Chapitre 11 : Surprise

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Leandro 


On était allé très vite. L'un des gars avait ligoté le connard et sa femme avant de partir pour plus de précautions. La fille pesait un poids mort sur l'épaule d'Alessio mais on devait se dépêcher. On l'avait calée sur la banquette arrière du Range, entre Alessio et un autre des gars. À la manière dont sa tête se balançait, elle avait l'air toujours assommée. Les ordres étaient clairs. Une bonne grosse frayeur à papa Bess pour qu'il comprenne et sa petite princesse lui reviendrait en vie. Mais en vie ne voulait pas dire abîmée. Et moi j'avais la rage dans le ventre qu'on ose nous prendre pour des cons comme il l'avait fait. Alors s'il fallait la malmener, on hésiterait pas. On avait l'habitude et ça faisait bien longtemps qu'on ressentait plus rien. 

Elle émit un gémissement, ou du moins elle essaya, alors j'en déduisis qu'elle avait reprit connaissance. Je la regardais faire dans le rétroviseur, et j'adorais le spectacle. Petit à petit, elle se mis à comprendre. Elle s'agitait dans tous les sens, mais ça ne servait à rien, personne n'allait l'aider. Alessio avait enfoncé une de ses grosses mains sur sa cuisse et sa pression la révulsait. Un rictus malsain fendit mes lèvres. Alala papa Bess, tu as intérêt à vite comprendre ta connerie parce qu'au plus les heures passeront, au moins je donnerais cher de la peau de ta princesse, pensais-je. Vous pouvez me prendre pour un psychopathe sans coeur, la vérité c'est que oui, je n'en avais pas. Il appartenait à notre organisation, la Mano Nera. Depuis toujours c'était pour ce nom que je me battais. Je défendais nos valeurs, nos idéaux et partout où je passais, j'imposais notre loi. Et si ça impliquait de torturer une gamine, je le ferais sans réfléchir. Parce qu'on a pas de morale. On est capable du pire. 

On l'avait tiré pour qu'elle sorte de la voiture. Elle était tombée par terre et je m'étais retenu de lui mettre un coup de pied parce qu'elle se relevait pas assez vite à mon gout. La petite robe qu'elle portait s'était déchirée et je voyais dans les yeux émoustillés de mes gars, qu'ils pensaient déjà à tout ce qu'ils allaient pouvoir lui faire subir. Mais ils devraient prendre leur mal en patience parce qu'on avait une règle d'or. Et tous savaient qu'ils devaient attendre mes ordres. 

Elle laissait des gouttes de sangs derrière elle parce sa chute lui avait arraché la peau des genoux. Et ça, ce n'est rien encore, pensais-je. Je fis signe de la tête à Marco de nettoyer les traces. J'ouvrai la marche, Alessio suivait en lui tirant sur l'avant-bras et l'un des gars avait enfoncé le canon de son M-16 entre ses omoplates pour la forcer à suivre la cadence qu'on lui imposait. 

Ce hangar désaffecté était l'endroit parfait pour nos pratiques. Loin de la ville, à l'abri des regards, il fallait connaître l'endroit pour savoir qu'il existait. Il était immense, sombre et froid, idéal pour foutre les jetons à toute personne retenue ici. Au fond, sur la gauche il y avait un escalier qui descendait au sous sol. C'est là que nous gardions les captifs. Et encore une fois, il fallait connaître l'endroit pour savoir où nous l'amenions. Il fallait emprunter un long couloir exigu éclairé par des néons rouges, au bout duquel nous descendirent de nouveau un peu plus dans les entrailles de la terre, avant d'arriver devant la porte de la salle "d'interrogatoire". Et là, l'intimidation pouvait enfin commencer. 

Alessio l'avait forcée à s'asseoir sur la chaise en fer, seul mobilier de la pièce. Elle trônait sous une ampoule qui éclairait d'une faible intensité, les quatre murs sales. Et là, j'ai eu des envie de meurtre. Cette salope était en train de nous rire au nez ! Pas un rire nerveux lié au stress de sa situation, non non un putain de fou rire incontrôlable ! Le genre de truc qui fait contracter le ventre et secoue le corps de spasmes. Les gars perdaient patience. Certains réajustaient leur fusil d'assaut dans leurs mains. Et moi j'ai eu envie de lui coller une balle dans la tête. Juste pour cet affront.  Alors non seulement ton père se fou de notre gueule et nous provoque, mais toi aussi tu te crois tout permis ?  Ça allait pas se passer comme ça. 

D'un geste sec j'arrachais le sac qui lui recouvrait la tête. Et l'effet fut immédiat. Elle stoppa net sa crise de rire et se figea dans la chaise. 

- Qu'est ce qui te fait rire piccola puttana ?? lui hurlais-je dans son dos. 

J'ai sentis qu'à la vue de mon armée qui l'encerclait, elle avait moins envie de faire la folle. Et il valait mieux, parce que ce simple manque de respect lui vaudrait déjà une correction. Je la contournais dans une lenteur calculée et je vins me positionner face à elle. Elle avait baissé la tête, et tremblait comme une feuille. Les mains caressant ma kalachnikov que je portais en bandoulière, je m'accroupis pour me mettre à sa hauteur. 

Mon regard assassin s'est planté dans ses iris... jaunes. Je crois qu'elle a vu que j'étais aussi surpris qu'elle. Non, je n'en revenais pas ! Impossible ! Et pourtant si. Notre putain d'otage était la pétasse de la boîte d'hier ! Dans la précipitation nous n'avions pas eu le temps de voir son visage, il fallait aller vite. Elle avait gardé son sac de jute sur la tête tout le long du trajet et c'était l'un des gars qui avait mis ce scotch sur sa bouche. Je n'ai rien eu le temps d'ajouter parce que la porte c'était ouverte et elle se referma aussitôt. Mon oncle et Ezio venaient de rentrer dans la salle. Je me suis redressé et j'ai reculé pour leur laisser la place. Je n'avais pas lâché ses yeux qui s'étaient écarquillés à ma vue. Je portais une cagoule mais j'étais sur qu'elle m'avait reconnu. 

Don Siro s'était avancé vers elle et sans prévenir il arracha le scotch de ses lèvres en enportant des morceaux de peau. Elle grimaça et se mit à hurler de toute ses forces. 

- Chut, chut, chut ... lui dit Siro en caressant ses cheveux. Ma chérie si tu continue je vais devoir le remettre. 

Elle se débattait férocement sans cesser de crier qu'elle voulait s'en allait, qu'il y avait une erreur, suppliant qu'on ne lui fasse pas de mal... Je voyais le visage de mon oncle se déformer de rage et avec le dos de sa main il lui asséna une gifle. Elle se mordit la lèvre qui s'était fendue et lui lança un regard noir. Ses cheveux barraient son visage parsemé de larmes. 

- CHIUDI LA BOCCA ! (ferme ta gueule!) lui cracha mon oncle au visage

Elle tremblait de peur mais elle obéit. Elle n'avait pas le choix. Mon oncle faisait le tour de la chaise lentement, une main sur son épaule. À son contact, elle se mit à frémir de terreur. Il écarta ses cheveux qui obstruait son visage et se pencha en avant.

- Tu es bien la fille de ce connard de Luke Bess ? 

Il lui avait susurré dans l'oreille faisant claquer sa langue de serpent. Elle hocha timidement la tête. Elle était paralysée par la peur. 

- Alors ma jolie, on ne fait pas du tout erreur. 

Il s'était redressé et avait joint ses mains sous sa ceinture, se tenant face à elle.

- Je ... je ne comprends pas... articula t-elle difficilement en baissant la tête. 

Ses épaules montaient et descendaient au rythme de ces pleurs et je savais que mon oncle détestait ça. Il sorti le glock qu'il avait dissimulé à l'arrière de son pantalon et lui braqua sous le menton pour qu'elle relève sa tête. Elle hurla de surprise et écarquilla les yeux, effrayée. 

- Quand je te dis de fermer la tua fottuta faccia (ta putain de gueule), tu te la fermes. 
Il lui mis un coup violent dans la joue avec la la crosse de l'arme pour accompagner ses propos. Alors il continua : 

- Tu comprends pas ce que tu fais ici ? Les gars, cette puttana ne comprend pas pourquoi elle est là ! Il s'était retourné face à ses soldats et tous avaient ricané diaboliquement. Moi compris. 
Je vais t'expliquer moi, ce que tu fous là. Et crois moi que t'es pas prête d'en sortir. Alors voilà, il se trouve que j'ai des petites affaires à régler avec ton papa. Alors pendant ce temps toi, tu vas gentiment attendre ici. Et je te conseille de pas faire ta folle parce que je crois que t'as pas bien compris à qui tu avais à faire. 

Elle n'avait pas relevé la tête et maintenant ses sanglots la prenait à la gorge. Siro me fit signe de la main de l'emmener dans sa cellule. Ça suffirait pour aujourd'hui. Je détachais ses poignets rougis par les menottes des accoudoirs de cette chaise et je la fit avancer vers la sortie. Elle était terrorisée mais gardait les yeux rivés sur le sol. Certainement par crainte. 

Les cellules étaient de l'autre côté du sombre couloir. J'ai ouvert l'une des grilles et je l'ai poussée tellement fort au fond qu'elle est tombée sur le sol dur. J'ai fait claquer la grille et sans un regard, je l'ai laissée là. Seule. 


Les princes de la villeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant