Les mauvaises décisions mènent parfois vers de belles histoires, et moi, j'étais là pour donner un petit coup de pouce au destin. Il faut dire que je n'avais pas choisi les caractères les plus faciles. Chad, artiste à la sensibilité corrosive et au...
« Le hasard à des intuitions qu'il ne faut pas prendre pour des coïncidences. »
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Mon ton est intentionnellement moqueur, mais cela n'empêche par Rafael d'effectuer un sourire éblouissant, visiblement satisfait que je ne renie pas son titre de roi du lycée. Le nouveau aux yeux plus transperçant que des éclats de verres, quant à lui, me dévisage de haut en bas. Il garde une expression neutre mais l'éclat dans ses iris m'indique que j'ai réussi à éveiller sa curiosité.
— Mlle Sparks, vous serez prié de vous asseoir et de vous taire, me lance le surveillant qui nous ferra office de babysitter pour les deux prochaines heures.
Il baragouine ces dernières paroles sans même lever les yeux de son téléphone et marmonne dans sa barbe un commentaire que j'imagine peu aimable.
Emy me lance un regard découragé et je la tire à moi pour l'obliger à s'installer sur la table voisine à la mienne, située juste devant celle des garçons.
— Ton souverain, je suis flatté, retentit immédiatement une voix dans mon dos.
Son chuchotement est assez fort pour que je l'entende clairement, mais pas assez pour que le surveillant à l'autre bout de la salle en fasse de même. Je jette un œil à ce dernier, et le voyant toujours absorbé par son cellulaire, me retourne sur ma chaise.
Rafael Powell en personne me dévisage avec un intérêt prononcé. Affalé sur sa chaise, il fait tourner son stylo entre ses doigts à une allure folle, tout en me bouffant du regard. C'est comme si ce mec savait tout faire, de la chose la plus compliquée à la plus futile. Son regard franc et plein d'assurance semble me narguer en me rappelant que la sienne est réelle lorsque la mienne est fictive.
— C'était ironique, m'empressé-je de préciser avec animosité. Le culte que ces idiots de lycéens te vouent est absurde. Je veux bien que tout ce qui touche au cérébral te dépasse un peu mais même toi, tu a du t'en rendre compte.
Son regard se voile un instant, troublé par mon ton brusque mais il ne se laisse pas décontenancé pour autant.
— Sérieusement, Gaby ? Je te croyais au dessus de tous ces clichés sur les sportifs.
Alors comme ça, il sait comment je m'appelle ! Il a plus d'intérêt pour ceux qu'il considère comme ses sujets que je ne le croyais. Il se fend d'un sourire ravageur qui dévoile d'adorable fossettes et je me retrouve obligé d'admettre qu'il dégage quelque chose. Certes, il est beau, mais ce n'est pas que ça, il a du charisme. Beaucoup même. C'est tellement dommage que cet arrogance vienne tout gâcher.
— Tu te crois vraiment irrésistible, hein ? lui demandé-je moqueuse.
— Ne rejette pas la faute sur moi, dit-il avec un rictus espiègle. Que puis-je y faire si tout le monde m'aime ?
