Chapitre 44 : Je ne te ferai pas de mal

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Maddie


Pour être toute à fait honnête, je ne savais pas ce qui m'avait pris. Quand June m'avait rejoint à l'appartement de SoHo, j'avais été incapable de prononcer le moindre mot. Elle s'était contentée de me serrer fort dans ses bras en prenant soin de ne pas appuyer sur mon épaule meurtrie. On a pleuré en silence, pendant un long moment. Et sa présence m'a fait du bien. Alors finalement j'ai réussi à parler.

- Pardonnes moi... J'aurai du t'appeller avant.

Elle m'a sourit tendrement. Elle comprenait, elle ne jugeait pas. C'était tout ce qui comptait.

- Comment tu te sent ? me demanda t-elle.

- C'est pas la folie... Mis à part tout le bordel autour de mon père, j'ai du mal à bouger mon bras, mais les docteurs disent que c'est tout à fait normal. Mon muscle a été déchiqueté, il faut le temps qu'il se reforme. Ensuite j'aurai des séances de kiné pour m'aider à retrouver de la mobilité. Heureusement, ils me gavent de cachets parce que je t'avoue que cette saleté fait mal...

J'ai accompagné mes mots d'une grimace. Ma vie tournait au fiasco et pourtant il fallait que je garde l'esprit positif. Sinon j'allais finir par m'écrouler. Et ça serait la fin.

- Tout ça me semble irréel... dit June. J'arrive pas à croire qu'il te soit arriver ça ! C'est juste... impossible...

Il lui manquait tellement d'éléments. Forcément, elle n'était au courant de rien. Alors, au point où j'en étais, j'ai décidé de tout lui raconter. Mon anniversaire, le kidnapping, notre fuite, l'incident de Mykonos. Tout. Et quand j'ai eu finit, elle n'a pas pu contenir ses larmes. Elle s'en voulait de n'avoir rien vu. Elle s'en voulait tellement. Mais elle n'y était pour rien, je n'avais pas eu le choix. C'était pour la protéger que j'avais du faire tout ça.

- Je... Je n'ai pas de mots, finit-elle par dire. J'ai rien vu. Je suis tellement désolée. Tu as du affronter ça toute seule... Je m'en veux tellement si tu savais.

Je l'ai rassurée comme j'ai pu. C'était du passé maintenant, ce qui est fait est fait, on ne peut pas le changer. C'est comme ça.

- June, la seule personne responsable c'est mon père.

Elle s'est tue. Il n'y avait rien à dire de toute façon. Les chaînes d'informations se chargeaient déjà de couvrir le sujet.

- Comment va ta mère ? dit-elle doucement

- Elle avait rendez-vous avec les avocats ce matin. Ils réfléchissent à la stratégie à mettre en place pour le procès. Elle tient le coup, elle est incroyablement forte.

C'était la vérité. Elle m'impressionnait. Malgré tout ce qui nous arrivait, elle gardait la tête haute, elle faisait de son mieux pour nous sortir de ce merdier. Même si l'issue était pourtant connue d'avance...
June a hoché la tête. Qu'aurait-elle pu dire de plus ? Alors on est resté là, toutes les deux, dans ce silence respectueux. J'étais fatiguée, comme toujours à cause de ces cachets. Je crois même qu'à un moment je me suis assoupie. Quand j'ai rouvert les yeux, June était partie. Elle avait laissée un mot en me disant qu'elle me laissait me reposer et de l'appeller si j'avais besoin. Je me suis sentie soulagée d'un poids immense. Vidée. Je n'avais plus de secrets pour elle. Enfin si. Il en restait un dernier. Mais celui-là, je n'arrivais même pas à me l'avouer à moi-même.

Et tout à coup ça s'est mis à urger. J'avais tant de questions. Et autant besoin de réponses. J'ai regardé l'heure sur mon téléphone, c'était bientôt midi. Ma mère ne serait pas rentrée avant la fin de journée. J'ai sentis un frisson d'adrénaline parcourir mon échine. Plus rien n'avait de sens, alors je n'avais plus rien à perdre.

Les princes de la villeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant