Le petit garcon

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Melia sursauta et fit tomber son plateau sur le sol. Ce n'était pas la première fois, son travail auprès de la couronne l'importait beaucoup et elle ne voulait pas décevoir sa maitresse. Cette dernière, une personne proche du Roi, lui avait confié sa tache il y a de ça plus d'une dizaine d'années et elle avait toujours été exemplaire même si s'occuper d'un enfant n'était pas chose aisé tout les jours :

- Varen, ne t'aie-je pas dis cent fois d'arrêter de me faire peur comme ça !

- Mel, je suis désolé je vais t'aider à ramasser. Dit le jeune homme en s'esclaffant.

Il a aujourd'hui 19 ans. C'est un bel homme, grand avec une belle chevelure blonde et des yeux noisette.

Il passa une enfance sans encombre loin de son village natal mais bien entouré. Il apprit vite à devenir autonome même s'il ne rechignait pas à demander de l'aide à Melia. 

Il a de vagues souvenirs de la nuit du drame. Sa main manquante était là pour lui rafraîchir la mémoire. Il a de nombreuses fois questionné Mel à ce sujet mais l'unique information qu'elle lui transmettait c'était que ses parents et sa soeur étaient morts d'une épidémie et qu'il avait fallu lui amputer la main pour pas qu'il n'y passe aussi.

Pourtant le sang était omniprésent dans ces cauchemars, incessant depuis lors, seuls garants du traumatisme qu'il a subi étant jeune. Une femme aux yeux bleus resurgissait sans arrêt à la fin de ses terreurs nocturnes pour l'aider à en réchapper or Mel avait les yeux d'un vert grisâtre :

- Ne me regarde pas comme ça, prépares-toi, Arlon va s'impatienter. Son regard semi-autoritaire ne lui inspirait que de la tendresse.

Son sourire comme seule réponse, le jeune homme s'affaira. Il n'était point enjoué à l'idée de retrouver ce vieillard redondant mais parmi les nombreuses pièces dans lesquelles il avait le droit de se rendre, celle où Arlon devait le retrouver était sa préférée.

De nombreuses parts d'ombres entouraient son passé, Varen le savait mais il avait énormément de gratitude pour celle qui l'avait élevé et qui s'était toujours bien occupée de lui et il la mettait mal à l'aise avec ses questions.

Il avait donc entrepris de trouver des réponses dans les livres. Il habite une chambre dans l'aile Est du château de Gorn, le plus grand royaume situé en Argos, la région au Sud-Ouest du continent. 

Bien qu'il s'y sente à l'étroit, la grande bibliothèque royale lui permet de s'évader. Il rêve de grands espaces et d'aventures mais il a interdiction formelle de sortir de l'enceinte du royaume. Il passe donc ses journées à lire des ouvrages lui contant l'histoire d'Argos ainsi que des informations partielles sur la géographie des trois autres régions du continent : Krios, Pedios et Modios. Il fantasme à l'idée de parcourir le monde pour compléter ces notes.

Varen s'empressa de rejoindre la pièce de tout ces obsessions croyant déjà être en retard.

Mais à son arrivée, personne ne l'attendait. C'était bien la peine de se dépêcher se dit-il.

La bibliothèque était vaste. il fallait plusieurs vies pour lire tous les ouvrages entreposés. Mais ceux qui entretenaient le plus de mystères se trouvaient derrière une porte fermée à double tour.

On lui a interdit l'accès pour diverses raisons mais la principale, absurde à son gout, était son jeune âge ou sa pseudo immaturité. Il nourrissait depuis des années une monomanie perpétuelle à l'égard de cette pièce remplie de richesses intellectuelles inatteignables.

Il s'installa à une table en face de la porte et prit quelques livres. Deux concernaient Argos et son histoire, le troisième, faisait étale des nombreuses constellations et des façons de les interpréter. On y apprenait notamment à repérer la plus brillante des constellations, « Oph », un immense groupe d'étoiles en forme de serpent. Selon la légende, cette constellation représenterait Aphelis, un serpent capable de se soigner de n'importe quelle maladie et ainsi de tromper la mort.

Les dieux crurent bon de remédier à cette déformation temporelle qu'ils n'avaient pas prévue et l'exécutèrent. Pour prouver leur respect envers cette créature qui les avait défiée , ils décidèrent de l'honorer en la plaçant dans les cieux ; symbole éternel de mortalité pour les humains qui la contemplent ...

Le bruit de la porte de la bibliothèque le fit sortir de sa lecture. C'était Arlon, son instructeur. Un vieil homme bourru qui lui faisait tant bien que mal son enseignement.

Lui s'occupait de la paida et Melia de l'ethos.

Varen appréciait les récits d'histoire et de géographie mais s'horrifiait devant l'algèbre ou la géométrie :

- As-tu consulté les notes que je t'avais préconisées ?

Son regard plein de défis, le jeune homme lança :

- S'il est question du recueil sur les différents types de bois présents en Argos, non je ne l'ai pas parcouru.

Son sourire fit grincer des dents le vieux maître.

- Soit, tant que je n'aurais pas de résumé exhaustif de ta part, je ne te laisserai plus pénétrer dans cette bibliothèque.

Le visage de Varen se ferma. Son sourire disparu :

- Vous ne pouvez pas me faire ça, comprenez-moi, une partie entière m'est déjà restreinte, vous n'allez pas me priver de ma seule liberté ici ?

- Tu en as déjà bien assez il me semble. S'agaça le vieillard. Il te reste beaucoup à apprendre avant de t'y aventurer.

- J'ai écumé suffisamment d'ouvrages inintéressants, vous m'aviez promis qu'une fois mes dix-huit années passées vous me laisseriez y entrer.

- Tu n'es pas prêt.

Varen allait répliquer mais Arlon écourta la discussion d'un geste de la main.

Peu après il sortit de la pièce laissant Varen seul dans cet immense puits de savoir.

Ce dernier furieux envoya valser les manuels et autres parchemins qu'il avait devant lui.

Le soir venu, le jeune homme sauta le repas préparé par Melia et allât s'enfermer dans sa chambre. Il avait l'habitude de veiller tard. Ses cauchemars le tenaient éveillé une bonne partie de la nuit mais ce soir, Varen se sentait contrarié. On le prenait encore pour un enfant. Son altercation avec l'instructeur l'avait laissé amer. Trop longtemps il avait regardé cette porte fermée à clé qui le séparait des livres proscrits. Il était plus que jamais décidé à y pénétrer.

Le dernier HérautOù les histoires vivent. Découvrez maintenant