Chapitre 24

21 2 0
                                    

Couchée par terre, parce que je ne trouve aucun intérêt à me relever, j'attends mes parents adoptifs. Je sais qu'ils vont venir. Ils vont forcément venir. Je viens de leur faire perdre leur crédibilité et mes amis savent que quelque chose ne va pas. Ils vont m'aider. On ne parle plus de punition, mais de séquestration. Les mensonges perpétuels et la façon dont ils me traitent auraient dû me mettre la puce à l'oreille plus tôt. J'étais aveuglée par mon amour pour eux. Mais maintenant je ne ressens plus rien, à part de la haine. Surtout envers Olivia.

J'attends donc sur le sol. Les minutes passent, puis après avoir entendu des éclats de voix au rez-de-chaussée, j'entends des pas dans les escaliers. Ils arrivent. J'ai un peu peur, mais je suis tellement en colère que je me sens surhumaine, et prête à me battre contre quiconque se mettra en travers de mon chemin.

La clé tourne dans la serrure, et Olivia déboule comme une furie :

- T'es vraiment une sale petite garce ! Ton connard de mec avait rien à faire ici ! T'aurais pas pu être seule ? Sans amis ? Sans vie sociale ? Ça aurait été beaucoup plus simple pour nous ! Maintenant on va être dans la merde si tes potes parlent à leurs parents en racontant qu'il y a un truc bizarre avec nous.

- Mon mec est un homme adorable et je l'aime ! Sans lui ma vie n'aurait pas de sens ! J'étais heureuse avec vous jusqu'à ce que vous deveniez trop bizarres, alors s'il avait pas été là pour me soutenir, j'aurais sombré comme une merde dans une dépression horrible ! Pourquoi vous vous êtes occupés de moi tout ce temps pour finalement me traiter comme une prisonnière ? Qu'est-ce que je vous ai fait pour que votre attitude à mon égard change autant ? Je te déteste Olivia !

Je hurle et je pleure en même temps. Puis, sans que je m'y attende, Olivia me frappe. Pas une gifle que tu donnes à tes enfants quand ils ont fait une bêtise. Un vrai coup de poing dans le ventre, alors que je suis assise par terre. Je me plie en deux de douleur. Lorsque je redresse légèrement la tête vers elle pour la fusiller du regard, je me prends un coup de poing dans la mâchoire.

Cette fois, Thomas saisit le poignet d'Olivia et lui ordonne d'arrêter. Elle se débat quelques instants, puis me toise d'un regard mauvais.

Je ne me suis jamais sentie aussi mal. J'aurais préféré être renversée une nouvelle fois par une voiture. Ça aurait été moins douloureux. Parce que là, en plus de la douleur physique causée par les deux coups de poing (ça fait très très mal, j'ai l'impression que ma mâchoire va tomber, et que mon estomac est broyé), il y a l'immense douleur psychologique. La douleur d'avoir été insultée et frappée par sa mère adoptive, considérée depuis plusieurs années presque comme une vraie mère.

J'ai l'impression que je vais m'évanouir, mais à mon plus grand désarroi, je reste parfaitement consciente, alors je continue de souffrir, sous le regard inquisiteur d'Olivia, qui n'a toujours pas prononcé un mot depuis qu'elle m'a frappée.

Elle finit par sortir de la chambre, et je l'entends descendre les escaliers. Thomas me regarde, puis il se baisse à mon niveau, et me dis :

- T'aurais pas dû remuer la merde comme ça Océane, il n'y a plus de retour en arrière possible. C'est foutu. Prends ça, c'est surement le dernier moment de plaisir que tu auras.

Je m'empare de la feuille qu'il me tend. Je lui lance un regard implorant, mais il se lève, referme ma porte à clés, et disparait.

Je tiens entre mes mains le mot de Clément. Je me concentre dessus, même si mes yeux sont embués par les larmes, et même si ma tête est sur le point d'exploser :

Mon Océane, tes parents m'ont dit que tu étais en rééducation. J'espère que tu vas vite te remettre, parce que j'ai besoin de te voir. Je t'aime de tout mon cœur. J'ai hâte de partager de nouveaux moments merveilleux avec toi, de t'embrasser, de t'enlacer. Chloé te fait plein de bisous. Elle aussi veut te voir ! Si tu peux nous répondre, ou nous dire comment te joindre clandestinement, on est prêts !

Ma vie est un roman policierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant