Dans nos têtes

Chapitre 7 : Communication

Les exercices de respirations que la psychologue lui avait donnés aida beaucoup Rose à garder le contrôle d'elle-même. Elle inspirait pendant au moins quatre secondes, puis expirait l'air contenu dans ses poumons pendant un autre quatre secondes. Elle répétait l'exercice de cinq à dix fois pour retrouver le clame. C'était donc d'un pas plus calme qu'elle entra dans le bureau d'Annie pour leur deuxième rencontre. Mme Picard l'attendait toujours souriante assis sur sa chaise en cuir. Elle lui demanda comment s'était passé sa semaine et Rose était davantage ouverte à Annie. Elle lui parla de la place très importante qu'avait les études au cœur de sa vie, que ses parents étaient heureux de la voir réussir, mais malheureux quand elle se mettait dans tous ses états lorsque ça n'allait pas.

Annie tenta de ré aborder le sujet du test d'histoire. Elle sentit que Rose avait encore de la difficulté à s'exprimer sur ce sujet, car sa voix tremblait et les larmes revenaient dans ses yeux contre son gré. Rose tenta d'expliquer la montagne d'émotions qui l'avaient subjugué à ce moment-là, mais ce ne fut pas facile. Elle ne voulait pas pleurer, mais son corps n'en faisait qu'à sa tête. Elle avait une boule dans la gorge à cause de l'émotion ce qui rendait la tâche plus difficile. Rose décortiqua chaque émotion ressentie l'amenant à faire une crise d'anxiété.

Tout d'abord, elle avait ressenti une grande déception envers elle-même face à son piètre résultat. Ensuite, était apparue la tristesse puisqu'elle n'avait pas atteint ses objectifs. Elle fut en colère contre elle-même et son professeur de lui avoir donner cette note alors qu'il savait qu'elle avait paniqué lors du test. Elle était même frustrée lorsqu'il lui avait dit de plus étudier la prochaine fois alors qu'elle l'avait fait pendant des heures et des heures. Après, elle trouva la vie tellement injuste, puisqu'elle avait justement plus étudié que tous les élèves de sa classe et elle obtenait comme récompense à ses efforts une note ridiculement basse. Elle s'en est aussi beaucoup voulu de ne pas avoir eu la note espérée et de ne pas réussir comme elle devrait. Il est certain qu'elle fut jalouse de Vincent qui était maintenant le meilleur élève de la classe et non elle.

Annie lui dit que c'était tout à fait normal de ressentir ce mélange d'émotions et que l'important c'était d'apprendre à les contrôler. « Lorsqu'on angoisse, on a tendance à prendre en considération qu'une seule partie de la situation. C'est comme si on agrandissait notre problème avec une loupe, le problème parait alors immense et sans issu. Alors qu'en prenant un pas de recul, on peut avoir une meilleure vue d'ensemble et réaliser que le problème n'est pas si grand que ça. » dit-elle à Rose. Annie avait pour but de lui apprendre à remettre les choses en perspectives, à regarder une situation sous un autre angle au lieu de paniquer tout de suite et penser aux conséquences que cela pourrait avoir.

Rose eut plusieurs autres rencontres avec Annie durant lesquelles elle mit en place des outils pour pouvoir l'aider à gérer son anxiété de performance. Plusieurs applications pour les téléphones cellulaires lui furent utile, soit pour méditer, respirer profondément ou encore l'aider à trouver le sommeil. Les suggestions de la psychologue l'aidèrent à améliorer ces aspects de sa vie. Elle apprit aussi que c'était peut-être le fait d'étudier beaucoup avant un examen et d'être très stressée pendant celui-ci affectait directement sa capacité à retenir des informations. Elle devait apprendre à lâcher prise, à passer à la question suivante, puis de revenir plus tard sur la question qu'elle trouvait difficile. D'ici là, elle pourrait penser à autres choses et il y aurait des chances que l'information qu'elle avait oubliée sous l'effet du stress lui revienne en mémoire.

Lors de leur rencontre, un des sujets d'angoisse de Rose était causé par la comparaison constante qu'elle faisait d'elle-même avec les autres. Elle mettait souvent les gens qu'elle côtoyait sur un pied destale, se sentant alors moins importante et utile. Elle doutait de son apparence, mais elle se comparait à des filles plus vielles qu'elle qui étaient magnifiques, c'était certain que son moral se détériorait ensuite. Elle ne faisait pas de comparaisons vraiment valables puisqu'elle choisissait de se comparer aux meilleurs, aux plus jolis, aux plus talentueux dans tous les domaines, ce qui lui amenait sans cesse une source de commentaires négatifs qu'elle se disait à elle-même.

Suite aux rencontres, la psychologue lui prescrit des cachets en cas d'urgence seulement si elle est incapable de gérer la situation, que l'anxiété est insoutenable. Cela faisait peur à Rose et à la rassurait en même temps. D'une part, elle ne voulait pas dépendre de médicaments pour aller mieux, mais d'une autre part, elle savait qu'elle serait en mesure de gérer une situation de grand stress grâce aux cachets en question. Cela faisait quelque semaine qu'elle y avait accès et elle n'en avait pas encore eu besoin. Rose sentait qu'elle était sur la bonne voie.