Chapitre 26

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Je n'émerge que le lendemain matin. J'ai mal aux jambes, à la tête, partout. Mais j'ai encore plus mal au cœur. Pas physiquement. Mentalement. Tout est dans ma tête. Les paroles d'Olivia tournent en boucle dans ma tête. Je me souviens de ma promesse faite à moi-même. Je m'empare de mon stylo préféré, ainsi que de plusieurs feuilles blanches, et je commence mon histoire. J'y écris tout ce qu'il me passe par la tête. Tout ce que j'ai ressenti ces derniers mois, tout ce dont je me souviens, tout ce dont je veux qu'on se souvienne de moi. Je raconte ma mission. Je raconte mes découvertes. Je raconte les aveux de mes parents adoptifs. Je raconte aussi les coups. La douleur. Mais également l'amour. La joie. Le bonheur.

Lorsque Thomas m'apporte un repas minable, je ne m'arrête pas d'écrire. Je ne cesse mon roman que tard dans la nuit. Je ne sais pas encore comment je vais appeler cet ouvrage, mais je sais qu'il me représente. J'y tiens à présent plus que tout au monde. Et je veux que les gens le lisent. Je veux que Clément sache. Que Chloé sache. Que la police sache. Tout le monde doit savoir.

Je m'endors sans avoir rien mangé de la journée, sans penser à l'avenir.

                                                                                                ***

Je suis réveillée brutalement vers 5h30 par un vacarme pas possible dans la maison. J'entends Olivia et Thomas s'affairer à l'étage comme au rez-de-chaussée. J'en profite pour manger parce que je meurs de faim. Je vais mieux qu'hier, et je me dis que j'ai vraiment de la chance de ne pas faire d'infection à mon genou, vu tout ce que je lui fais vivre en ce moment.

Comme je n'ai plus sommeil, je me lève carrément, et je m'habille. Je décide de m'assoir à mon bureau pour relire le long texte que j'ai écrit la veille, mais à l'instant où je tire ma chaise, ma porte s'ouvre en grand sur Olivia, qui est habillée tout en noir, avec un sac à dos et un pistolet à la main. C'est un 9 mm, comme dans tous les films d'actions. Je sens l'adrénaline pointer une nouvelle fois le bout de son nez.

Il est 5h46. Olivia m'attrape par le poignet, et m'entraîne dans la salle de bain. Là, à ma plus grande surprise, elle retire une plaque de six carreaux du mur de la douche, ce qui me laisse voir un passage creusé dans le mur. Cette fois-ci, Olivia me pousse dans le passage, et se glisse derrière moi, et replaçant parfaitement la plaque de carreaux. J'en reste bouche bée. Mais je n'ai pas le temps de rester choquée longtemps, puisqu'Olivia se replace devant moi, et me tire sans ménagement le long du passage. Nous sommes dans le noir complet, mais Olivia a l'air de connaître les lieux comme sa poche. Exactement neuf minutes plus tard, on se retrouve dans une pièce que je connais bien. Il s'agit d'un petit local, équipé comme un minuscule appartement, où mes parents adoptifs m'emmenaient parfois lorsque j'étais plus petite. Je sais qu'autour de ce local se trouve un grand espace vide, où je m'entraînais à tirer à l'arc avec Thomas. D'ailleurs, je vois mon arc, recouvert d'une fine couche de poussière, posé dans un angle de la pièce.

Je suis un peu abasourdie par ce voyage, si l'on peut appeler ça comme ça, alors je reste au milieu de la pièce, sans bouger. Je n'aurais jamais imaginé qu'il existait un passage secret reliant notre maison et ce local. Décidément, les agents secrets cachent vraiment beaucoup de secrets.

Il est donc à présent 5h57. Olivia a allumé un écran d'ordinateur posé sur la table du local. Dessus, je reconnais notre cuisine. Si je ne me trompe pas, c'est la vue qu'on a à la place du frigo. De là, je vois la porte d'entrée et le salon. J'aperçois Thomas qui passe devant l'image. Il s'agit donc d'une caméra cachée, surement dans un magnet accroché sur le frigo. Il doit aussi y avoir un micro quelque part, puisque j'entends les pas précipités de Thomas dans les escaliers.

A 6h pile, je comprends pourquoi Olivia et moi avons fui. La porte d'entrée explose littéralement. De la fumée émane de ce qu'il reste de notre porte, et je regarde avec attention la colonne du RAID qui s'élance dans notre salon.

Ma vie est un roman policierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant