Chapitre 25

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Je suis réveillée en sursaut par le bruit de ma porte qui s'ouvre dans un grand fracas. Il est déjà midi, alors j'ai droit à mon repas, et à mon petit tour aux toilettes. Je me sens un peu mieux après avoir mangé. En plus, mon genou me fait moins souffrir, alors je peux aligner quelques pas sans m'écrouler par terre. Je peux à présent faire les cents pas dans ma chambre pour m'occuper (enfin, on est plutôt sur les six pas pour l'instant, mais c'est déjà bien).

Je me mets donc debout, et je commence à parler à voix basse toute seule, parce que je pense que l'Homme a besoin de parler, et je commence à être en manque. Je parle de moi, et je raconte ma routine de séquestration au mur.

Cette petite discussion entre moi et moi-même ne dure que quelques minutes, car je suis interrompue par des éclats de voix qui proviennent d'en bas. Je mets donc de nouveau en application ma technique d'écoute sous la porte, et j'entends Olivia qui crie sur Thomas :

- Sérieusement, déjà on est obligés de faire super gaffe tout le temps à cause d'elle, et voilà qu'elle se met à parler toute seule pour nous faire chier !

- Arrête, elle fait pas exprès, elle doit s'ennuyer à mourir... Elle parle juste au mur, on s'en fout. Tu coupes le son du micro et c'est bon, on sera tranquille !

D'accord, donc en plus d'être en captivité, je suis sur écoute. Quel plaisir ces parents adoptifs.

- Non mais je te rappelle qu'on doit la surveiller 24h/24. Jack va pas être content s'il apprend qu'on a foiré notre mission. Si une seule information lui échappe, nous on échappera pas à ses tueurs. Donc maintenant ça suffit, j'en ai assez de ces conneries. Il est temps qu'on lui parle et qu'on boucle la mission. Elle va avoir 17 ans. Après ce sera trop tard. Donc on se bouge, parce que je peux pas attendre une année de plus. Cinq ans ça m'a largement suffit.

La voix de ma mère adoptive m'insupporte de plus en plus. Je m'apprête à crier lorsque j'entends la sonnette de la porte. En quelques secondes, Thomas se retrouve dans ma chambre. Il me place un torchon sur le visage pendant de longues secondes, alors j'essaie d'abord de crier, mais je suis forcée de reprendre mon souffle, donc je respire dans le torchon. Immédiatement, je sens l'odeur d'un produit chimique. Avant que je ne réalise ce qu'il se passe, je sombre dans un demi-sommeil artificiel. Je sens seulement Thomas me traîner dans la salle de bain, et j'entends vaguement la porte du bas s'ouvrir. C'est tout. Tout le reste n'est que du néant.

***

Lorsque j'émerge, je suis assise dans le salon, sur une chaise, la main gauche attachée à l'un des barreaux du dossier. J'ouvre les yeux très légèrement, de façon à évaluer mon environnement discrètement, mais c'est loupé puisque j'entends Thomas dire : « Ça y est, elle est réveillée. »

J'ouvre donc carrément les yeux, et je vois que mes parents adoptifs m'ont placée devant la table basse de notre salon. Sur cette table, je vois le fameux « Atlas de Mc Do ».

Thomas et Olivia sont assis face à moi, et me regardent d'abord sans rien dire. Je ne dis rien non plus, j'attends qu'ils ouvrent les hostilités.

Thomas se lève, se sert un verre d'eau, et revient s'assoir. Il boit une gorgée, et alors que je m'attendais à ce que ce soit Olivia qui prenne la parole, c'est Thomas qui lance :

- Bon, Océane, on ne va pas y aller par quatre chemins. Ces dernières semaines, tes actions nous ont poussés à agir vite, donc nous n'avons plus le choix maintenant. Il va falloir qu'on parle sérieusement, et j'espère que tu ne vas pas faire d'histoire, car tout le monde perdrait beaucoup.

Ton copain est revenu aujourd'hui, c'est pour ça qu'on a été contraints de te neutraliser un peu, pour éviter les mauvaises surprises comme la dernière fois. Il y avait aussi un mec, un certain Travis, l'oncle de Clément d'après ce qu'il nous a dit, qui nous a posé des questions. Pourquoi ton copain est allé raconter nos histoires à son gentil tonton ? Ce cow-boy s'est cru obligé de mener une enquête, alors on lui a dit de venir voir ta chambre pour lui prouver que tu n'y étais pas séquestrée. Il a fini par partir avec son neveu, mais ce dernier n'avait pas l'air convaincu. T'as pas essayé de jouer aux héroïnes en cachant des messages dans ta chambre, hein ? Réponds !

Ma vie est un roman policierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant