Chapitre 13 : Descente aux enfers

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Luke

Quelques minutes avant l'enlèvement

Je fermais la porte du bureau derrière moi, le téléphone vissé sur mon oreille. J'écoutais. Attentivement. J'avais peur aussi. Beaucoup.

- Mmh.. lâchais-je parfois pour signifier à mon interlocuteur que j'étais toujours en ligne.

Une voix grésillait dans le combiné. M'expliquant la marche à suivre. Je m'épongeais le front, où perlaient des goutes de sueurs. Je sentais le danger. Il était proche.

- Salva, ça fait combien d'années qu'on collabore ta petite organisation et moi ? J'ai confiance en toi. Je sais que tu vas arranger ça.

Ça, c'était en fait un putain de gros merdier. Laissez moi vous expliquer. Moi, Luke Bess, promoteur immobilier reconnu, respecté et adulé par ses pairs, je ne suis en fait rien d'autre qu'un imposteur. Oui, oui, vous avez bien lu. Un imposteur. Si aujourd'hui ma famille est multimillionnaire, ce n'est certainement pas grâce à mon honnêteté. Mon ascension dans ce business a été rapide, beaucoup trop rapide. Et même les yeux les plus avisés n'ont rien vu venir. Parce que sur le papier, tout est clean. Mais en réalité, si je suis aussi riche, c'est grâce au blanchiment d'argent. J'ai l'habitude de collaborer avec les gangs, contre mon silence et mon expérience, j'ai le droit à une contrepartie financière. Ça a commencé comme ça, au début de ma carrière, avec le MS-13, ce gang hispanique, de Salvador exactement. J'entretiens des relations cordiales avec Salva, leur chef. Je fais ce qu'ils me disent, je leur casse pas les couilles et tout le monde est content. Aussi simple que ça. Où est le problème me direz vous ? Le problème c'est que ce putain de gang m'a mis dans la merde.
Il y a quelques mois, Salva est venu me trouver alors que je sortais dès bureau de Bess Corporation. Et putain j'étais affolé, j'avais aucune envie qu'on nous voit ensemble tout les deux ! Il m'a entraîné dans une ruelle à l'abris des regards et il m'a dit que je devais faire quelque chose pour lui. Et quand le MS-13 vous demande quelque chose, vous obéissez. C'est comme ça. C'est la que j'ai pris part à une guerre des gangs. Les latinos contre les ritals. Little Italy vs le Bronx. Salva m'avait dit que la Mano Nera gagnait du terrain à New York et qu'il était temps d'agir. Il y avait une opportunité, la vente d'une chaîne d'hôtel. J'aurai juste à procéder comme j'avais l'habitude de faire et lui s'occuperait du reste. Il m'avait dit de le provoquer un petit peu dans les négociations, pour qu'il en ait après moi et qu'il baisse sa garde de l'autre côté. Salva en profiterai pour l'achever. Une idée de génie. Oui, en théorie.

- Amigo, tu ne risque rien. T'es un civil, il se méfiera pas de toi.

- Je la sens pas cette histoire Salva ... il était vraiment en furie quand je lui ai dit que voulais plus que 20% des bénéfices.

- Fais moi confiance, avait-il dit avant de raccrocher.

Règle numéro 1 : ne jamais faire confiance à un mafieux.

2h après l'enlèvement

J'entendais tousser. Quelqu'un avait du mal à respirer. Moi aussi je fut pris d'une violente quinte de toux. Je sentais le parquet sous mes fesses, mais impossible pour moi de bouger. Ma tête tournait et j'ai eu tellement de mal à ouvrir les yeux à cause de la douleur. Qu'est ce qui c'était passé ? À tâtons j'essayais de comprendre ou j'étais mais mes mains attachées dans mon dos ne me permettaient pas une grande amplitude. J'ai touché une main, qui m'a instantanément agrippé. Margaret. J'entendais ses pleurs. En gémissait de douleur et ça m'étais insupportable. Même si notre mariage battait de l'aile, elle n'en demeurait pas moins mon épouse et la mère de ma fille ... MA FILLE ! Je ne la voyais pas ! J'hurlais son nom, sans réponse. J'ai commencé à paniqué. Tout à coup, tout me revint en mémoire. La porte défoncée, tout ses hommes cagoulés, la fumée, cette horrible fumée qui vous transperce les poumons, et le noir. J'ai paniqué parce que j'avais compris. Compris que mes actes avaient fini par me rattraper. Comme un con j'avais mis ma famille en danger ! Je m'en voulais, j'étais tiraillé par la haine, le dégoût, la colère. Salva m'avait pourtant dit que je craignait rien ! Tout est allé très vite dans ma tête. J'essayais de me concentrer et de réfléchir mais les pleurs de Margaret m'en empêchait.

Les princes de la villeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant