Chapitre 5

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J'enfonce la clé dans la serrure, et à mon plus grand désarroi, elle n'est pas verrouillée. Je rentre en essayant de faire le moins de bruit possible, mais je crois que c'est loupé...

- Océane ?

- Oui...

- Mais où étais-tu ? Pourquoi tu n'es pas allée au trapèze ?

Mon excuse est bien rodée, et je sais que ça marchera :

- Tu vois Clément, le garçon le plus populaire du Lycée, il m'a demandé si je voulais faire un Laser Game avec lui et quelques-uns de ses amis. J'ai demandé qui venait, et il m'a dit que pour l'instant, il n'y avait que lui, Alicia, Alexandre, Sophie, Greg et moi. Il m'a demandé si je voulais inviter quelqu'un d'autre et je lui ai dit que j'aimerais bien mais que de toute façon je ne pourrai pas venir parce que je n'avais pas d'argent, et il m'a répondu que s'il m'avait proposé, c'était parce que c'était une invitation. J'ai accepté, parce que je le trouve très beau, et qu'il joue au football à merveille. Ensuite, le temps d'y aller et de faire deux parties et me voilà en retard au trapèze... Du coup je me suis dit que ça ne servait plus à rien d'y aller et donc je suis rentrée.

- Ouah, super ! Ça fait un moment que tu craques sur lui maintenant, il était temps !

- Oui, je suis super contente, mais ça m'a crevée... On mange quoi ce soir ?

- Ravioli sauce tomate, et Thomas ne mange pas avec nous. Il a été retenu au travail.

- Prise d'otages ? Dis-je les étoiles plein les yeux.

- Non, ils lancent un gros assaut pour coincer un revendeur d'armes, ça fait plus d'un an qu'ils essaient de le coincer, et d'après lui, cette fois-ci c'est la bonne.

- Ah cool, tu m'appelles quand on mange, je monte dans ma chambre, j'ai des exercices de maths en pagaille...

- Ok, à toute.

Et oui, les histoires d'amours d'adolescente et les mamans, ça ne fait qu'un ! Je savais que ça marcherait. En réalité, Clément est certes le garçon le plus populaire, mais contrairement aux autres, il ne rampe pas à mes pieds, et il est plutôt doué en cours, mais c'est aussi un très bon footballeur. Ce côté « je ne m'intéresse pas à toi » me plait beaucoup ! Olivia pense que je craque sur lui, mais les papillons dans le ventre et mes joues qui virent au rouge dès qu'il m'approche ne signifient rien !

Je m'installe sur mon lit et j'ouvre le journal de ma sœur. Elle n'avait pas fini de me le lire, car les trois dernières pages ne me rappellent rien. Je les lis, en me disant que plus jamais je n'entendrai sa voix me raconter ce qui lui passait par la tête à l'âge que j'ai atteint aujourd'hui.

Dans ses dernières lignes, elle a écrit qu'elle était amoureuse et elle a dressé une liste des observations qu'elle avait pu faire au long de sa courte vie lorsqu'elle était sous le charme d'un garçon: papillons, rougissement, stress, panique, sensation d'être ridicule ou invisible.... Comme je le répète, mes symptômes n'ont rien à voir avec de l'amour.

Ensuite elle a écrit ce qu'elle comptait faire pour « pécho ». Elle a écrit qu'elle était prête à faire le premier pas car elle savait que le garçon en question ne le ferait jamais. Elle était censée se lancer Lundi 23 février, une semaine après son décès. Du coup, ce mystérieux Jean ne saura jamais qu'il s'apprêtait à avoir une petite copine potentielle.

L'avant-dernière page relève, selon moi, de la fiction qu'elle avait développée et insérée dans sa vie depuis qu'elle a commencé à écrire. Elle écrit :

« Dimanche 15 Février 2012

Aujourd'hui, on est dimanche et je reviens de la messe avec ma sœur et mes parents. Je les trouve distants et ailleurs... Ils ne sont pas comme d'habitude, maman est toujours très attentive à la messe, mais là, quand Océane lui a demandé une explication sur ce que le prêtre avait dit, elle a dit qu'elle n'avait pas compris, alors qu'il était clair qu'elle n'avait pas écouté. Papa, quant à lui, regardait son téléphone toutes les cinq secondes, ce qui ne lui ressemble pas du tout. A la fin de la messe, d'habitude, ils restent pour discuter avec leurs amis ou avec le prêtre, mais là, ils se sont éclipsés en nous demandant de nous dépêcher parce qu'il ne fallait pas rentrer trop tard car ils avaient énormément de travail s'ils ne voulaient pas envoyer un innocent en prison.

Ma vie est un roman policierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant