Chapitre XXX :

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Durant le reste du trajet tous restèrent silencieux, sans savoir si c'était causé par respect pour les Weasley ou par le stress qui nouait l'estomac d'Ama. Elle ne savait pas vraiment pourquoi elle était stressée, mais elle l'était quand même, sûrement à cause du souvenir de sa dernière conversation avec Percy.

Une fois au manoir les quatre amis, oui amis était un therme adéquat, échangèrent un regard avant de grimper les escaliers guidant à l'infirmerie. Alors qu'Ama s'apprêtait à ouvrir la porte, cette dernière s'ouvrit à la volée, manquant de peu de casser le nez à Ama. Cette dernière vit sortir Ron d'un pas furieux, il fut suivi par sa sœur qui semblait inquiète.

— Préparez-vous mentalement les gars ! dit-elle avant de poursuivre Ron.

— Rassurant, bougonnèrent les jumeaux avant d'entrer suivit d'Ama et Elyssa qui restaient en retrait.

Une fois dans l'infirmerie Ama pu mieux voir les blessures de Percy, il avait un bandage au bras, un pansement au nez et avait des bleus sur tout le long des bras et même un sur la joue. Il avait dû prendre gros. Percy regarda les deux elfes et leur fit signe d'un mouvement de la tête de venir s'asseoir à côté de son lit. Ce que les deux firent en gardant précautionneusement une certaine distance.

— Alors. QUE FAISIEZ-VOUS AU MINISTERE SURTOUT DANS LA SALLE DES PROPHETIES ?! s'écria-t-il après un long silence malaisant.

Heureusement qu'Ama s'était éloignée de Percy sinon il aurait reçu une gifle comme jamais il n'en avait eu. Dire « merci » était trop compliqué ?

— De rien, nous aussi on est ravi de t'avoir sauvé, bougonna Elyssa avec sarcasme.

Percy n'y prêta pas grande attention et tourna son regard vers ses frères cadets qui serraient assez fort leurs poings pour qu'Ama puisse voir leurs phalanges blanchirent.

— Vous êtes irrécupérables, toujours à aller vous fourrez dans l'interdit !

Fred sembla vouloir répliquer, mais comme par peur de dire une chose qu'il ne fallait pas il ferma les yeux en soupirant pour se calmer à côté de George qui tentait de maitriser l'art du yoga et de la zénitude.

— Ils t'ont sauvé tu ne peux pas juste dire merci ? demanda alors Elyssa.

— Non. S'ils ne vous aidaient pas ça ne serait pas arrivé. Si...

— On peut refaire le monde avec des « si ». Si tout le monde se souciait des autres et personne ne pleurait. Si tout le monde aimait et personne ne mentait. Si tout le monde partageait et avalait sa fierté, nous verrions le jour ou aucune vie ne sera perdue. Tu as vu ? Un seul mot peut refaire un monde, mais non, là ce n'est pas un monde ou tout tourne autour de ta petite personne et du Ministère. Là c'est la dure réalité, des personnes perdent la vie chaque jour, à chaque heure et chaque minute. Mais tu es trop occupé à t'impliquer dans La Gazette du Sorcier et à lécher les bottes de Fudge pour t'en rendre compte, le coupa Ama avec énormément d'amertume.

— Je ne lui lèche pas les bottes ! contra Percy.

Ama l'ignora royalement.

— Tu crois que le plus important c'est d'avoir un poste haut placé dans ton monde ? Ou de garder ses proches en vie ? Je veux bien comprendre que tu veuilles prouver que les Weasley sont capables de grandes choses, mais n'oublie pas qui sont les personnes qui t'ont un jour aimés, reprit-elle comprenant enfin.

Ama comprenait enfin, enfin elle savait pourquoi Percy se comportait comme ça. Il voulait juste montrer qu'il était bien plus qu'un Weasley, qu'il était Percy, il voulait montrer qu'en partant de rien on pouvait arriver au sommet. C'était certes une très belle morale, si seulement Percy contribuait plus à montrer sa bonté d'âme qui, Ama l'espérait, n'était pas perdue ce serait bien mieux.

Lorsqu'Ama sortit de ses pensées elle se rendit compte qu'elle ne lâchait pas Percy du regard et lui non plus, dans ses yeux se mêlaient confusion, tristesse et colère, sans qu'Ama ne parvienne à savoir lequel de ces sentiments était le plus fort au fond de lui.

— Je n'ai pas oublié. Je veux juste qu'on soit fier de moi, avoua Percy dans un soupir.

Cette annonce du faire un choc aux jumeaux, car les deux se laissèrent tomber sur des chaises les yeux grands ouverts.

— FIER ?! Mais tu fais, enfin, faisais partie des fiertés de la famille ! s'exclama George.

— Tu as été préfet ! Même Préfet-En-Chef ! renchérit Fred.

— Ouais, Roquet-En-Chef aurait été plus exact, contra Percy un léger sourire d'amusement aux lèvres.

Ama sourit, comprenant que c'était une farce des jumeaux.

— Tu étais agaçant aussi, marmonna George.

— Je le suis toujours non ? fit Percy en se redressant.

— Un peu, répondirent les jumeaux d'un ton plus léger.

— Tu vois Percy, il suffit seulement de dire la vérité, fit Ama avec un sourire avant de pousser Elyssa dehors pour laisser les frères entre eux.

Les deux filles se regardèrent, un sourire de mélancolie scotché aux lèvres, toutes deux se souvenaient de leur passé avec leurs frères, l'une se souvenait de l'époque où il n'était pas borgne, l'autre se souvenait de celle où il était encore en vie. Les deux amies revinrent sur leurs pas et allèrent s'installer sur le tapis devant la cheminée, Ama en profita pour se soigner et ferma les yeux, laissant ses pensées se libéraient d'un poids.

Maintenant qu'elle avait parlé avec Percy et qu'elle lui avait dit le fond de sa pensée, elle espéra qu'il s'excuserait avec sincérité auprès de ses frères et sœur, mais aussi de ses parents. Elle se souvenait d'Arthur qui avait brisé elle ne savait combien de vases, d'assiettes et de verres lorsque Fol Œil lui avait annoncé son retour au Terrier. Mais, malgré ça, Ama avait toujours espérer intérieurement que Percy se décide à voir ce qu'il se passait de l'autre côté du miroir, qu'il se rende compte du mal qu'il faisait. Cela avait été un espoir enfantin, naïf, mais ce ne fut pas un espoir vain. Et Ama comptait bien continuer d'entretenir cette flamme d'espoir, comme le brasier de la cheminée elle continuerait de brûler. Cette petite flamme d'espoir ne représentait qu'une infime partie du futur Grand Brasier d'espérance qui commençait à brûler en elle.

La Magie du Silence. Tome I : Le début du bruit.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant