Chapitre 55 : Décollage

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Leandro 


Je crois qu'on s'est endormis quelques minutes après. Enfin, elle en tout cas. Moi j'ai gardé les yeux ouverts une bonne partie de la nuit. J'étais à l'affut du moindre bruit, du moindre signe de danger. Mais la nuit avait été paisible. Calme, sans bruit. 
J'étais perturbé par ce qu'elle m'avait dit. Putain cette histoire de lettre ça me cassait les couilles. Ce que je redoutais par dessus tout était en train d'arriver. On voulait l'atteindre elle pour me blesser moi. C'était moi leur ennemi, pas elle. Comment est ce qu'elle aurait pu l'être ? Elle qui est si pure et innocente. 

Alors la dernière chose à faire c'était de s'éloigner quelques temps. Je devais la protéger, j'avais plus le choix maintenant. Et même si je lui laissait sous entendre qu'elle était libre de partir, en réalité jamais je la laisserait s'en aller. Parce que si il lui arrivait quelque chose, je ne m'en remettrai jamais. 

Je voulais pas mettre de mots sur ce qui se passait entre elle et moi. J'avais peur des mots, je redoutais les étiquettes. Je savais juste que je voulais la garder près de moi. Pour le reste, ça attendra. J'appréhendais d'annoncer notre arrivée à tante Ada. Je savais pas comment elle allait réagir. J'avais peur qu'elle désapprouve sa venue, et je savais déjà le discours qu'elle allait me tenir. Je l'entendais d'ici me dire que prendre des risques inutiles pour une fille ne sert à rien si ce n'est pas sa femme. Qu'on protège la famille, pas les inconnus. Que la famille est italienne avant tout, et que les pièces rapportées étrangères ne sont pas les bienvenues. 

C'était comme ça, c'était la règle. Et même si j'étais très attaché à elle,  j'étais encore très loin de pensant m'imaginer un futur avec. En fait je crois que j'étais terrifié. J'ai préféré ne plus y penser. Alors j'ai écris un message pour affréter le jet et faire en sorte qu'il soit prêt pour un décollage à 8h. Elle dormait paisiblement à côté de moi et je l'aie regardée, sa beauté reposée, ses traits décontractés. J'aurai pu la fixer pendant des heures. Dès que je posais mes yeux sur elle c'était plus fort que moi, il fallait que je la sente. Alors j'ai caressé son bras, ses cheveux. Je voulais la réveiller en douceur. 

Je l'ai laissée émerger pendant que j'allais à la cuisine récupérer de quoi déjeuner. Je suis remonté avec deux cafés et des viennoiseries que j'ai déposé sur le lit. Elle m'a regardé avec ses yeux encore endormis et m'a dit avec un sourire : 

- Je savais pas que t'étais du genre à amener le petit dej' au lit. 

Une partie de moi avait envie de lui répondre sèchement mais l'autre était attendrie par son visage d'ange. Alors j'ai simplement répondu en mordant dans un pain au chocolat :

- T'habitues pas. 

J'ai entendu son petit rire et j'ai esquissé un sourire. Je savais pas faire ce genre de choses, mais avec elle c'était différent. C'était naturel

Je lui ai demandé de rassembler ses affaires quand elle aurait fini et de me rejoindre dans la voiture sous le porche. Même si je savais qu'il était encore tôt, on devait pas traîner si on voulait avoir le temps de passer chez elle avant de décoller pour Napoli. 
J'ai sorti un sac de voyage LV où j'ai fourré quelques affaires. Le strict minimum parce que de toute façon j'en avais sur place dans la maison de ma tante. J'ai enfoui mon flingue dans l'arrière de la ceinture de mon jean et je suis descendu pour l'attendre dans la voiture. 

Elle est arrivée au bout d'une quinzaine de minutes et a déposé son sac en toile dans le coffre du Range Rover avant de grimper à l'avant. J'ai salué de la main les gardes qui étaient en poste et nous avons pris la route, dans le silence. 

Les princes de la villeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant