Chapitre 6

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Je me réveille le lendemain matin et j'ai trop chaud. J'ouvre la fenêtre de ma chambre et je regarde mon réveil : il est 4h46 et il me reste encore une heure et quarante-cinq minutes à dormir. Cela me parait une éternité. Je me lève et descends à la cuisine chercher un verre d'eau. Dehors, il fait totalement nuit, et il n'y a personne dans la rue. Malgré le vent, je perçois quelques bruits de voitures. J'habite en centre-ville, et à Lyon, il y a toujours quelqu'un debout. Quand je serai plus grande, je rêve de passer des nuits dehors avec mes amis, à faire la fête dans les boîtes de nuit, ou simplement à me balader sur les quais. J'adore vivre la nuit. Je trouve qu'il se passe plus de choses qu'en journée. Si je travaille chez les pompiers, je demanderai à avoir des gardes de nuit.

Je remonte me coucher avec des rêves pleins la tête.

Ma tête. Elle est mouillée. Je suis trempée ! Ma fenêtre est grande ouverte et il pleut. J'ai dû oublier de la fermer quand je me suis levée. En plus, nous sommes en février, alors il fait super froid dehors, ce qui a refroidi ma chambre d'au moins cinq degrés. Quelle poisse... Je vais prendre une douche, et quand je reviens, je choisis des vêtements assortis à mes bottines, car je ne compte pas sortir en baskets par ce temps ! Olivia et Thomas sont en bas et ils m'attendent pour déjeuner. Je n'ai cours que ce matin, mais je n'ai aucune envie d'aller au lycée... Je ne me sens pas capable d'attendre une semaine avant de pouvoir retourner dans mon ancienne demeure. Je meurs d'envie de sécher les cours, mais si Olivia ou Thomas me demandent la raison pour laquelle je n'ai pas assisté aux cours, je ne saurais pas me justifier et ils se rendront compte de mon enquête, ce que je ne veux pas. Je ne sais absolument pas comment ils réagiraient, et je n'ai pas envie de le savoir.

- Tu as bien dormi ? me demande Olivia en me préparant des tartines grillées.

- Oui, ça va.

- Tu n'as pas l'air dans ton assiette. Tu es sûre que tu nous dis tout ? me demande Thomas.

Thomas est moins présent qu'Olivia, mais c'est toujours lui qui perçoit le moindre signe de fatigue, de tristesse, de colère ou de joie à mon égard. Parfois je trouve ça bien, mais là, je sais qu'il voit que je suis préoccupée et je n'ai aucune envie de leur raconter mes angoisses. Je suis donc contrainte d'utiliser la technique du mensonge.

- Oui, désolée, je suis un peu dans mes pensées ce matin. J'ai bientôt un examen important en Histoire et je ne suis pas encore tout à fait prête. Je crois que je stresse un peu...

- Ah, oui, c'est vrai que les gros examens sont très stressants... Il a lieu quand ? m'interroge Olivia. Si tu veux, je pourrai t'aider à réviser ce soir.

- L'examen a lieu dans une semaine, vendredi. Pour les révisions, je crois que ça va aller. J'ai prévu d'aller un peu chez Chloé pour qu'on révise ensemble mardi prochain.

- D'accord, n'hésite pas surtout !

- Merci, j'y vais sinon je vais être en retard !

J'embrasse mes parents adoptifs, j'attrape mon sac et je sors de la maison.

Et voilà, en un mensonge, j'ai pu glisser une excuse pour ne pas rentrer mardi prochain. De cette façon, je pourrai explorer mon ancienne maison sans problème.

Chloé, c'est ma meilleure amie au lycée, mais elle est énormément penchée sur ses révisions, alors que moi je n'y accorde aucune importance, puisque je n'ai qu'à relire ma leçon la veille du devoir pour avoir un 17/20. Malgré le fait qu'elle soit très branchée : « Les mensonges ce n'est pas bien, ça finit toujours par nous retomber dessus », je suis sûre qu'elle acceptera de me couvrir si Olivia ou Thomas demande la confirmation que je suis bien chez elle. Avant leur décès, je n'avais jamais menti à mes parents, mais en me rendant compte de tous les secrets qu'ils gardaient, j'avais quand même appris à mes dépens comment mentir en cas de besoin. Depuis, j'ai recourt au mensonge presque une fois par semaine. Je n'en suis pas fière, mais de toute façon je n'ai pas vraiment le choix.

J'adore Chloé, mais je ne sais pas encore si je peux totalement me confier à elle au sujet de mon enquête, même si nous nous disons tout. Nous sommes opposées à toutes les échelles, mais on adore passer du temps ensemble. Elle a les cheveux blonds et bouclés, sa peau est blanche comme de la porcelaine, et elle a les yeux bleus. Moi, je suis brune, j'ai les cheveux lisses, je suis bronzée toute l'année et j'ai les yeux noisette. Elle joue du violon, moi je préfère le piano, elle passe son temps à réviser, ce qui m'énerve beaucoup, et surtout : elle déteste le sport ! Mais ce sont toutes ces différences qui font notre complémentarité, et puis, depuis la mort de mes parents, à part avec elle, les relations avec mes amis ont changé et ceux qui me fréquentent ne le font que pour profiter de ma popularité... Donc je n'ai plus d'amis avec qui je peux être naturelle, avec qui je peux passer des heures à discuter de tout et n'importe quoi, je n'ai que des amis avec qui il faut parler de marques, de maquillage, ou d'autres choses qui touchent l'apparence physique.

Ma meilleure amie en dehors du lycée s'appelle Lila, ça fait plus de 10 ans qu'on est amies, mais je ne la vois pas beaucoup car depuis le collège on est séparées... Elle est dans un lycée à Fontaines-St-Martin, et je n'ai pas le temps de la voir en semaine. Je la vois donc quelquefois le week-end, mais ce n'est pas fréquent... Elle est super sympa, elle a de beaux cheveux châtains clairs, des yeux noisette comme moi, et elle a énormément d'humour. Quand on passe du temps ensemble, on ne se rend plus compte des heures qui défilent. On a les mêmes goûts, que ce soit en matière de garçon ou dans les domaines culinaire ou scolaire. Mais, même à elle je n'ai pas parlé de mon obsession à résoudre l'affaire du meurtre de ma famille car, même si j'ai en elle une confiance aveugle, je préfère que personne ne soit au courant à part moi.

Ma vie est un roman policierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant