Chapitre 5 : Leandro

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Leandro


Ça me cassait bien les couilles d'être ici. Cette boîte de fils à papa commençait à me sortir par les yeux. Mais Zio (oncle) Siro avait exigé ma présence. Alors j'étais là, debout dans ce putain de carré VIP à surveiller que nos affaires se passent sans embrouilles. D'habitude je ne me déplaçais pas, voire jamais sur le terrain, mais là il fallait qu'ils sentent ma présence et mon autorité. Qu'ils sentent qu'au moindre faux pas je ne les louperais pas. Que c'était nous, qui faisions la loi. Je sentais à chacun de leurs regards qu'ils savaient, ou du moins qu'ils avaient pris conscience que si Don Siro avait tenu à ce que je sois la, c'était que l'heure était grave. Alors sous mon oeil attentif, j'observais les moindres faits et gestes de mes petits dealers. Ils étaient 3. Ça suffirait pour nous rapporter gros ce soir. Je voyais les échanges de poignées de mains. Une dose de poudre, contre un billet. Et putain, que ces fils à papa raffolaient des merdes qu'on leur refourguait.
Moi ça faisait bien longtemps que ne faisait plus ce sale boulot là. Je l'avais fait de mes 12 à mes 15 ans. Mon oncle Siro ne m'avait pas laissé le choix. Il m'avait dit que pour comprendre les rouages du métier, il fallait que je commence d'en bas. Et est ce que j'avais eu le choix ? Non. Et je vais vous dire pourquoi, parce que mon oncle Siro était ma seule famille. À la mort de mes parents, tués lors d'un règlement de compte, il m'avait pris sous son aile et s'était chargé de mon éducation. Je lui devais tout. Malgré son statut de Parrain , il avait toujours eu tout mon respect. Parce qu'il m'avait donné un toit quand je n'en avait plus. Il m'avait nourrit quand ma mère n'était plus là pour le faire. Et il m'avait donné l'amour d'un foyer. Alors avec mon cousin Adrian, son fils, on parcourait les rues de Harlem et de Little Italy en vendant notre poison. Adrian était sans doute le plus téméraire de nous deux. À 13 ans il cachait déjà un glock dans la ceinture de son pantalon. Malgré son physique gringalet, il avait réussit à imposer sa terreur et même les plus grands le craignait. Et ça en dépit du fait que c'était le fils de notre Chef. Mais je pense que c'est ce même excès de confiance qui l'a tué à seulement 15 ans. Son corps avait refroidi sous mes mains et j'essayais de contenir l'hémorragie mais ses yeux étaient déjà clos. Mon cousin, mon frère, avait rejoins le ciel. Et tout ça à cause d'un stupide affrontement avec un gang rival. Mais le monde de la drogue ne pardonne pas. Et oncle Siro n'avait pas pardonné. Il n'avait pas digéré qu'on lui enlève son seul fils, son seul et unique héritier, le prochain Parrain de la mafia Italienne de New York, la Mano Nera.
Ce jour là il avait accéléré mon apprentissage. Plus question que je continue à arpenter les rues pour vendre. Non, il avait d'autres projets pour moi. Et j'ai vite compris que si son fils ne pouvait pas le remplacer le moment venu, alors c'était en moi qu'il fonderait tout ses espoirs. Et petit à petit il a fait de moi qui je suis. Leandro Ventura. Le bras droit de la Mano Nera américaine. Une machine à tuer.

J'avais embarqué Marco et Alessio, mes deux fidèles soldats. Et on été parti dans cette putain de boîte de mes deux pour surveiller que le traffic se passait bien. Que ces petits connards de dealers ne nous volent pas. Et vu la noirceur que j'avais mis dans mon regard en pénétrant dans cet antre de la déchéance, ils avaient compris qu'il faudrait pas me faire chier. Parce que je ne comptais plus le nombre d'âmes que j'avais prise, et croyez moi, j'en avais prise pour moins qu'une simple suspicion de vol.
On était donc installés au carré VIP, plusieurs bouteilles de Belvedere nous entourait et Alessio avait fait venir quelques escorts, certainement pour que la soirée ait un goût moins amer. Je m'en serais bien tapée une mais là j'avais plus urgent à faire. Alors je laissais mes deux sbires, mes deux chiens de garde, profiter de leurs petits culs à peine couverts.

J'étais debout, un bras appuyé sur la rambarde, mon verre de vodka dans l'autre. Je le sirotais tranquillement, toujours un oeil sur les petits connards que je surveillais, quand la lumière s'est subitement éteinte. Mes sens se mirent en alerte, j'étais sur mes gardes, parce que même si nous étions dans l'un des quartiers les plus sécurisés de Manhattan, nous avions beaucoup d'ennemis et ils s'en foutaient de venir nous attaquer sur le territoire des bourges. Dans la guerre de la drogue, il n'y avait pas de règles. Et tous les coups étaient permis. Mais je n'ai pas eu le temps de plus gamberger que ça puisque la lumière à réapparut l'instant d'après. Rose. Sensuelle. On se serait cru dans ce putain de film que ces salopes adorent... 50 nuances de quoi déjà ? Bref, ce film là. Et dire qu'elles nous feraient presque croire qu'elles aiment la domination, mais elles bégayent tellement rapidement...

Les serveurs et serveuses sont arrivés. Ils devaient être une dizaine. Ils étaient tous masqués. Eux torses nus et elles en tenues tellement légères qu'au moindre faux mouvement leur intimité serait dévoilée. Et à mesure que je regardais ces filles agiter leurs sparklers je me demandais à quel moment leurs vies avaient basculées pour en arriver là. Mais le résultat était là, et elles se déhanchaient en se dirigeant vers cette table située à l'opposée de nous, dans un autre carré VIP, un peu plus en hauteur. Je crois que celui là était réservé aux habitués les plus exclusifs de cet endroit. Et je les voyais, ces bobos avec leurs chemises ridicules, ces « fils de » qui claquaient tout le fric de papa pour que tout le monde sache qui avait le plus gros compte en banque. Ils me dégoûtaient. Tous. Ils aimaient tellement afficher leurs privilèges, il fallait que tout les regards soient braqués sur eux. Et comme tout le monde dans cette putain de boîte, je regardais le spectacle de la dépravation de cette jeunesse bourgeoise et hautaine.

« Joyeux anniversaire Maddie » s'était affiché en lettres capitales sur l'écran géant derrière le DJ, et le message ne cessait de défiler. Je trouvais ça tellement ridicule et pathétique. Mais après tout, je pense que je ne comprenais pas tout les codes de leur monde a eux. Les riches.
Marco m'avait rejoint proche de la rambarde et s'y était appuyé. Il me donna un coup de coude et me fit signe de regarder en l'air, dans la direction opposée. Instinctivement j'ai mis ma main sur mon ventre, et le simple contact de mon glock a travers mon t shirt m'a fait du bien. Il fallait toujours être sur ses gardes. Toujours. Mais je compris vite que je n'avais pas de quoi m'inquiéter lorsque je suivis son doigt avec mes yeux qui me désignait la table d'où provenait cette agitation.

- Regarde moi la cette salope ! Ricana t-il. Putain ce que ces filles à papa me font bander.

C'était donc elle qui avait payé pour cette mise en scène minable. Elle s'était hissée sur la table et dansait entre deux go-gos masquées. Elle savait bouger, ça c'était clair. Si elle aussi avait porté un masque je l'aurais même prise pour l'une d'elle.

- Elle, il faut absolument que je me la tape ! Ajouta t-il dans mon oreille. Non mais regardes la sérieux !

Et oui effectivement, je regardais. Ses longs cheveux blonds, non je dirais plutôt châtains clair, étaient remontés dans une queue de cheval haute, tellement tirée qu'elle aurait certainement une migraine demain. A chacun de ses mouvements sa mini robe pailletée remontait encore un peu plus le long de ses cuisses. Elle ne devait pas avoir de père pour être sortie comme ça ... non c'est vrai chez les riches c'est permis de s'habiller comme ça. C'est même presque normal. Elle avait fermé les yeux pour profiter au maximum de la musique et en ressentir chaque vibration. Et quand son show fut presque fini, et que les flashs roses se faisait de plus en plus rares, elle ouvrit les yeux et chercha quelque chose dans la foule.

Et soudain ses yeux croisèrent les miens. Juste 1 seconde, pas plus. Malgré la distance j'avais senti qu'elle avait été intimidée. Et elle avait brusquement détourné le regard, en s'agrippant à la main d'un de ses amis bobos, un blond efféminé à la chemise tellement déboutonnée qu'à ce compte là il aurait mieux fait de l'enlever. Il l'aida à descendre de son piédestal. Alors je me retournais vers Marco qui bavait littéralement devant la scène et je lui tapotais l'épaule et lui disant :

- Elle est toute à toi je te la laisse fratello.

Je savais l'effet que je faisais aux femmes, mais j'aimais qu'elles me regardent dans les yeux. Alors je retournais m'asseoir sur les banquettes en velours Bordeaux, et en me resservant un verre de vodka, une escort qu'avait ramené Alessio s'était hissée à califourchon sur moi enfouissant sa tête dans mon cou. Je penchais la tête en arrière dans un râle de plaisir, parce qu'elle comme moi savions comment ça allait finir. Après tout, ma mission de surveillance avait fait ses preuves et les dealers se chiaient dessus au simple fait de ma présence.
J'avais bien le droit de profiter de ma soirée aussi, non ? 

Les princes de la villeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant