La croisée des chemins

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Varen avait vu le jour se lever. Il avait beaucoup réfléchi à l'histoire de Marco cette nuit. Son récit l'avait touché. Ne pas avoir connu ses parents était tragique mais se faire battre par ceux qui t'ont donné la vie semblait pire. Le petit déjeuner se composait du reste du gibier de la veille accompagné de quelques fruits. Ce n'était pas le luxe du château mais Varen s'en contenta aisément. Il était déjà heureux de pouvoir manger à sa faim en compagnie d'un groupe aussi efficace que sympathique, lui qui s'était imaginé tout un tas de scenarii catastrophe. La cohabitation allait prendre fin ce jour. Varen aurait aimé apprendre à les connaitre davantage. Il se verrait bien arpenter de nouveaux horizons avec eux, découvrir des continents inexplorés et partir au-devant d'aventures incroyables. Mais il avait des choses à régler avant. Nira l'attendait.

Après quelques heures de marche, ils arrivèrent enfin au bout de la forêt laissant place à l'immense chaine de montagne séparant les continents d'Argos et Pedios. Ces massifs rocailleux teintés de verdures étaient sublimes.

Varen n'en croyait pas ses yeux. Il était prostré devant la beauté et l'immensité qui se tenait là depuis tout ce temps, si proche de lui sans qu'il ait pu s'en approcher auparavant. Les quatre explorateurs n'avaient pas l'air de découvrir cet endroit, ils ne semblaient pas s'émerveiller plus que ça. Daze et Marlon enchainaient les traits d'humour assez lourds pendant que Marco et Ezio marchaient droit vers le passage étroit transperçant la montagne. Le soleil déjà en phase descendante était masqué par l'imposant massif, si bien qu'ils furent plongés dans l'obscurité à leur entrée dans le couloir. Marco alluma deux torches, pour lui et pour Marlon qui fermait la marche. La végétation paraissait pauvre par rapport à la forêt d'Yrass. Quelques plantes luttaient pour leur survie mais le manque de lumière se faisait ressentir sur la flore ce qui rendait le tout très austère et aride. On pourrait croire qu'on se trouve dans tout autre région, pensa Varen. Ils passèrent devant une cavité mais personne ne s'en soucia. Le jeune homme s'arrêta.

- Ne t'approche pas Varen, reste auprès de nous, tu pourrais te perdre.

Mais il n'écouta pas Marlon. L'orphelin s'engouffra dans cette cavité encore plus noire que le couloir qu'ils arpentaient. Il avança à petits pas sans vraiment savoir où il allait. Une odeur de soufre lui chatouillait les narines. Il entendit quelqu'un courir vers lui. Marco surgit et sa torche éclaira d'un coup la grotte laissant apparaitre des symboles. Varen put reconnaitre la langue des anciens. Mais avant qu'il puisse les déchiffrer Marco le tira vers l'extérieur. 

- Qu'est-ce qui te prend !? On t'a dit de ne pas t'éloigner !

- Je ne faisais rien de mal, tu as vu ce qu'il y a à l'intérieur ? Cette grotte contient un message dans la langue des anciens, c'est une découverte incroyable ! Je dois y retourner.

Varen se retourna vers la grotte mais Marco serrait son bras.

- J'ai dit non. On est presque arrivé. Ne nous fait pas perdre de temps.

Le ton était sec. Sa voix avait changé, son regard aussi.

Varen ne le reconnaissait plus. Il avait peur, comme la première fois qu'il les avait rencontré dans la forêt. Le Marco qu'il avait écouté au coin du feu n'avait rien à voir avec celui en face de lui à ce moment. Il n'opposa pas plus de résistance et se mit en marche. Le groupe s'était resserré, Marco lançait des regards derrière lui et Marlon n'avait de cesse de le coller. Le jeune homme n'était pas à l'aise. Il sentait que quelque chose avait changé. Daze ne parlait plus et regardait le sol. Une tension s'était créée.

Après une bonne heure de marche. On pouvait enfin voir le bout du couloir. La nuit était tombée mais la lune éclairait la sortie. Une fois sur le sol de Pedios, des plaines à perte de vue entravées par quelques montagnes se tenaient devant eux. Le paysage dégageait une certaine sérénité mais la situation était tout autre. Ils firent halte et mangèrent un morceau. Varen se tenait un peu à l'écart. Ses quatre compagnons de voyage se tenaient assis devant lui et le regardaient. La tension n'était pas redescendu au contraire, Marco avait le visage fermé. Personne ne voulait briser la glace mais Varen du s'en charger :

- C'est ici qu'on se sépare je crois.

Daze, Ezio et Marlon se tournèrent vers Marco. Le silence qui suivit ne rassura pas le jeune homme.

- Pas tout à fait. Changement de programme, tu nous accompagnes.

Un frisson parcourra le dos de l'orphelin.

- Ce n'est pas ce qui était convenu. Je dois ... aller voir ...

- Nira, je sais.

Une peur monstre s'empara de Varen, comment savait-il ? Il se leva et fit un pas en arrière. Les quatre le suivirent de concert.

- Comment ? Vous ne comptiez pas me laisser partir ? Depuis le début ?

- Tu es un garçon intelligent peut-être trop. Tu nous facilites pas vraiment la tâche tu sais.

- Mais ... Marco ? Tes parents ? la rédemption ?

- J'ai tué mes parents parce qu'ils le méritaient le reste c'est ce que tu voulais bien entendre. Maintenant tu as deux options, soit tu nous suis sans encombre soit tu souffres.

Les yeux de Varen s'écarquillèrent, il n'en croyait pas un mot. Ce n'était pas possible. Comment il aurait pu se faire berner à ce point ? Il aurait dû écouter son instinct s'échapper pendant qu'il en avait le temps. Là il était pris au piège. Il se mit à courir. En vain, Marco et Ezio le rattrapèrent et le plaquèrent au sol. Il luttait et criait mais personne ne l'entendait.

- Non ! Marco ! Je t'en supplie !

Sa respiration se coupa. Il avait pris un coup dans le ventre. Un autre dans la tête. Il puisa dans toutes les forces qui lui restait et cria :

- Stop ! Arrêtez !!

À ces mots une vive lumière blanche s'échappa du corps de Varen provoquant une onde de choc qui envoya valser ses agresseurs. Les yeux à peine ouverts il put voir le corps d'Ezio à terre à coté de lui, le regard vide.

L'orphelin lutta mais meurtrit et à bout de forces il s'éteignit ... 

Le dernier HérautOù les histoires vivent. Découvrez maintenant