Chapitre 8 : Mensonges et inquiétudes

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Mathieu ouvrit les yeux dans un lit d'hôpital de Montréal, son frère était toujours à ses côtés. Cela faisait presque deux jours qu'il y séjournait comme les médecins le gardaient en observation. Ceux-ci étaient plutôt inquiets qu'un jeune de quinze ans ait fait une overdose de fentanyl. Ils étaient agréablement surpris que Mathieu n'ait pratiquement pas eu de dommages au niveau cérébral comme il n'avait pas manquer d'air longtemps. En effet, seul son rythme éveil-sommeil avait été affecté suite à l'incident. Ils avaient par contre peur que Mathieu se sente invincible face aux drogues maintenant et qu'il ne fasse plus attention du tout. Il fallait que Mathieu cesse de consommer sans limite et commence à penser aux conséquences que ses gestes pourraient avoir sur son futur. Ça lui avait presque coûté la vie, il devrait effectuer des changements maintenant. Les médecins avaient appelé le père de Mathieu et de Théo pour l'informer de la situation dans laquelle son jeune fils s'était retrouvé, mais il n'avait pas décroché. Au bout d'une dizaine d'appel, il finit par répondre et Ce qu'ils ignoraient c'est que leur père était un excellent acteur.

Suite à l'appel de l'hôpital, M. Bisson, le père des deux adolescents, semblaient surpris et dévasté par la nouvelle. Il prit la peine de mettre son plus beau costume pour faire croire qu'il venait de quitter son travail important d'homme d'affaire, plutôt que de rester en pantalon de survêtement et d'avouer qu'il vivait sur le bien-être social. Il se dirigea vers l'hôpital en restant calme, contrairement à ce qu'il avait laisser entendre au téléphone. Une fois arrivée, il reprit son air de père dévasté et parla aux médecins. Ceux-ci lui répétèrent les actions qu'ils avaient effectuées pour sauver son fils de l'overdose de fentanyl et qu'il avait eu beaucoup de chance. M. Bisson étreignit même l'un des docteurs en signe de remerciements. Il alla ensuite dans la chambre d'hôpital de son fils où il reposait avec une mine affreuse. Il lui dit que les médecins le laisseraient sortir ce soir et qu'il n'aurait qu'à baragouiner des excuses et faire semblant d'arrêter de consommer lors de ses rencontres maintenant obligatoires avec la psychologue de l'école. Mathieu le regarda sans broncher. Dire qu'il aurait pu mourir cette nuit-là et que son père ne semblait pas s'en soucier le moins du monde. Il aurait mérité un Oscar pour son jeu d'acteur dans le rôle du père aimant, protecteur et inquiet qu'il incarnait devant les médecins. Mathieu avait réellement eu peur de mourir et il s'en voulait de ne pas avoir voulu savoir ce que contenait les jujubes. Il était aussi en colère contre l'ami de Théo, mais il se doutait bien qu'il avait dû lui régler son compte à ce connard. De plus, il devait maintenant participer aux rendez-vous avec la psychologue et il n'avait aucune envie de revoir Annie.

Il ne l'avait pas trouvée méchante ou particulièrement agaçante, il n'aimait juste pas parler de lui-même et encore moins de ses problèmes. Il était même un peu nerveux à l'idée d'avoir des consultations avec elle, puisque la dernière fois qu'il s'était vu, il lui avait affirmé que sa consommation n'était pas un problème et qu'il n'y avait là rien de dangereux puisqu'il s'y connaissait. Pourtant, le soir même il aurait pu mourir d'une overdose. Une pensée se mit alors à prendre de l'ampleur dans son esprit : et s'il avait vraiment un problème? Et si sa famille entière ne faisait que banaliser les risques de la consommation de drogues parce qu'ils en dépendaient tous? Mathieu réalisa qu'il était impossible de s'en sortir dans sa situation avec son frère, son père et même sa mère qui consommaient sans retenue alcool et drogues diverses. L'idée que c'était Annie qui était dans le tort le faisait moins paniquer, c'est donc cette option qu'il choisit de croire.

Les heures avançaient et le soir arriva. Il put finalement avoir son congé et dut écouter de nouveau les conseils et avertissements des médecins une dernière fois. Arrivés è la maison, leur père leur donna une bonne tape dans le dos à tour de rôle en leur disant de faire attention la prochaine fois. Son ton n'était pas du tout colérique ou inquiet, il l'avait dit sur le même ton qu'on utiliserait s'ils se cogneraient quelque part sur un meuble. Il repartit en voiture tout de suite juste après leur avoir demandé s'ils voulaient quelque chose à la SQDC* ou à la SAQ** même s'ils étaient légalement trop jeunes pour consommer les produits vendus par ces établissements.

Quand ils entrèrent, ils virent leur mère encore assoupie sur le sofa une bière à la main. De la bave coulait le long de sa bouche entrouverte, son mascara s'était étalé sous ses yeux jusqu'au haut de ses joues, ses cheveux étaient gras et sals, ses vêtements ou plutôt sa robe de chambre était tâchée de boissons et de sauce à pizza, le tableau n'était pas très beau à voir. Mathieu ne la réveilla pas et se dirigea vers sa chambre où il s'étala sur son lit. Il s'alluma un joint pour se détendre et relaxa pendant environ une demi-heure. Demain, ses rencontres avec Mme Picard commencerait, il se mit à penser aux mensonges qu'il pourrait lui raconter pour qu'elle le laissa tranquille.

Plus tard en soirée, il reçut un message texte d'une fille de l'école. Elle s'appelait Maïka. Ce n'était pas la première fois qu'il se voyait à l'extérieur de l'école, au début ils ne faisaient que se défoncer ensemble, mais au fil du temps ils étaient devenus amis. Elle était au dépanneur du coin et avait besoin d'un petit remontant. Mathieu se leva d'un bond et jeta un œil dans la chambre de son frère. Théo avait du speed qu'il rangeait toujours dans le même tiroir de son bureau. Il prit un sachet de comprimés et les mit dans la poche de sa veste. Il sortit dans la noirceur et se dirigea vers le dépanneur de son quartier.

Il la vit sous le lampadaire près des pompes à essence. Il devait avouer qu'elle était assez jolie. Elle avait une peau couleur ébène, des yeux de la même teinte, des cheveux habituellement bouclés qui étaient maintenant tressés à l'africaine. Elle avait ajouté quelques breloques dorées à ses tresses qui s'agençait à ses boucles d'oreilles et ses chaînes qu'elle portait au cou. Son jeans large tombait sur ses Jordan bleus avec style et son haut blanc lui allait à ravir. Elle semblait se porter bien. Ses humeurs variaient souvent d'une fois à l'autre. Parfois, elle était très renfermée et s'isolait dans ses pensées, mais à d'autres moments, elle ne pensait qu'à s'amuser et se fichait des conséquences, ne pensait qu'à l'instant présent.

Quand elle le repéra, elle lui fit un signe de la main et lui sourit. Ils se mirent à marcher pour aller nulle part et prirent une pilule chacun. Maïka insista quelques minutes plus tard pour en prendre une deuxième et Mathieu lui donna, car il ne pouvait rien lui refuser. Ils se sentirent tellement mieux et aveint l'impression qu'ils pourraient réaliser n'importe quels exploits. Maïka se mit à regarder droit dans les yeux Mathieu. Ils se fixèrent longtemps en souriant et finirent par s'embrasser avec fougue. Il mit une main sur son coup et l'autre à sa taille, il se doutait bien que la drogue avait un rôle à jouer dans leurs rapprochements, mais il ne trouva pas ça moins agréable. Leurs baisers devenaient de plus en plus intenses lorsque Maïka leur mit soudainement fin en reculant et en se mettant à parler de projets étranges.



*Société québécoise du cannabis (L'âge légal pour consommer du cannabis au Québec est de 21 ans)

**Société des alcools du Québec (L'âge légal pour boire de l'alcool au Québec est de 18 ans.)

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