Chapitre 12

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Le mercredi suivant, ma mère me déposa de nouveau au club.

- Soit prudente Miru, je compte sur toi, m'avait-elle demandé.

- T'inquiète pas, m'man, je te reviendrai en un seul morceau, répondis-je en haussant les sourcils.

Je claquai ma portière et m'engageai dans l'allée, mon sac sur l'épaule. Je marchais d'un pas assuré, ce chemin m'étant désormais familier.

Pressant le pas, je me rendis au pré de Dreamer aussi vite que mes jambes me le permettaient. Arrivée près de la barrière, un petit hennissement m'accueillit, comme pour me souhaiter la bienvenue. Je souris.

- Bonjour mon grand. Moi aussi je suis contente de te voir.

J'ouvris la barrière et me glissai dans le pré, sans me départir de mon sourire. Le cheval frotta sa tête contre mon bras. En soupirant, je m'allongeai sur l'herbe. Les vibrisses de Dreamer me chatouillèrent la joue.

- Comment c'est possible, hein ? lui demandai-je d'une voix bouleversée. Comment est-ce que tu es arrivé à ça ? Comment as-tu pu me donner la vue ?

À présent, des larmes d'incompréhension roulaient sur mes joues. Des trémollos dans la voix, je continuai cependant :

- Comment ?! Je ne comprends pas...

Je me redressai et enfouis ma tête dans mes mains. Dreamer glissa son nez entre mes bras humides de larmes.

Je ne pourrais dire combien de temps nous restâmes ainsi. Ç'aurait pu être des secondes comme des heures. 

Soudain, à l'extérieur du pré, j'entendis des bruits de pas ténus. Le cheval leva la tête, signe qu'il avait également entendu.

- Qui est-ce ?  lançai-je d'une voix enrouée.

- Euh... Hum, c'est Alex.

Je me raidis aussitôt. Ce crétin ! M'avait-il vue pleurer ?! Pire, avait-il entendu mes élucubrations ?! Si c'était le cas, non seulement il allait me prendre pour une folle, mais en plus, quelque chose me disait que ça allait rapidement faire le tour du centre équestre.

- Tu veux quoi ?! 

- Juste te dire que tu va rejoindre le cours intermédiaire pour un essai, annonça-t-il. Ah, et tu montes Dreamer. Je ne sais pas si tu le savais, vu que c'est seulement marqué sur la fiche de monte... 

- Pardon ?! m'écriai-je, ahurie. Tu te moques de moi ?

- Euh, non... 

- Mais je viens à peine de commencer l'équitation ! Comment la directrice veut-elle que je monte en cours intermédiaire ?! paniquai-je, ma voix montant dans les aigus.

- C'est pas si compliqué, tu vas voir, m'assura Alex. La seule différence avec le cours débutant, c'est qu'on commence à sauter et à perfectionner sa position à cheval. Et puis tu seras avec d'autres cavaliers, c'est plus sympa, non ?

Je gardai le silence, peu convaincue.

- Bon... Bye ! me salua-t-il, probablement gêné par ce blanc qui s'éternisait.

J'entendis les graviers rouler sous ses pas tandis qu'il retournait à la barre d'attache.
Puis, en soupirant je me levai et m'emparai du licol suspendu à la barrière, avant de l'enfiler à Dreamer.

Nous descendîmes nous aussi à la barre d'attache. Je pansai mon cheval avec soin, je le sellai et lui mis son filet. Dreamer ne bougea pas, il fut gentil comme un agneau. Mais il était tellement grand que je dus monter sur un tabouret pour l'harnacher !

Une fois ces tâches finies, la directrice nous appela. Je déglutis et pris mon cheval par les rênes pour nous diriger vers la carrière. Une fois à l'intérieur, la monitrice me proposa un montoir, que j'acceptai avec soulagement. Au moins, ça m'éviterait de tomber tête la première dans le sable en essayant de monter. Quoique...

Finalement, je grimpai sans encombre sur mon immense monture. Aussitôt assise, je me sentis comme rassurée. Pleine d'une énergie nouvelle, je redressai le buste ; j'étais prête à affronter la nouvelle épreuve qu'on m'imposait.

Donne Moi Tes YeuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant