Chapitre XXIX :

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Ama ne détourna pas son regard de celui de Caeta, sans ouvrir la bouche elle acquiesça d'un signe de tête.

— Donc. Nous allons commencer par le commencement, depuis quand as-tu rejoins le Cygne Noir organisation clandestine ? commença par demander Caeta en précisant chaque mot.

— Depuis que j'ai quitté la maison.

— Bien, depuis quand es-tu amie avec des sorciers de seconde zone ?

— Qu'entends-tu par « seconde zone » ? demanda Ama en gardant un visage impassible malgré la surprise lisible dans ses yeux.

— Leurs robes sont usées. Et la pauvreté se voit sur leu visage, ils ont ces sourires béats qu'ont les humains pauvres, fit Caeta avec indifférence.

Ama quant à elle ne le prit pas de la même manière. « Seconde Zone » et « Pauvre » allaient devenir les mots qu'elle détestait le plus au monde si ça continuait. Sans savoir si c'était par amour pour Fred et par amitié pour George ou si c'était simplement dû à l'immense respect qu'elle avait pour les Weasley, Ama se leva d'un bond éclaboussant sa mère.

— Ils ne sont pas pauvres. Ils sont riches à leur manière, contrairement à notre famille qui est « populaire » chez les Cités Perdues, les Weasley sont gentils, aimant, courageux et on s'attache étrangement vite à eux. Donc ne répète JAMAIS ce que tu as dis devant moi, dit-elle en tentant de garder une voix passive.

— Pourquoi comparer notre famille à la leur ? demanda Caeta calme en se passant une main sur le visage pour retirer l'eau de ses yeux.

— Parce qu'on est détestable. Tu m'as toujours dit que les riches gagnaient et les pauvres perdaient ? Bah honnêtement je préfère être pauvre et heureuse que riche et malheureuse comme on l'a toujours été.

Caeta sembla prendre conscience de certaines choses en entendant Ama s'exprimer. Elle leva le regard vers le ciel, comme pour réfléchir avant de le rebaisser sur Ama qui dardait sur elle un regard de défi. Au grand étonnement de l'Hypnotiseuse sa mère afficha un grand sourire.

— Tu as bien grandis. Tu défendais déjà les Humains et tu continues. Tu continues de conserver tes valeurs et ça je ne peux qu'en être fière, dit-elle dans un souffle.

— Et maintenant tu complimentes ? Tu as changé, marmonna Ama douteuse.

— Ou je fais tomber les masques.

— Je reste douteuse.

— Avoir du doute c'est comme garder espoir, dans les deux cas on veut le meilleur non ? fit Caeta avec un sourire amusé.

— Si tu le dis, il n'empêche que je reste suspicieuse sur ta soudaine gentillesse ! Après tant d'années de souffrance tu te montres agréable ? rouspéta Ama.

— Souffrance ? Tu sais que c'est souffrir ? contra Caeta perdant peu à peu son sourire.

— Oui. Souffrir c'est quand tu as mal, physiquement ou émotionnellement ! répondit Ama sans ajouter de détails.

— Non. Souffrir c'est aimé sans être aimé. Pleurer sans être consolé. Souffrir c'est vous voir partir sans pouvoir vous retenir, rétorqua Caeta d'un air sombre.

Ama devait afficher un air confus, car sa mère soupira et se justifia.

— Je vous ai aimé toi et ton frère sans être aimé en retour. Je pleurais contre l'injustice que la vie a décidé de m'offrir et je vous ai vus partir sans vous retenir.

Ama eu un soudain élan de compassion envers sa mère en prenant conscience des paroles de cette dernière. Elle n'avait pas tort. Mais comment aimer après tant d'années de solitude ? L'Hypnotiseuse ne trouva pas de réponse à cette question et à vrai dire elle n'avait pas vraiment envie de chercher.

— En effet. Tu as raison. Mais revenons au sujet de base. Comment cela se fait-il que tu aies dit « véritable mari » ? finit-elle par demander pour esquiver la conversation.

— Tu ne pers jamais le Nord toi. Je vais seulement te dire ce que tu as besoin de savoir. Erso n'était pas, n'est pas et ne sera jamais mon mari. Dans l'actualité c'est la seule chose dont tu as besoin. Maintenant si tu veux bien m'excuser je me dois de dire certaines choses à Ace, répondit Caeta en partant d'un pas pressé.

Ama regarda sa mère partir un air confus sur son visage aux traits si fin. La jeune elfe lâcha un long soupir de désespoir et d'exaspération avant d'entendre, encore, des bruits de pas, précipités cette fois-ci. Soudain elle sentit un poids s'abattre sur ses épaules.

— Définitivement tu n'as pas changé Ama ! Tu as toujours tes convictions et ton cœur d'or ! cria alors la voix d'Elyssa dans ses oreilles.

Ama parvint à se retourner pour voir Elyssa, ses cheveux noirs d'ordinaire soyeux et ondulés étaient rattachés en une queue de cheval aux mèches rebelles, ses yeux bleu abysse brillaient d'une lueur de joie, mais montraient aussi la fatigue causée par les combats.

— Et toi tu n'as pas changé, toujours à t'enthousiasmer pour un rien !

— On ne change pas une équipe qui gagne, répondit-elle fière comme un paon.

Ama haussa les épaules. Elle n'était pas spécialement d'humeur à se pavaner, mais un sourire vint tout de même adoucir ses traits. Elle ferma les yeux, profitant de la joie d'Elyssa qui se propageait comme une onde autour d'elle et du vent qui soulevait ses cheveux dans un nuage de blanc.

— Je commence à me demander quelle époque était la plus belle. Celle où nous n'avions aucun secret l'une pour l'autre, ou celle actuelle, murmura l'Hypnotiseuse dans un souffle.

— Celle-ci. Je veux qu'on redevienne comme avant, soudées et contraire à tous. Mais surtout, si je pense que cette époque est si belle, c'est parce que ton sourire est encore plus beau avec tes deux nouveaux amis ! D'ailleurs on va bientôt devoir les rejoindre ! fit Elyssa en pointant du doigt le ciel qui comment à s'obscurcir.

Ama hocha la tête en signe d'affirmation avant de prendre le chemin qui menait à la forêt. Durant le trajet elle se tamponna légèrement ses coupures aux joues et eu la satisfaction de voir qu'elles ne saignaient plus, elle espérait juste qu'elles ne restaient pas trop visibles. Les deux amies marchèrent en silence jusqu'à voir deux silhouettes se découpaient devant elles. Elles s'approchèrent d'un pas un peu raide, l'adrénaline des précédents combats continuait de succéder de la méfiance en elles.

— Calmez-vous on ne va pas vous tuer ! s'exclama alors une voix qu'Ama reconnut comme celle de Fred.

— De tout façon ce n'est pas comme si j'en avais la possibilité avec ma jambe, marmonna George.

En effet, quand Ama put les voir entièrement elle remarqua que George prenait à peine appui sur sa jambe et lorsqu'il se tourna vers elle et Elyssa elle put remarquer un léger boitillement.

— Dès qu'on rentre tu vas voir Médoc je te préviens, fit Ama avec sérieux.

— Super le retour de l'infirmière ! Je vais finir par en avoir marre de son masque ! s'esclaffa Fred.

Par pur hasard, l'infirmière en question arriva d'un pas démontrant sa fatigue. Lorsqu'elle arriva au niveau des adolescents Ama ne pu savoir si Médoc souriait, son masque ne laissait aucun trace d'un sourire, entre les plumes qui ornaient le haut et la couleur noire du masque Ama n'avait aucun détail pour lire ses émotions.

— Désolée de gâcher vos rendez-vous, mais le petit Weasley s'est réveillé. Il veut vous voir, tous les quatre avec Ginny et Ronild...Ronold...Roland...

— Ronald, la coupèrent les jumeaux en échangeant un regard mi amusé mi inquiet.

— Oui c'est ça, bref, allez-y, continua Médoc en faisant des signes de main en direction du manoir et en tendant un flacon à George, elle avait sûrement remarqué son manque d'appui.

— Sérieux Ron s'appelle Ronald ? s'exclama Ama en prenant le chemin du manoir.

— Ouais, me demande pas ce qu'il s'est passé dans la tête de ma mère, répondit Fred qui tentait de sourire et de conserver sa joie malgré l'inquiétude entièrement lisible dans ses yeux.

La Magie du Silence. Tome I : Le début du bruit.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant