Chapitre 16

23 3 0
                                    

La clé est rouge. La clé est rouge. La clé est rouge. Peut-être que me le répéter va m'aider à admettre la réalité. Je suis sûre que c'était la clé de ma sœur. Et si ma sœur n'a pas menti, ce dont je ne doute pas, cette clé lui a été volée. J'ai réfléchi toute la nuit à la question de la couleur de cette clé, donc autant dire que je suis crevée parce que je n'ai pas réussi à dormir.

Je suis certaine que la clé de ma sœur était rouge, parce qu'elle l'a écrit dans son journal. Elle a juste marqué un truc du genre « j'ai fait refaire ma clé de maison à partir de celle de papa, je préférais la rouge mais maintenant elle est violette ». Certitude absolue.

Mais alors, pourquoi cette clé, volée trois mois avant la mort de ma sœur, se retrouve cachée au milieu des sous-vêtements de ma mère adoptive ? Une pensée atroce me vient à l'esprit, mais je la chasse immédiatement. Non, mes parents adoptifs n'ont rien à voir avec l'assassinat de ma famille, et j'ai confiance en eux, donc je ne fouillerai jamais dans leurs affaires.

Oh non, Mme Mytho est de retour. A peine Olivia a-t-elle claqué la porte en partant que je suis dans la chambre qu'elle partage avec Thomas. Je n'ai que vingt minutes devant moi si je ne veux pas être en retard en cours, et comme Thomas rentre ce soir, c'est maintenant ma dernière chance de fouiner.

C'est la première fois que je fais ça, et ça ne me plaît pas du tout. J'ai l'impression de violer l'intimité de ma famille d'adoption, et cela me brise le cœur. La culpabilité commence déjà à me ronger, et je réfléchis un court instant à tout laisser tomber. Mais non, j'ai besoin de savoir, même si je dois pour cela me salir les mains et la conscience.

Je commence par les tiroirs de vêtements, mais il n'y a vraiment rien d'intéressant. Je fouille ensuite sous le matelas, les oreillers, les draps, sous le lit, dans les placards... Mais rien. Derrière la commode, je remarque un renfoncement. Je glisse ma main entre le meuble et le mur, et après plusieurs tentatives, ma main se ferme sur une pochette cartonnée. Je la sors, et là je suis stupéfaite. J'ai sous mes yeux le dossier « Burger James Hott », que je cherchais en vain dans mon ancienne maison. Mais que fait-il ici ? Dans le renfoncement, je ne trouve rien d'autre, à part un papier concernant mon adoption, mais je l'ai déjà vu plusieurs fois, alors il ne m'intéresse pas.

Je retourne dans ma chambre, et feuillette le contenu de la pochette. Il n'y a rien de spécial, à part des faits connus du grand public sur l'assassinat de James Hott. Je suis super déçue. Enfin, pas si déçue que ça, parce que découvrir un endroit secret dans une chambre de parents normaux n'est pas très anodin. Mais trêve de paranoïa, je dois me dépêcher si je ne veux pas arriver en retard en cours d'anglais.

***

Pour une fois, ce n'est pas Clément qui a la chance d'occuper exclusivement mes pensées aujourd'hui. Je ne pense qu'à ces éléments surprenants découverts chez Olivia et Thomas. Je ne comprends pas trop de quoi il retourne, mais il est clair que ce n'est pas tout à fait normal. J'ai donc hâte de rentrer chez moi pour voir Thomas, qui rentre ce soir d'Allemagne, et après avoir pesé le pour et le contre, je décide de ne rien demander à personne pour l'instant au sujet des choses que j'ai découvertes ces derniers jours.

Sur le chemin du métro, je tombe sur Chloé. Je ne lui ai pas trop parlé cette semaine, suite à ma mise en couple avec Clément, et je le regrette, car j'ai peur qu'elle m'en veuille. Elle marche à mes côtés et me dit :

- Alors, comment ça va, Mademoiselle-je-suis-amoureuse-et-ça-se-voit-comme-le-nez-au-milieu-de-la-figure ?

- Ça va très bien ! Je suis désolée de ne pas t'avoir accordé beaucoup de temps cette semaine, mais je crois que Clément monopolise mon cerveau...

Ma vie est un roman policierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant