Chapitre 21

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Je me réveille. Je sens une main dans la mienne. Je tourne lentement la tête en direction de ma main droite. C'est une grande main, ferme mais délicate, qui serre ma petite main fatiguée. Je connais chaque détail de son corps. Je sais que cette main lui appartient, alors je prononce son nom avant même que mes yeux ne se posent sur son beau visage. Clément.

Il me regarde silencieusement. Je le sens à la fois triste, mais aussi soulagé. J'attends qu'il prononce sa première phrase, et heureusement elle ne tarde pas :

- Oh, mon Océan, j'ai eu si peur quand tu m'as dit que tu étais à l'hôpital. Je suis désolé de ne pas être arrivé plus tôt, mais c'était plus long que je ne pensais de venir jusqu'ici depuis la Croix-Rousse, surtout avec tous ces gens qui empruntent le périphérique pour rentrer de week-end !

- Mais attends, il est quelle heure là ?

- 19h30. Tes parents ont parlé aux gérants des visites, et comme tu viens d'être hospitalisée, et que tu n'es plus en réanimation, ils ont accepté que je vienne te voir, même s'il est tard. Je suis si soulagé que tu ne sois pas dans le coma, ou un truc horrible dans le genre ! Mais je veux tout savoir, qu'est-ce que t'as, pourquoi tu te retrouves ici, et qu'est-ce que je peux faire pour toi ?

- Clément, calme-toi. Déjà, je m'en sors plutôt pas mal pour quelqu'un qui a été renversé par une voiture. Voilà le pourquoi. J'ai été percutée par une voiture, alors que je finissais mon footing. Honnêtement, ça m'avait l'air volontaire, mais bon tout le monde a raison, je me fais surement des films. En tous cas, le mec a pris la fuite, alors à part porter plainte contre un conducteur de voiture noire, je peux pas faire grand-chose...

Ensuite le quoi. Et bien j'ai une prothèse dans le genou alors que j'ai que seize ans, j'ai des bleus partout, j'ai un trou dans mes supers cheveux parce que les médecins ont dû poser sept points de suture sur ma tête qui a eu la bonne idée de se casser sur le bitume. A part ça, je suis contente d'être en vie, et je le suis encore plus maintenant que tu es avec moi. En plus, je suis sous morphine, alors la vie me paraît encore plus belle qu'à l'accoutumée.

Enfin le « qu'est-ce qui me ferait plaisir », un moment d'intimité extrême avec toi, l'homme que j'aime.

Je ne sais pas ce qu'il me prend de dire ça. Peut-être que la morphine qui coule dans mes veines me désinhibe. Ou alors c'est ce sourire si charmeur qui est inlassablement collé sur le visage de Clément. Ou peut-être un cumul des deux.

Clément m'observe un moment, puis me chuchote, en se rapprochant de mon oreille :

- Moi aussi je suis très heureux d'être là, avec toi. Mais tu sais, ce n'est pas le meilleur endroit pour avoir de l'intimité. Tes parents m'ont laissé autant de temps que je veux avec toi ce soir, mais ils sont quand même derrière la porte...

- Je m'en fiche d'eux, ils ne me comprennent pas. J'ai besoin de toi, et de ton corps contre le mien. J'ai l'impression que je ressens ce que ressentent les personnes qui ont frôlé la mort. Je veux profiter de chaque seconde de ma vie, assouvir mes moindres désirs, dans la limite du raisonnable bien sûr. Et là, même si mon ventre commence à crier famine, c'est mon cœur qui crie plus fort, et il crie qu'il veut sentir ta présence plus près de moi, au-delà de ce contact de nos mains.

Je le vois hésiter une seconde, puis je vois cette lueur de désir dans ses yeux. Je ne dois pourtant pas être très désirable dans ma blouse blanche d'hôpital, mais lui m'aime quand même.

Il se lève, et se dirige vers la porte. Un instant, je crois qu'il s'en va, qu'il ne m'a pas écoutée, ou qu'il n'a pas envie de ce contact ce soir. Puis je le vois saisir la chaise posée à quelques mètres de mon lit, et la placer sous la poignée de porte. En effet, les chambres ne ferment pas à clé par mesure de sécurité, alors on fait avec les moyens du bord, comme dans les films un peu clichés. Clairement, si quelqu'un veut rentrer, il ne va pas rester bloqué très longtemps, alors je prie pour qu'Olivia et Thomas me laissent cette soirée avec Clément, sans intervenir pour m'amener une compote ou je ne sais quoi d'autre.

Ma vie est un roman policierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant