Maïka se recula de Mathieu parce qu'elle avait eu sur le moment ce qui lui semblait être la meilleure idée au monde. Elle voulait vraiment aller se faire tatouer, tout de suite. Elle appela un taxi et demanda qu'on les conduise au salon de tatouage le plus proche. Il commençait à faire noir, mais aucun d'eux ne ressentait la fatigue grâce aux cachets ingérés plus tôt. Maïka était dans un état peu commun, elle ne pensait plus aux conséquences, elle n'utilisait plus son jugement, elle ne le savait pas encore, mais elle vivait un bon épisode de manie.
Arrivés au salon, Maïka ne prit qu'à peine cinq minutes pour décider ce qu'elle allait se faire tatouer à vie. Elle choisit de se faire écrire « Math » en belles lettres cursives, en l'honneur de Mathieu puisqu'elle l'aimait bien. Mathieu lui rappela qu'elle ne pourrait plus revenir en arrière après, qu'elle serait marquée pour toujours, mais elle ne l'écoutait pas. Le tatoueur les trouvait un peu jeunes pour aller se faire tatouer seuls, il leur demanda de sortir, mais Maïka n'eut qu'à lui sortir une ou deux phrases pour le faire changer d'idée : « C'est quoi? Tu ne veux pas me tatouer parce que j'suis noire, han? T'as un problème avec ma couleur? » Le tatoueur qui n'avait pas envie de se refaire traiter de raciste comme il y a quelques années se tut et la fit s'allonger sur sa chaise. Elle choisit de se faire tatouer sur le côté de sa cuisse droite pour qu'il soit bien en évidence. Mathieu ne savait pas quoi faire alors il la laissa vivre son délire pendant qu'il regardait les modèles de tatous qu'il pourrait ajouter à son bras où figurait déjà des étoiles et une grosse rose rouge.
Une fois leur séance tatouage terminée, Maïka n'en avait pas encore assez. Elle décida qu'elle voulait vraiment magasiner, même si elle allait probablement dépenser tout l'argent qu'elle avait gagné lors de sa dernière paie. Elle rappela un taxi et se rendirent aux boutiques le plus proche soit à quelques kilomètres seulement du salon de tatouage. Les magasins fermaient à 21 heures ce jour-là, il lui restait donc une vingtaine de minutes pour assouvir son immédiate envie de nouveaux vêtements. Elle se précipita sur les supports à linge et essaya une trentaine de morceaux. Ils étaient tous plus beaux les uns que les autres et comme elle n'aimait pas faire des choix, elle les prit quasiment tous et se dirigea vers la caisse. La facture monta très rapidement au-dessus de 1000$, mais cela ne semblait pas déranger Maïka. Elle paya avec sa carte débit et sortit du magasin avec le sourire aux lèvres suivie de près par Mathieu qui n'y comprenait rien. « T'as gagné au loto ou quoi? Tu viens de dépenser une vraie fortune pour ces fringues et ça ne te dérange pas? » lui dit-il très intrigué par son comportement étrange. Elle secoua la tête. Elle venait de dépenser la moitié de ce qu'il y avait dans ses comptes de banque et ne semblait pas le réaliser encore. C'était pourtant ses économies qu'elle avait amassées depuis qu'elle travaillait dans un restaurant depuis deux mois environ. Cet argent était censé être utilisé pour payer ses études futures, mais elle venait d'en décider autrement.
Elle décida qu'il était temps de rentrer à la maison, elle rappela donc pour une troisième fois un taxi, ce qui lui avait coûté cher aussi, et déposa Mathieu chez lui en l'étreignant fort. Quand elle se pointa chez elle, ses parents l'attendaient dans le salon. Ils étaient inquiets de savoir dans quel état ils allaient retrouver leur fille cette fois. Ils réalisèrent bien qu'elle avait consommé dès qu'ils la virent. Les parents de Maïka avaient reçu un appel leur demandant si la carte débit de leur fille avait été volée puisque de grosses dépenses inhabituelles étaient survenues au cours de la soirée. Ils voulurent la confronter à ses dépenses astronomiques, mais elle ne s'en souciait guère, elle était encore sur son petit nuage où rien ne pouvait l'atteindre.
Ses parents ne trouvaient pas cela normal du tout. Il est vrai que l'ensemble des jeunes passe par la crise d'adolescence, mais leur fille avait toujours des changements d'humeurs très drastiques et des comportements parfois difficiles à comprendre et à expliquer. Le lendemain, ils appelèrent donc à l'école pour s'informer des services que pourraient obtenir leur fille fournis par l'établissement. C'est ainsi qu'ils entendirent parler de la psychologue de l'école, Mme Annie Picard. Sa mère, ravie de trouver une solution potentielle aux problèmes que vivaient sa fille cédula des rencontres pour pouvoir trouver ce qui clochait chez Maïka.
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Dans nos têtes
Non-FictionAu cours de la lecture de ce roman, vous découvrirez 4 jeunes adolescents de 14 à 16 ans apprenant qu'ils sont atteints de troubles de la santé mentale. Ils feront alors la rencontre de la psychologue de l'école, Mme Annie Picard, qui les aidera à...