Chapitre 4 : Les journées

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Les journées sont longues pour Byleth. Attachée, elle attend le plus souvent assise contre le lit ses repas. C'est sa seule distraction, elle ne peut plus faire d'exercice entravé comme elle l'est et a mis du temps à s'habituer à ses lourdes chaînes. C'est la femme-wyvern, nommé Marianne qui lui apporte ses repas. Les posant à ses pieds puisqu'elle ne peut plus atteindre le bureau.

Claude a affirmé à son père qu'il la libèrerait à la guérison de la wyvern qu'elle a blessée sur le champ de bataille et une profonde blessure au ventre pourrait mettre plusieurs mois à entièrement cicatriser. Byleth soupire, sa patience a toujours été très limité. Elle tourne la tête pour voir la porte de sa chambre s'ouvrir. Marianne entre à pas feutré tenant un plateau repas. Elle le pose au sol et récupère le précédent sous le regard scrutateur de Byleth. L'humaine inspecte ce qui lui a été servit. Son visage se contracte. " Attend ! Il n'y a pas de couverts." Elle a interpelé Marianne qui s'apprêtait à sortir prestement comme à chaque fois.

Byleth sait qu'elle peut comprendre sa langue mais ne l'a jamais entendu parler en retour. La femme wyvern fronce les sourcils avant de dire quelques mots incompréhensibles pour l'humaine. Le ton d'abord tranchant perd en agressivité au fur et à mesure de sa phrase. Marianne revient sur ses pas en mimant quelqu'un qui mange avec ses doigts tout en indiquant une assiette contenant de fine galette. Byleth regarde sévèrement les galettes, elle ne peut manger que cela sans se salir, le reste du plateau contient des assiettes creuse rempli de préparations parfois riche en sauce. L'odeur qui se dégage des différents plats est fortes et très agréables. Elle ne comprend pas à quoi tout cela rime, jusqu'à présent ils lui avaient toujours fournie de quoi manger, des couteaux incapables de couper mais les couverts étaient là. Marianne est venue s'agenouiller devant elle. Elle indique l'assiette de galette à Byleth, s'en saisit d'une et la déchire pour attraper un peu de ce que contient l'un des bols. Elle tend le pain fourré d'un peu de viande à la jeune humaine qui hésite à récupérer la nourriture de ses doigts griffus. Byleth attrape la nourriture tendue sans quitter des yeux la wyvern tout près d'elle à genou sur le tapis de sa chambre. La sauce coule sur ses doigts et elle lèche la goûte après avoir mis le morceau de pain dans sa bouche.

Curieusement cela fait sourire la wyvern qui sort un tissu de sa robe et vient délicatement nettoyer ses mains.

Byleth pourrait l'attaquer, enrouler sa chaîne autour de son cou, faire venir leur chef et le menacer d'étrangler la wyvern s'il ne la libère pas. Elle sait que son plan est perdu d'avance, qu'une fois libre il la rattrapera aussitôt et elle finira enchaîner dans les geôles. Au moins ici il y a une fenêtre. Elle ne peut plus s'en approcher mais de là elle peut voir le ciel.

Marianne quitte la pièce. La jeune humaine mange en s'appuyant la tête contre le matelas de son lit contrarié d'avoir adressé ce qui pourrait ressembler à un sourire de reconnaissance à cette ennemie.


Cela fait dix jours que Claude retient l'humaine prisonnière dans son palais dont sept qu'elle vient de passer enchaîner. Il sait qu'il doit fournir des preuves régulière de son bon état de santé s'il ne veut pas risquer de revoir les armées de l'Église à ses portes.

Il se lève de son bureau pour se rendre à sa chambre et y entre sans prévenir, ne s'embarrassant d'aucune convenances sociales avec elle. Il ne lui a pas pardonné la façon dont elle a blessé Ignatz, ce garçon est maintenant sourd d'une oreille par sa faute. Pour le moment elle ne mérite aucun égard.

Elle se tient appuyé contre le lit et fixe la fenêtre. Il grogne pour attirer son attention. Elle ne devait pas s'attendre à le voir car un bref instant il peut lire de la surprise sur son visage. Cela le met de bonne humeur, il aime se savoir inattendu. "Lève-toi. Tu vas écrire à ton père." Elle le regarde, a un petit battement de cils surpris avant de se lever. Il voit bien qu'elle l'étudie pendant qu'il installe un encrier, une plume et quelques feuilles sur le petit bureau. Elle semble un peu ahurit, par sa présence. Elle a passé une semaine sans parler à personne ne voyant que Marianne à l'heure de ses repas. Il peut comprendre qu'elle soit un peu déboussolé et cela est bien arrangeant. Il s'attendait à devoir se battre pour lui faire écrire quelques mots sur un bout de papier mais elle semble bien plus obéissante ainsi. Il s'approche d'elle les clés de ses chaînes visibles dans les mains. Elle reste immobile et le regarde attraper ses poignets et les faire tourner dans ses larges mains pour rendre la serrure de ses menottes apparentes. Ses mains se referment en deux petits poings qui peuvent tenir sans difficulté dans ses larges paumes. La clé tourne est les menottes tombent l'une après l'autre sur l'épais tapis de sa chambre dans un bruit sourd. Dessous apparaissent les marques rouge que le fer a dessiné sur sa peau. Il ne libère pas immédiatement ses mains, et cherche son regard. "Je dois te prévenir, je vais lire cette lettre, elle devra me plaire et plaire à ton père. C'est un exercice qui doit te paraître compliqué, mais je compte sur toi."


Elle regarde l'immense homme-wyvern qu'est Claude. Ses yeux verts sont intransigeant. Ils percent au travers d'elle comme deux flèches. Du menton il lui indique le bureau. Son visage est parfaitement humain, à l'exception de cette paire de corne que les mâles de son espèce portent. Ses bois de cerfs sont immense par rapport à ceux des autres wyverns qu'elle a croisé. La plus grosse différence entre lui et elle, c'est sa taille, la paire d'ailes dans son dos et cette queue reptilienne qui s'agite en voyant qu'elle ne réagit pas à son ordre.

Elle récupère ses mains bloquées dans les siennes et se rend au bureau. Que peut-elle faire d'autre ? Bien incapable qu'elle est de s'échapper d'ici. Il vient au-dessus d'elle, se penche pour prendre une feuille et la placer correctement devant elle, alors que de son autre main il trempe la plume dans l'encrier avant de l'égoutter et de la lui donner en tapotant le papier du doigt. Elle est obligée de se replier sur elle-même pour éviter que le sommet de sa tête ne frotte le buste ou le cou de Claude.

Byleth regard du coin de l'œil son geôlier en se mordant l'intérieur de la joue, ni elle ni sont père ne se sont jamais beaucoup écrit et elle ne sait pas ce qu'elle peut lui raconter. Lentement elle met sur le papier ce qu'il s'est passé. Elle explique qu'elle est enfermé dans une chambre avec une salle d'eau, qu'on lui apporte trois repas par jours, que la nourriture est bonne mais que suite à sa tentative de fuite ils préfèrent en plus l'enchaîner à un des montants du lit. Elle indique la longueur de la chaîne en maillon avant de préciser qu'elle va attendre qu'on la libère calmement.


Claude l'a regardé apposer chacun des caractères composant sa lettre avant qu'elle ne la signe "Byleth". Il récupère la lettre et la relis attentivement, plusieurs fois. Une main sur l'épaule de l'humaine pour la surveiller sans avoir à la regarder. Il cherche les indices qu'elle aurait pu y glisser mais rien de caché ne lui apparaît. Il soupire, incertain que l'honnêteté dont elle a fait preuve dans sa lettre soit bon signe. " Tu ne mens pas à ton père ?" Elle fait non de la tête sans regarder dans sa direction. "Bon, cette lettre me convient, va t'assoir sur le lit".

Il a enlevé sa main de son épaule et l'observe. Avec une lenteur infinie Byleth s'écarte du bureau et se lève. Elle masse ses poignets encore marqués en fixant la fenêtre. Elle lui fait pitié. Marianne a rapporté le comportement qu'elle a eu à son égard durant toute la semaine. L'humaine a été sage.


Byleth ne veut plus de ses chaînes, elle en a assez d'être entravée et coincée dans ce coin ennuyeux de sa chambre. Elle aimerait au moins pouvoir se rapprocher un peu plus de la fenêtre pour pouvoir voir ce qu'il se passe dehors. Il arrive que des voix et des rires montent jusqu'à elle venant de l'extérieur et cela l'intrigue. Elle n'a jamais été très sociable mais avant aujourd'hui elle n'avait jamais été coupé des autres.

Elle regarde depuis le bout de lit sur lequel elle est assise par la petite fenêtre. Ils ont cassé le loquet pour qu'elle ne puisse pas s'échapper par là et soupire les mains posées sur ses cuisses. Elle entend le cliquetis des chaînes qui s'entrechoquent et baisse les yeux quand l'ombre de Claude vient sur elle. "Je reprends ça, si tu te tiens bien tu seras récompensé". Il termine sa phrase en lui caressant le dessus de la tête. Cela la pétrifie, elle met du temps à se tourner vers lui alors qu'il referme déjà la porte de sa chambre à clé en emportant en plus des chaînes, la chaise de son bureau avec lui.

Tes écailles contre ma peauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant