.

— Pouvons-nous ouvrir une nouvelle parenthèse ? Tu veux bien que je dorme dans tes bras et, dès demain, on oublie ça ? s'enquiert-elle d'une voix fragile, toujours lovée contre moi.

Sans l'ombre d'une hésitation, j'accepte tandis que mon cœur fait une embardée. J'éteins la lumière, nous plongeant dans l'obscurité. Avec une maladresse touchante, elle se blottit contre mon torse pendant que je l'entoure comme je peux.

Cherchant à profiter de la moindre attention qu'elle daigne m'offrir, je la serre un peu plus. Très rapidement, elle repart dans le pays des songes, sans m'avoir donné aucune explication sur son mauvais rêve.

Alors, je dépose un baiser sur le haut de son crâne, même si je n'ai aucune raison de le faire. Et je jouis de sa présence là, tout près de moi.

Son corps chaud paraît épouser le mien à la perfection. Même si ses cheveux chatouillent mon bras, pour rien au monde je ne bougerais.

J'ai conscience qu'elle m'a fait énormément de mal sans le savoir. Pourtant, je sais également que je ne pourrais jamais lui en vouloir. Tout relevait de ma propre responsabilité. La curiosité est un vilain défaut et il m'a mené tout droit en enfer. Agathe se rapproche de moi, son souffle réchauffant mes mœurs.

J'ouvrirai autant de parenthèses qu'elle le souhaite, pourvu qu'elle reste près de moi.

Agathe