Chapitre 6 : Moins une

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Ce jour-là, la mère de Jacob avait fini plus tôt qu'à son habitude. Elle appela Jacob dans la maison, mais il ne répondait pas. Elle eut un mauvais présentement et regarda dans la chambre de son fils. En revenant dans la cuisine, elle vit l'enveloppe posée sur le comptoir où il était seulement écrit : « Maman et Papa ». Elle l'ouvrit d'un geste rapide et déplia la feuille de papier. Un petit paragraphe y était écrit à l'encre bleu, elle reconnut tout de suite l'écriture de son fils. Elle lut :

« Maman, Papa,

je doute que vous compreniez mon geste, mais je crois que j'ai pris la bonne décision. Ne vous inquiétez pas, j'ai bien vue que je ne suis qu'une source de problèmes pour vous. Vous serez mieux sans moi, c'est certain. Je ne suis pas le fils qui vous faut, dont vous rêvez tous les deux. Contrairement à vous, je ne souhaite pas devenir médecin ou avocat et d'avoir une grande carrière constamment sous pression. Je rêve d'un endroit paisible ou je pourrai m'exprimer librement et je crois que bientôt, j'y serai.

Sachez que je garderai un œil sur vous d'en haut,

Jacob »

Sa mère essuya les larmes qui lui coulaient sur les joues, puis elle fit le tour de toutes les pièces en cherchant le corps de son fils. Elle finit par entrer dans le garage. C'est là qu'elle le vit. Jacob se tenait encore sur l'escabeau, la corde au cou qu'il avait accroché à une des poutres du plafond. Il se laissa tomber dans le vide. La corde se raidit sous son poids. Sa mère qui fut d'abord figée à cette vision macabre se mit à courir vers le corps de son fils qui se balançait au bout de la corde. Elle monta à son tour dans l'escabeau et réussi à détacher la corde qu'elle lâcha doucement pour éviter que son fils se frappe durement la tête contre le sol en béton. Elle appela le 9-1-1 en pleine panique. La femme à l'autre pour du fils lui dit de desserrer au plus vite la corde autour de son cou. Ce n'était pas évident, mais elle finit par réussir avec beaucoup d'efforts. Elle ne voulait absolument pas perde son fils, il était tout pour elle, même si elle comprenait qu'elle n'avait pas su bien le démontrer s'il en était venu à cette solution. Elle lui fit un massage cardiaque ainsi que le bouche-à-bouche en attendant l'arrivée des secours. Elle ne pouvait détacher son regard de la marque autour du cou de son fils.

L'ambulance arriva et ils étalèrent Jacob sur une civière pour ensuite l'embarquer dans le véhicule d'urgence. Ils roulèrent jusqu'à l'hôpital le plus proche qui était à environ trente minutes de la maison des Mendoza. Sa mère lui tint la main pendant tout le trajet en lui parlant en philippin. Les ambulanciers lui donnaient de l'oxygène et lui mirent un collier cervical au cas qu'il y aurait quelque chose qui se serait déplacé ou brisé, mais ils étaient plutôt optimistes.

Les médecins de l'hôpital confirmèrent les dires des ambulanciers, le fait qu'elle soit arrivée au moment de la pendaison avait sauver la vie de son fils. Jacob allait bien s'en sortit physiquement, mais il devrait consulter une psychologue plusieurs fois par semaine pour faire un bon suivi de sa santé mentale. La mère de Jacob appela ensuite son mari pour qu'il vienne les rejoindre à l'hôpital. Il arriva une heure plus tard, mais au lieu de se réconforter et de vivre cette dure épreuve ensemble, les deux parents s'accusèrent à tout de rôle d'être responsable de la situation. D'avoir trop été dur avec lui, de ne pas l'avoir assez écouté, de lui mettre trop de pression face à ses résultats scolaires. Le son monta vite dans le corridor qui se trouvait juste à côté de la chambre de Jacob où celui-ci dormait. Ce dernier ouvrit lentement les yeux en se demandant où il était. Sur le coup, il regretta que sa mère l'ait sauvé, surtout lorsqu'il entendait ses parents se disputer sur un sujet où Jacob considérait que les deux avaient une part égale de responsabilités. Il se dit qu'au moins maintenant il le laisserait tranquille niveau carrière future, puisque des médecins et avocats suicidaires, ça ne courait pas les rues. Jacob alluma la télé qu'il avait dans sa chambre d'hôpital et écouta les infos pour se changer les idées.

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